CANSIR CAZABAN

Adishatz,

Que cerqui dempuish ua pausa lo camp semantic (lo mes sancèr qui’s posca) d’aqueste vèrbe misterios qui significa en Astarac "espérer, attendre avec impatience quelque chose de presque inespéré".
Ex. : "Que canseshi de hame, de set." "Que canseishi de minjar ceps" "Que soi cansit de hame". Aqueste verbe que’s pèrd de la memoria deus locutors. E non soi pas solide lo darrèr exemple ensus que sia corrècte.
Se daubuns conéguen aqueste mot, mercia de balhà’n exemples mes.

Grans de sau

  • un lien avec CANSAR = fatiguer ?
    ça prend aussi le sens de "avoir hâte que ça se termine".

  • Et si c’était l’équivalent du français : "je me languis de":je me languis de manger, de soif ... ?
    On retrouverait là peut-être un rapport avec "fatiguer" ? La langueur c’est aussi la fatigue, et se languir de c’est "espérer attendre avec impatience".
    Je dis cela du haut de mon incompétence totale, mais en rapprochant les deux grains de sel .

  • Cansir qu’ei tostemps emplegat a Sent Sever de Rustan (65).
    Que didem : que canseishi ceps ; j’ai envie de cèpes
    A Tria o Rabastens, n’at diden pas.
    Lhèu qu’arriba de concupiscere...

  • Selon Von Wartburg, en fr. dialectal : chancir, chandir “moisir”, + par métaphore “attendre avec impatience” — FEW volume 2 : C Q K page 238, lat. canus (gris, blanc, cf. “chenu”)…
    Mais pourrait aussi bien venir directement du lat. cānesco, “blanchir”, “vieillir” — https://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?p=253
    Donc effectivement, tous les sens que vous mentionnez (espérer, attendre impatiemment, se languir, avoir envie de qqch)… et non lié à cansar (lat. campsare).

  • E véder tanben la seria candeo, candesco en lo medish Gaffiot (p. 252)…

  • Cancir
    Ce qu’on peut dire en première conclusion :

    Cancir = désirer, avoir envie de.
    Que canceish çò deus autes : il désire ce que les autres ont.
    Qu’at èi cancit. J’en ai envie
    Que canceishi los ceps… J’ai envie de cèpes.

    Ce verbe gascon « cansir » est très courant en Rustan mais semble inconnu ailleurs.
    Il n’est présent dans aucun dictionnaire ancien ou moderne du gascon.
    Nous l’avons ajouté dans la deuxième édition (2009) du « dictionnaire français-occitan Atau que’s ditz » pour traduire le mot « désirer ».
    A Saint Sever de Rustan, ce verbe est transitif direct comme le verbe français « désirer ».

    Etymologie.
    Le vieux verbe français « chancir » nous donne peut-être la solution. Ce mot signifie « moisir », « se gâter par la moisissure » : "ce jambon commence à chancir." Le fumier et les racines d’arbre peuvent aussi chancir (lo poirider blanc)…
    Ce verbe viendrait des verbes latins issus de la racine latine can- (idée de blanc) :
    • canus : blanc.
    • candeo/caneo/canio : être blanc ;
    • candico / candesco/canesco : devenir blanc, vieillir.
    La fleur blanche de la moisissure explique ce glissement de sens en français.
    Les dialectes français possèdent pour moisir : chanir, chenorir, chenousir, chamir, chandir, channir (de canire).
    L’ancien occitan avait le verbe « canezir/canuzir » = blanchir

    On peut supposer que le gascon du Rustan a fait évoluer ce vieux verbe inchoatif par ce cheminement de changements de sens :
    Blanchir > moisir > attendre longtemps > attendre impatiemment > désirer.

    Et bien sûr comme dit plus haut, il n’a donc rien à voir dans ses origines avec le verbe languedocien et catalan « cansar » = fatiguer, lasser (latin campso-are, plutôt que quasso-are comme le pensait L. Alibert).


Un gran de sau ?

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