Panneau en languedocien pour un village ... gascon Vincent.P

Panneau en languedocien pour un village ... gascon
Que fait là un panneau en languedocien en plein Bazadais antique (partie annexée au Lot-et-Garonne) à la forte gasconnité qui jusqu’à preuve du contraire vocalise l ?
Les maisons du village sont encore pour moitié vasconnes et le Lizos du panneau doit être un toponyme aquitain.
Deux hypothèses : ou bien un érudit local a retrouvé une forme médiévale, ou bien il s’agit du zèle d’un occitaniste local, auquel cas, sus à l’occitanisme.
Vincent.P


Que fait là un panneau en languedocien en plein Bazadais antique (partie annexée au Lot-et-Garonne) à la forte gasconnité qui jusqu’à preuve du contraire vocalise l ?
Les maisons du village sont encore pour moitié vasconnes et le Lizos du panneau doit être un toponyme aquitain.
Deux hypothèses : ou bien un érudit local a retrouvé une forme médiévale, ou bien il s’agit du zèle d’un occitaniste local, auquel cas, sus à l’occitanisme.

Grans de sau

  • Hélas, le fait que le village soit dans le département du Lot-et-Garonne me ferait pencher pour la seconde hypothèse :
    Le courant occitaniste départemental, s’appuyant sur le fait que le languedocien est légèrement majoritaire sur le gascon dans le département, a tendance à imposer subrepticement le languedocien (en le nommant "occitan" sans précision, bien sûr) dans la partie gasconne.
    Il n’y a qu’à voir la place du languedocien dans la page "occitane" de la revue du Conseil Général de Lot-et-Garonne : environ 99% !

    L’effet de ce "Salvador" sur les locuteurs natifs de base (qui ont souvent plus de 70 ans...) doit être désastreux : ils ne voient sans doute pas le rapport avec le "Saoubadou" qu’ils pourraient reconnaitre, lui.

    Même "Sauvador" (donc la version gasconne, mais en graphie occitane alibertine) serait difficilement reconnaissable par eux.
    Pour un panneau qui voudrait être reconnu de nos locuteurs natifs, il faudrait une graphie de compromis, quelque chose comme "Sent Saoubadour daou Lizòs", en mettant si possible le "r" final de Saoubadour en plus petit, comme je le vis jadis pour "MAr e PINHADAr" à Anglet.

    "Lizos" sonne bien aquitain, et on peut imaginer que le "l" est l’article finalement confondu avec le nom comme "l’Eyre-la Leyre". Alors, on pourrait faire le rapprochement avec "Yzosse", commune près de Dax. Mais il faudrait connaître l’aquitain...

  • Le Lisos est le nom de la rivière qui traverse Saint-Sauveur et qui se jette dans la Garonne à Hure.
    En Béarn on trouve le ruisseau "Le Lizo". On trouve le village de Lizos dans les coteaux de Bigorre, une maison Lizos en Magnoac et la Fontaine de Lizos à 1400 mètres d’altitude dans le Lavedan à Vier-Bordes.

    Je pense moi aussi à une mécoupure et je verrais bien des composés du basque ihitz (=jonchaie) :

    ihi(t)z + oz

    Le nombre de ruisseaux appelés Junca et autres variantes est un indice supplémentaire.
    Au Pays-Basque, on trouve le ruisseau Ihixart (=entre les ajoncs) qui doit donner également les Icharts du Comminges.

    Seul défaut à cette théorie : on aurait plutôt Ichos/Lichos non ?
    Cependant, les attestations anciennes d’Yzosse montrent une hésitation (Usshos).

  • Je suis à peine surpris...

  • Pour revenir à l’alternative posée par Vincent.P (choix d’un érudit ou décision occitaniste de languedocianisation), il se peut que ce soit un mélange des deux : les texte médiévaux gascons rendent très peu compte de la différence gasconne. C’est frappant par exemple avec la "costuma" de Condom, que j’ai ressentie comme du languedocien.
    Les scribes méprisaient-ils la langue du peuple, trop éloignée du latin ? En tout cas, ils ne cherchaient pas du tout à rendre les traits gascons comme le "l" vocalisé.
    On peut donc imaginer que "Sent-Salvador del Lizos" figure dans un texte ancien, et que les occitanistes pro-languedociens aient été trop contents de l’aubaine...
    La question se pose alors de la signification du panneau additionnel : veut -on coller aux textes médiévaux ou à la langue populaire ?
    Si on veut coller à la langue populaire d’avant la francisation, il faut choisir des formes gasconnes.

  • Bingo.

    books.google.fr

    C’est quand même le degré zéro de la proposition linguistique. A noter au passage que le gentilé des habitants de Saint-Sauveur est "salvatorien". On retrouve ce goût pédant si français pour les étymologies précieuses.
    Cela sent son XIXème siècle attardé (c’est du même genre que la course aux logos et blasons des collectivités territoriales).

    Maintenant, les occitanistes ne savent même pas appliquer leur code graphique : z ne se justifie nullement dans Lizòs.

  • Ben... le Gascon est une forme d’Occitan, non ? Le panneau me parait indiqué...

  • Justement, non. Occitan est un mot pratique pour "domaine linguistique gallo-roman méridional".
    Sans même entrer dans le débat quant à savoir si le gascon est bien du gallo-roman méridional, il est impossible de dire que le gascon serait une "forme" d’occitan, au sens où il serait une évolution d’un mythique occitan central dialectisé.
    Non. Le domaine linguistique du Sud de la France est un vaste continuum linguistique fait de micro-univers linguistiques que l’on peut regrouper tendanciellement en vastes zones.
    Dans la définition de cette "tendance", la vocalisation de l est définitoire d’un vaste ensemble gascon.
    Ainsi, "Salvador" comme "del" ne sont pas des archaïsmes, ce sont des barbarismes.


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs