Profondeur historique contre superficialité marketing

- Tederic Merger

Bon, je me dévoue pour évoquer les noms ridicules choisis, ou finalistes, pour des "nouvelles régions" :
 "Hauts de France" pour l’une (qui est en fait picarde aux 3/4 selon le critère lingüistique) ; quelque chose comme "Nord-Picardie" ou - mieux - "Flandres-Picardie" aurait suffi.
 au choix "Acalie", "Rhin-Champagne", "Nouvelle Austrasie", pour l’ensemble Alsace-Lorraine-Champagne*...

Sur le forum de cet article du "Monde", je trouve l’échange suivant, pas grand chose à rajouter :

Intervenant 1 :
« En consultant une carte des régions d’Europe, je me rend compte à quel point les élus et politiciens ont depuis des années un goût immodéré pour les noms artificiels (noms marketing) comme pour le choix d’un nouveau modèle de voiture : Mégane, Vel Satis, ....etc Ce n’est pas le cas de quasiment tous nos voisins. »

Réponse de Intervenant 2 :
« A concept artificiel, nom artificiel... Chez nos voisins, les régions ont une histoire, un territoire, une vraie raison d’être. Allez dire aux Suisses que leurs cantons sont trop petits pour être efficaces... »

* D’après un avis qui m’a semblé sérieux, le département des Ardennes est en fait historiquement champenois, donc "Ardennes" est superflu dans le nom "Champagne-Ardennes" ; or c’est le A de Ardennes qui donne le deuxième a de "Acalie"...

Grans de sau

  • Du point de vue acoustique, "Hauts de France" m’évoque plutot quelque chose comme les "waterschappen" des Pays-Bas ...
    Mais ce qui m´étonne vraiment, c’est qu´on fait maintenant des sondages pour déterminer les noms des nouvelles régions, qui ont pourtant été créées sans prendre en considération l’opinion populaire. Tout cela équivaut à une opération de trompe-l’oeil.

  • "Observateur" pense à une opération de trompe-l’oeil. A la place de trompe-l’oeil j’utiliserais plutôt le terme de trompe-couillon(s). Ceux et celles qui sont aux manettes n’ont donc pas autre chose à faire de plus urgent et de plus utile que ce genre de sondages burlesque qui a pour résultat d’affubler les nouvelles régions de pareilles incongruités ? S’il y a des "Hauts", c’est qu’il y a forcément des "Bas". Où sont donc les Bas-de-France ? A moins que "bas" ne fasse partie des innombrables gros mots décrétés comme tels par nos têtes pensantes... Bientôt on va faire des sondages dans les maternelles (pardon, "premières écoles" en langue de bois "pc", cf. Sandrine Mazetier, député PS de Paris) si ça continue.

  • Haut-le-coeur.

    "Le Nord", beau nom, mais c’est la Flandre du Sud !, Zuid-Vlaanderen.
    Plus Artois, Hainaut et Basse-Picardie.
    La France c’est un ancien pagus au N-O de Paris.
    En cherchant bien, ça ne m’étonnerait pas qu’on trouve des hauts et des bas de France, et au pluriel l’expression "[faire la moisson| dans les France". Jadis.

    Ardenne est le nom d’un terroir issu de la Basse-Lotharingie qui s’est partiellement retrouvé inclus dans la très composite Champagne. Le département a été formé d’anciennes terres princières, de terres d’Empire, etc.

    Très bon et amusant commentaire d’Eric Zemmour, pour sa première partie, mais dont la deuxième (éloge de l’unification culturelle au nom de valeurs "républicaines") contredit la première :

    https://www.youtube.com/watch?v=tBV4M0X_gNU

    L’uniformisation du territoire est acquise, les élites régionales se partagent le fromage, une nouvelle diversification se met en place suivant plusieurs critères, créant un territoire fait de juxtapositions sociales, ethno-culturelles (mais pas celles des peuples autochtones, qui doivent, eux, disparaître), avec des zones refuges (Ch. Guilluy), des agglomérations sectorisées, des zones agricoles intensives, des zones gardiennées, de la zone et des ghettos, etc.

    Un peu ce que sont devenus les Etats-Unis, moins l’espace et le rejet de l’Etat central. La sclérose, les affaires, et l’acculturation maximale pour des citoyens désormais sans cité.

    En son temps Turgot constatait la sclérose des institutions : « Composés d’ordres dont les prétentions sont très diverses et les intérêts très séparés les uns des autres et de celui de la nation, les États provinciaux sont loin d’opérer tout le bien qui serait à désirer pour les provinces à l’administration desquelles ils ont part. » À la veille de la Révolution les revendications portaient sur la création d’un type nouveau d’assemblées fondé sur l’élection des représentants des ordres. La création des départements, qui avait l’avantage de casser toute circonscription qui eût pu faire de l’ombre à l’État central, vit le transfert du pouvoir législatif à de nouvelles élites provinciales républicaines – rapidement purgées des éléments non conformes au nouveau cours politique –, qui représentaient une faible part de la population urbaine et ne travaillaient plus désormais qu’en faveur du Centre parisien. L’uniformisation territoriale était enfin acquise et administrativement renforcée.

    L’idéologie dont s’est dotée la France a tourné le dos à la notion d’une coordination possible de complémentaires pour choisir la voie de l’anéantissement administratif, entraînant dans son déclin les peuples qui n’ont pas eu l’occasion de lui échapper à temps. Il ne semble pas qu’elle soit en passe de changer de conception fondamentale. C’est trop tard.

  • Je ne sais pas si il faut se précipiter pour chercher si Alcalie convient mieux qu’Austrasie car sur le site de la commune de Besançon je viens de lire ceci :

    Suite à la plainte que le Mouvement Franche-Comté, la Fédération démocratique alsacienne et les Alsaciens réunis lui avaient adressée début 2015, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe a confirmé, ce mardi 22 mars, par un vote quasi unanime de 98.62 % des voix, représentant 46 des 47 Etats membres, la violation par le gouvernement français de la "Charte européenne de l’autonomie locale" à l’occasion des fusions de régions en raison de l’ absence de la consultation préalable des populations (art. 5 de la Charte)
    "C’est là un désaveu européen cinglant non seulement pour le gouvernement français mais aussi pour le Conseil d’Etat, instance juridique suprême qui avait jugé, le 27 octobre 2015, notre requête infondée" indique Jean-Philippe Allenbach, président du Mouvement Franche-Comté. "Aucune loi française ne pouvant enfreindre un trait international, c’est du coup tout le volet fusions de régions de la loi de réforme territoriale française qui se retrouve aujourd’hui invalidé par l’Europe", ajoute-t-il.
    le Mouvement Franche-Comté, la Fédération démocratique alsacienne et les Alsaciens réunis demandent donc au gouvernement français, "au nom du bon respect par la France de sa parole et de sa signature, de bien vouloir faire désormais ratifier les fusions de régions par référendum auprès des populations concernées, et ce, dans un délai de 3 mois."
    La Franche -Comté n’a pas l’air si enthousiaste depuis quelque temps d’être accouplée à la Bourgogne, alors que au départ ils étaient parmi les plus actifs ...

  • La résolution du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, c’est une "recommandation", qui n’oblige pourtant pas ....

    voir :
    https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?p=&Ref=20160322-news-france&Language=lanFrench&Ver=original&Site=COE&direct=true

    "La démocratie locale et régionale en France

    Strasbourg, le 22 mars 2016 - Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe a adopté, le 22 mars 2016, une recommandation sur l’état de la démocratie locale et régionale en France suite à une visite de monitoring effectuée en mai 2015 à Paris, Reims, Ay-Champagne et Châlons-en-Champagne. Il s’agit du premier rapport de monitoring depuis la ratification de la Charte européenne de l’autonomie locale par la France en 2007.

    Les rapporteurs Jos Wienen (Pays-Bas, EPP/CCE) et Gudrun Mosler-Törnström (Autriche, SOC) ont souligné les progrès réalisés dans le processus de décentralisation en France, en particulier, en matière de coopération entre collectivités territoriales et de coopération transfrontalière. Ils ont également noté, avec satisfaction, une plus grande autonomie financière de ces collectivités grâce à une part croissante des ressources propres dans leur budget.

    Toutefois, dans la recommandation adoptée, le Congrès exprime son inquiétude, en particulier, concernant les procédures d’adoption de la loi n° 2015-29 du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral, en ce que les régions n’ont pas été consultées préalablement de manière effective. Le Congrès invite les autorités à revoir le processus de consultation des représentants directs des collectivités locales et régionales pour toutes les décisions les concernant (article 4), et notamment celles ayant trait à leurs frontières territoriales (article 5).

    Il recommande aussi de revoir le système de péréquation afin de le rendre plus équitable, de décentraliser à nouveau les décisions relatives aux assiettes d’impositions locales et de clarifier les provenances des ressources financières des collectivités locales. Enfin, le Congrès appelle les autorités françaises à clarifier la répartition des compétences entre les différents niveaux d’autorités locales pour éviter tout chevauchement, et à poursuivre l’augmentation de la part des ressources propres dans le budget des collectivités locales."


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