Le peuplement ancien du Pays de Born

- Halip Lartiga

Le peuplement ancien du Pays de Born
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Grans de sau

  • A propos des limites de l’ancienne cité des Boïates : il semblerait que l’identification de Salles à Salomagus ne soit pas certaine.

    Je me permets de citer Hervé Barrouquère. J’ajoute que l’évolution normale de Salomagus aurait été quelque chose comme Saloun/Saloum en gascon, probablement resté à Salom dans une forme écrite stable. Cf Condom, du celte Condatomagus.

    http://www.archeolandes.com/forum/viewtopic.php?id=255

    Il est vrai que pendant des générations, la plupart des érudits ont assimilé la station antique de Salomagum ou Salomacum mentionnée dans l’Itinéraire d’Antonin (vers 360-365 ap JC) à la ville actuelle de Salles simplement pour deux raisons :
    Salomagum est au sud de Burdigala/Bordeaux
    les deux toponymes ont la même consonance au début
    C’est très maigre, d’autant que dans la microtoponymie (les lieux-dits), on se rend vite compte que "Salles" ou "Salle" n’est pas rare.
    La linguiste Bénedicte Boyrie-Fénié précise dans la réédition de son ouvrage Toponymie gasconne qu’il s’agit d’un

    toponyme médiéval d’origine francique.

    Michel Morvan, autre éminent linguiste, précise les choses dans Noms de lieux du Pays Basque et de Gascogne en affirmant que

    ce terme d’origine germanique (sala) signifie "maison noble, résidence seigneuriale". Il est très bien représenté en Aquitaine (...)

    Cet auteur évoque néanmoins le doute concernant le Salles girondin à cause de l’assimilation habituelle avec Salomacum. Mais au regard de la liste des autres Salles, le doute n’est plus permis, d’autant que l’histoire s’en mêle.
    L’historien antiquisant Jean-Pierre Bost, spécialiste de l’Aquitaine romaine (notamment de la question de axes de circulation), écrit dans un article récent de la Société de Borda (En marge du pélerinage de Compostelle : la route et les héros de Roncevaux. 2e trimestre 2007, n°486) :

    pour d’évidentes raisons philologiques, il est clair que Salomagus, toponyme gallo-latin, ne peut pas avoir donné Salles qui, même ancien, n’en est pas moins roman. La "clairière aux saules" ou le "marché du sel" qui était une étape de l’Itinéraire se trouve donc ailleurs.

    Il donne ensuite deux localisations possibles, au sud de Belin, bien plus cohérentes quand on voit l’ensemble du tracé supposé : si la voie passait par Salles, elle obliquerait de manière absurde vers l’ouest, rallongeant d’une part le trajet et la rapprochant sans raison de la voie côtière d’autre part (qui passe, rappelons-le par Lamothe-Biganos). D’un point à un autre, les antiques allaient généralement au plus rapide.

    En tout cas, cet exemple montre à quel point les universitaires sont prêts à évoluer dans leurs raisonnements, contrairement à ce que certains voudraient faire croire. En effet, B. Boyrie-Fénié ou J.-P. Bost avaient par le passé repris à leur compte le raccourci toponymique Salomagum=Salles. Ils ont aujourd’hui changé d’optique après avoir poussé plus loin la réflexion : un bel exemple d’intégrité scientifique.

  • Bonjour Vincent,

    Oui, ta remarque est très juste et je le dis d’ailleurs à la page 3. On pense actuellement que Salles n’est pas Salomagus, pour les raisons que tu cites. La station correspondant à ce lieu serait plutôt vers Belin, à Mons, lieu de franchissement de la Leyre et tracé de l’ancienne nationale 10 vers le Sud. Donc, la voie sortirait de Bordeaux par Talence-Compostelle, Gradignan-Cayac, puis suivrait le tracé de l’ancienne N10 par La House, Jauge, Le Puch, Le Barp, Lavignolle, Beliet, Belin, Le Muret, Liposthey, Labouheyre, Cap de Pin. Ensuite, Laharie ou Sindères ? Lesperon ? Où était Cocosa ? Si l’on se fie aux distances en milles romains, c’est Sindères. D’autres disent Morcenx. Saurat-on un jour ? Pour la voie du littoral, dite "Camin Arriau", elle a été parfaitement repérée, notamment par René Lalanne de Biscarrosse et Barrau, je crois, de Mimizan. Elle est encore visible à l’oeil nu, averti certes, dans la forêt communale entre Sanguinet et Biscarrosse. Je l’ai personnellement vue avec René Lalanne, on distingue la levée et aussi la végétation spécifique. Le lieu s’appelle d’ailleurs, dans la microtoponymie locale, Camin Arriaou.
    J’ai modifié la carte et tracé une alternative entre Le Barp et Liposthey en passant par Belin.
    En fait, pour notre contrée, on n"est certain que de Boios et Losa, un peu moins pour Tellonum (Liposthey, Saugnacq) Segosa (Saint-Paul, Aureillhan, Mimizan. On a même pensé à Parentis où il y a un lieu dit Séouze), encore moins pour Mosconnum et Cocosa. Pas de preuves archéologiques formelles. Tu as aussi raison de dire que les universitaires ne sont plus arrêtés sur des théories immuables et acceptent de réviser leurs opinions au fur et à mesure des hypothèses et découvertes nouvelles. C’est cela que d’être un scientifique digne de ce nom.
    Bon dimanche.

    P.Lartigue

  • A propos de Segosa : il est vrai que Séouze est une évolution tout à fait envisageable pour Segosa, avec chute du -g- intervocalique.

    La toponymie peut aider à retrouver tous ces anciens lieux-dits. Tellonum, si -ll- est étymologique, il faut chercher quelque chose comme Teron. Et donc pour Salomagus, Salon/Salom.

    Remarquons que Tellonum et Segosa ont toutes les apparences de toponymes celtes d’un point de vue des racines linguistiques. La pénétration celte a été assez importante dans les Landes : au Sud d’Arengosse (toponyme euskarien indubitable), l’on trouve le quartier de Bezaudun, toponyme celte qui ne porte à aucune discussion.

    Voir : "L’occupation antique de Bezaudun".

  • Bonjour Vincent,

    Pour Segosa>Séouze. C’est possible à condition d’avoir eu une prononciation SEgosa (SEgosse ?), avec accentuation sur la première syllabe, puisque SE(g)ouze est une diphtongue descendante et cette évolution n’aurait pas été possible avec SeGOsa, accentué sur la seconde syllabe, puisqu’on aurait eu Ségos, sans disparition du G, comme celui du Gers. Y a-t-il un rapport d’ailleurs entre les deux toponymes ? Il y a également un autre microtoponyme Séouze à Belin. Donc, assimiler l’actuel Séouze à Segosa reste sujet à caution.
    Donc : SEgosa (prononcé SEgossa (SEgosse ?) et pas Segouze)>SEosse>SEouze (Vraiment difficile et tiré par les cheveux du point de vue de la phonétique diachronique. Bien que Losa, prononcé Lossa (Losse ?), semble avoir donné Louse et pas Losse. Mais peut-on identifier Louse à Losa ?). Losa et Losse sont-ils comparables ? Quid de Laousse (en trois syllabes et pas diphtongue), Lousse ?
    Ou bien SeGOSa >SeGOsse>SeGOS (et pas SéGOUS). Ce qui aurait à abouti SeGOS ou SeGOSSe en Pays de Born, si le toponyme avait survécu.
    Quid du Ségos du Gers, du patronyme Séosse ?
    Le Ségos du Gers serait donc aussi un établissement celte ? Pour ce qui est des Celtes, d’ailleurs, Jean-Pierre Bost pense (de poins en moins) que les Aquitains étaient largement celtisés et que la Novempopulanie était peuplée par bon nombre de celtes aquitanisés. Pour lui, la plupart des peuples aquitains sont en fait des Celtes plus ou moins aquitanisés. C’est dans la droite ligne du "Nos ancêtres les Gaulois (celtes)" si cher à l’Histoire officielle et non moins mythologique française. Je n’adhère pas, tout comme je n’aurais pas adhéré aux hypothèses grecques Arès, Le Pyla, anglaises Hossegor = Horse Guard, Soustons = South Town, et tout comme je n’adhère pas aux hypothèses vikings (Pays de Born = Pays de Bjorn etc...). Qu’il y ait eu des établissements proprement celtes est une autre histoire difficilement contestable. Mais un raz de marée celtique qui submerge les Aquitains et les transforme en Gaulois de type Astérix...
    De plus, la majeure partie du mobilier retrouvé à Sanguinet, du site de Losa à celui de Matocq en passant par la Forêt, Put Blanc et l’Estey du large, n’est pas identifiable au monde celtique, dans l’état actuel de la connaissance, contrairement à ce qui a été retrouvé à Boios par Peyneau et qu’on peut voir, pour partie, au petit musée de l’Aquarium d’Arcachon. Pas de champs d’urnes non plus à Sanguinet, signes d’occupation celtique, malgré une présence humaine avérée depuis l’Âge du Bronze (site de Matocq) et trente six ans de fouilles (la première campagne ayant eu lieu en 1978) contrairement à Salles, Mios ou Balanos (Le Teich). Mais on en découvrira peut-être un jour. Pour le moment ce n’est pas le cas et ce sont donnée scientifique tangible. Donc, pour le moment, pas de Celtes à Losa ni à Segosa mais une présence, ou au moins une influence en Pays de Buch.
    Bref, rien n’est simple, comme d’habitude.

    Bon dimanche.

    P.Lartigue

  • Oubli.

    Je vous invite donc, Vincent et les autres Gasconhautes, à venir visiter le musée de Sanguinet qui est désormais sous la responsabilité d’une archéologue de profession.

    Je peux vous cornaquer pour obtenir une visite privée.

    P.Lartigue


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