La gasconnité d’après les données de l’atlas lingüistique de la Gascogne (A.L.G.)

- Tederic Merger

Carte du degré de gasconnité linguistique

Un degré de gasconnité est calculé pour une liste de localités.
Aragnouet et Barrancouéu (département des Hautes-Pyrénées) sortent premiers, avec un degré de gasconnité de 100% !
Le coeur de Gascogne n’est pas exactement où on aurait pu le penser...

P.-S.

Le présent article, qui était à l’origine un simple ligam vers l’article d’origine, n’est conservé que pour son fil de discussion. Il serait compliqué de fusionner les deux fils de discussion. Se reporter à l’article d’origine !
La gasconnité d’après les données de l’atlas lingüistique de la Gascogne (A.L.G.)

Grans de sau

  • Pour rassurer les infortunés ressortissants des zones périphériques les plus claires, celles entre 50 et 69% de gasconité :
    Un coeur sincèrement gascon en fait des Gascons à 100% ; et des coeurs gascons, il y en a à sept mille kilomètres, à dix-mille kilomètres d’Aragnouet ou de Sainte-Anne. Ils ne parlent plus gascon. Ils ne parlent même plus français.

    Réponse de Gasconha.com :
    Bien sûr ! un ressortissant d’une zone à gasconité faible a autant de valeur qu’un habitant d’Aragnouet et Barrancouéu.
    Cette étude du degré de gasconité a pour but de comprendre notre histoire, pas de hiérarchiser les hommes selon leurs origines.

    Cependant, si un ressortissant d’Aragnouet passe par ici, on peut lui dire que le hasard a fait de lui l’héritier de traits culturels ou lingüistiques résiduels et devenus rares. Un peu comme pour les basques, ou les indiens d’Amérique !
    Mais il peut arriver que les héritages soient gaspillés ou réduits à néant, ou qu’on ne trouve plus d’héritier, et que l’héritage soit transmis à une communauté plus large...
    [Tederic]


  • En 769 (ou à peu de chose près) Charlemagne confirme au duc Loup II le gouvernement du duché de Gascogne.
    Ce duché correspondait à l’ensemble de la Novempopulanie.
    Au sein de ce duché, les historiens reconnaissent un comté dit "comté particulier des gascons". Ce comté comprenait, d’après de Marca, le Béarn, Oloron, Acqs,Aire, et Labour ou Bayonne.
    Sa comparaison, 1239 ans après, avec ce qui en a survêcu dans la carte de la gasconnité ne manque pas d’intérêt.
    Amistats.

  • Je trouve ce classement plutôt stupide et de nature à blesser ceux qui combattent pour rendre à la Gascogne sa véritable dimension linguistique, historique et culturelle.
    Il n’y a pas une mais des Gascogne.
    Le Cap-Ferret et Rabastens-de-Bigorre, sont deux extrêmes, deux vrais visages de la Gascogne, pleinement gascons l’un comme l’autre AU MÊME POURCENTAGE !
    Quelle stupidité que ce classement aux relents eugénistes, pour ne pas dire bien pire.
    On vam atau ? Quina Gasconha volem har ?
    Si les données utilisées pour cette peguessa sont celles de l’Atlas Linguistique de Séguy, je tiens en outre à souligner qu’il est lardement dépassé, erroné et approximatif.
    Une étude sérieuse sur le terrain le contredit bien souvent.
    N’entrons pas dans ce genre de débats stupides (soi mei gascon que tu !) ou nous serons nombreux à nous en aller pour ne plus revenir.

    Réponse de Gasconha.com :
    Plusieurs réactions comme la tienne, David, montrent que cette présentation peut être mal interprétée.
    Elle comporte en effet le danger de hiérarchiser les individus selon le degré de gasconité de leur parçan.

    Il faut voir dans ce degré de gasconité une information lingüistique et historique.
    Il n’est pas scandaleux, par exemple, de dire que Sent-Lis a un parler plus gascon que celui de Toulouse et moins gascon que celui de Lannemezan ou de Peyrehorade. (voir L’OCCITAN GASCON TOLOSAN DE SENT LIS).
    Ce n’est pas scandaleux de le dire, et c’est très intéressant, parce que ça dit quelque chose sur l’histoire de Sent-Lis.

    Quant on bâtit la Gascogne sur le critère lingüistique, et c’est le choix que je fais pour Gasconha.com, on ne peut pas ignorer les isoglosses, et donc les degrés de gasconité.
    On peut bien sûr contester le tracé des isoglosses, c’est une autre question.

    De plus, un gascon n’étant en rien supérieur à un non-gascon ("gasconité de 0% !"), quelqu’un qui vient d’un parçan à "gasconité de 80%" n’est pas supérieur à quelqu’un qui vient d’un d’un parçan à "gasconité de 20%".

    Que la carte de la gasconité puisse être interprétée dans un sens raciste doit nous inciter à la prudence, mais ne peut pas nous empêcher d’étudier et de dire l’histoire de la Gascogne et de sa langue.

    [Tederic]


  • Continuons !
    Continuons à proner cette vision normée et réductrice de la Gascogne !
    Quelle ignorance ! Quel mépris du merveilleux et si particulier parler médoquin ou des passionnants isoglosses du Libournais ou du Cubzagais (mêlés d’influences françaises, languedociennes et limousines).
    Quelle richesse pour le gascon, et quelle misère que cet apartheid de la gasconnité pure !
    VERGONHA !
    VERGONHA !
    VERGONHA !

    Réponse de Gasconha.com :
    Dire que le medoquin est moins gascon que l’armagnacais ou le bigourdan n’est pas offenser le Médoc.
    C’est le résultat d’une analyse lingüistique solide, à partir d’une liste de traits caractéristiques du gascon clairement identifiés par les lingüistes.
    Tout parler humain est d’égale valeur. Et tout parler est le résultat d’un mélange, même le basque !
    [Tederic]

  • C’est à dire que le Médoc a toujours été à la jonction de sphères d’influence diverses, notamment via un tropisme septentrional qui préexiste à l’oïlisation de la Saintonge, autrefois limousine, ce qui explique les caractéristiques du parler médoquin.
    Bec comparait le Médoc à l’ensemble Comminges-Couserans, ce dernier dans l’orbite languedocienne.
    La toponymie en Médoc y est également plus celte qu’ailleurs.
    Maintenant, par bien des traits, le médoquin s’inscrit dans l’ouest-gascon qui, opposé à l’est-gascon, peut constituer également une vision pertinente de l’espace ethno-linguistique gascon.

  • La colerassa qu’ei passada, quitament que l’opposicion, non !
    Je maintiens que ce classement est maladroit, car il catégorise des pays définis par leurs parlers et que derrière les pays et les parlers, il y a les gens.
    Pour moi, on est de là où on a fait quelque chose ! La devise d’Entau Pais, "Que seram çò que bastiram" ne dit pas autre-chose.
    Elle est ma devise. Un Gascon est peut-être davantage quelqu’un qui se bat pour la Gascogne, qui est fier et heureux d’en être, fût-il né à Hanoï.
    Un natif d’Arragnouet ou de Mirande qui a peur et honte d’être gascon l’est moins que celui qui se bat dans des coins difficiles comme le nord-Gironde ou Bordeaux rive droite.
    Permettez-moi de citer Alain Rault, de Libourne. D’origine poitevine, cet irréductible danseur et fédérateur d’actions et d’idées se boulègue depuis des années pour réveiller la gasconnité endormie d’un canton pourtant très désoccitanisé.
    Et il y arrive : bals trad, cours pour adultes, ateliers...
    Vaqui un Gascon deus beths !
    C’est ça, pour moi, être de quelque-part !
    Et Libourne étant en Gascogne, peut-être à moins de 50%, mais Gascogne tout de même, comment ose-t-on dire à la face de ce Monsieur que son coin a moitié moins le droit de se dire gascon que Rabastens-de-Bigorre !

    Réponse de Gasconha.com :
    Content de véser la colerassa apatzà’s chic a chic...
    Je le répète, l’étude sur le degré de gasconité concerne l’histoire de la Gascogne : les zones où ce degré est faible sont celles qui ont été moins longtemps partie de la Gascogne, ou qui ont subi une influence extra-gasconne (Toulouse...).
    Maintenant, il y a aussi (en tout cas, c’est le but de Gasconha.com) une Gascogne de projet, et là, les isoglosses du gascon n’ont plus une si grande importance, surtout que maintenant on parle surtout français, qu’on soit à Aragnouet ou à Libourne !
    [Tederic]

  • Pour répondre à ta dernière réaction, Tédéric, NON LE MEDOQUIN N’EST PAS MOINS GASCON QUE LE BIGOURDAN, IL EST GASCON AUTREMENT !

  • Le tropisme paléo-occitan en provenance des pays poitevins-saintongeais en un temps où ceux-ci étaient effectivement compris dans l’espace occitan est fortement combattu par plusieurs spécialistes du médoquin, dont Alain Viaut, qui n’est pas des moindres !
    J’avais moi aussi cru constater des éléments qui me semblaient trahir une influence nord-occitane dans le parler du nord du Médoc (comme par exemple le son [dz] pou [j]).
    Mais il semble que ce phénomène ne porte pas sur les mêmes mots que les parlers nord-occitans.
    Pour ce que j’en ai étudié, le parler du Bas-Médoc se rattache davantage à un ensemble ouest-gascon (type "landais") que le Bordelais stricto-sensu, par exemple.
    J’ajoute que pour avoir pas mal lu de documents rédigés dans différents parlers gascons hyper-septentrionaux (libournais, cubzagais, sud-blayais, loubésien), ils présentent aussi des caractéristiques rappelant le nord-occitan et particulièrement le limousin.
    En revanche, le degré de francisation de ces parlers frontaliers semble étonnament faible. Ils sont très "occitans".

  • Los isoglòssis que deven conservar ua importança, totun. Que son la richessa de la lenga.

  • En quoi les isoglosses du gascon peuvent peser sur la "Gasconha de doman" ?
    Question qui fera rire par son ésotérisme le gascon de base, et pourtant, débat théorique fondamental.

  • Bonjour David,

    Que vous soyez en désaccord avec l’ALG est votre droit le plus strict et il ne tient qu’à vous de faire une contre enquête pour prouver que ce dernier n’est qu’un tissus d’inepties. Par contre, il faut un peu vous calmer.

  • Toute présence de trait gascon est le témoignage d’un passé gascon puisque le sens de l’Histoire est allé vers la languedocianisation constante.

  • D’ailleurs, le languedocien n’existe pas : il n’est toujours défini que par opposition à des parlers bien définis. Le fuxéen et le quercinois n’ont pas vraiment grand chose à voir.
    La gasconnité d’après les données de l’atlas lingüistique de la Gascogne (A.L.G.)

    Réponse de Gasconha.com :
    Cette discussion est fondamentale pour la Gascogne. Le sujet est complexe.
    [Tederic]
  • J’aimerais juste savoir si cette carte est actuelle, ou sinon, de quelle époque ??

    Réponse de Gasconha.com :
    Cette carte est établie sur la base de données collectées pour l’ALG (Atlas lingüistique de Gascogne), dans le courant du 20e siècle, avec ce qui pourrait être, hélas, dans la plupart des points de collecte, la dernière génération de locuteurs du gascon.
    Pour plus de précisions, vous pouvez consulter un message de Jean-Louis Massoure, auteur du livre "Le gascon, « lengatge estranh »" qui rend compte de ses travaux, qui se fondent sur le même matériau.

  • La carte des gradients, qui fait débat et c’est tant mieux, est intéressante et instructive, mais risque d’être mal interprétée.
    Un commentaire brut, que ne souhaitent certainement pas ses auteurs, ferait juger de la nature d’un peuplement suivant la vitesse d’usure de certains parlers, alors qu’il y a un conservatisme des aires mieux protégées.
    Il est très difficile de rendre compte des actions de substrats, même là où la situation est bien documentée (de même avec les adstrats).
    Le risque majeur d’une interprétation abrupte est de désespérer la Basse-Guyenne girondine, Baixa-Guiana pourtant, et les Confins déjà entamés par la région "Midi-Pyrénées".
    On n’empêchera pas hélas les comparaisons dépréciatives, et cela nuira au travail de terrain de tous ceux qui portent l’idée gasconne, alors que la francisation est partout si massive, avec son corollaire l’occitanisation rampante. Pourquoi ne pas parler plutôt de "zones refuges" ?
    De plus, les implications normatives dans la création d’une langue gasconne "moyenne", qui sera de plus en plus nécessaire vu le nombre des locuteurs natifs, ne sont pas évidentes : faut-il se fonder sur des parlers extrêmes ? cela ne facilitera pas la diffusion.
    Mieux vaudrait se fonder sur un parler central en indiquant les grands types dialectaux environnants. Il est vrai qu’enseigner une langue dialectalisée pose des problèmes qu’ont eu à résoudre tous les peuples émancipés ou en voie de reconquête, comme les Flamands jusque vers 1950, les Gallois encore vers 1980, les Italiens, les Basques, les Provençaux...
    Un gascon commun ne serait-il pas à rechercher entre Orthez et Auch, Pau et Hagetmau ?
    La qestion de la norme, y compris de l’orthoépie, se posera un jour, et elle se pose déjà. Si on ne veut pas la résoudre par l’artificieux occitan, il faut y penser maintenant, et ce n’est pour sûr pas facile (c’est même terrible quand on pense à l’agonie des parlers, de nos patois).
    À cet égard, H. Lartiga a courageusement relevé le défi graphique et posé avec quelques autres la question de l’occitanité.
    Pour la carte, peut-être faudrait-il utiliser un autre système de représentation qu’un dégradé, qui traduit, ou reflète implicitement, un moindre être.
    En Pays Gascons, l’identité est à la fois forte et fragile, et il faut la comprendre en la ménageant, redonner confiance d’abord, fierté ensuite. Là est la question.
    L’âme gasconne est parfois plus vivante dans une HLM des faubourgs de Bordeaux où un pavillon banlieusard de Benauge que dans telle belle demeure de la côte ou ferme gersoise typique-restaurée.
    On vit où on le peut, mais on aime son pays partout.
    Attention aussi au tropisme basque, qui ne doit pas devenir une identité de substitution (modèle attraction / répulsion) et ne fournit pas une clef politique.
    Ne pas oublier que L’ENTITE HUMAINE VECUE, C’EST POUR TOUS D’ABORD LE "SUD-OUEST", et c’est là qu’il faut transformer l’essai, en GENERALISANT L’EQUATION "SUD-OUEST = GASCOGNE".

    Tous ces thèmes sont si sensibles, bien que la plupart des gens ne s’y passionnent guère, qu’on ne peut pas contenter tout le monde et son frère.

    N.-B. : D’après de savantes études et expériences, la langue moyenne serait à rechercher à Arzacq, du côté de la Vieille Auberge à l’heure de l’apéritif et vers le Café des Sports à l’heure de la garbure de Gaby. Confirmez-vous ?

  • Comme tout cela sonne vrai !
    A Lourdes, on a fait un cimetière extérieur sur la route du Lac, du côté gauche. Là se trouve un carré très modeste, en retrait derrière sa haie de cyprès : des croix de bois avec des étiquettes, peu de pierres, tout de guingois mais bien entretenu, pour le repos des plus humbles, des peu connus. Mais devant, en pleine face, les montagnes font ligne, le Pibeste au milieu, rien que pour eux dirait-on. Qu’ont-ils eu d’autre que cela ?
    La patrie, c’est là où sont les morts, plus vivants que certains vivants.

    P. J.-M.

  • Bonjour Tederic,

    Après tout ce temps, je retombe sur cet interessant article concernant la Gascogne.
    Avec le recul, un peu de regret au regard du désintérêt porté à cette si belle province...
    Désintérêt tel qu’un coup de hache administrative a pu littéralement la couper en deux sans aucune opposition populaire affichée et efficace alors même que certains l’aimaient encore au point de s’écharper sur les détails de sa réalité linguistique et de son passé historique...
    Enfin... c’est ainsi !
    Amitiés.


Un gran de sau ?

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