Le parler toulousain se perd

- Tederic Merger

[2014 : ligam mort]

Voir en ligne : Le parler toulousain se perd

Grans de sau

  • En fait, la description donnée du "parler toulousain" s’appliquerait très bien au "parler gascon" au sens de français parlé en Gascogne avec l’accent, les tournures gasconnes.
    Ce qui fait que le "parler de Bordeaux", lui aussi en voie de disparition, n’est pas bien différent de celui de Toulouse, contrairement à ce qu’on pourrait croire.

  • Un article à destination du grand public bien fait dans tous les cas, qui emploie un vocabulaire compréhensible (caractère "ibère", latinité, ...).
    Ce qui est amusant avec le "parler de Bordeaux", c’est qu’aujourd’hui les gens affectent de croire qu’à Bordeaux, "on n’a pas l’accent".
    La mémoire populaire change vite décidément : on est loin du temps où Stendhal parle de l’accent gascon de Bordeaux et autres réflexions.
    "Nous sommes à Bordeaux, centre de la vivacité gasconne, ville plus méridionale que Valence"

    Pour tout dire, il me semble assez paradoxalement que c’est à Toulouse que les idiomatismes sont le plus en recul.
    Sur Bordeaux, c’est un vieux phénomène d’érosion qui a des siècles. A Toulouse, cela n’a pas 50 ans.
    Place du Capitole, je défie d’entendre l’accent toulousain. Alors les idiomatismes ...

    Un livre à se procurer : l’auteur dans ses conclusions appellent à la cohabitation des deux langues, parlées toutes deux "correctement". Un beau rêve.

    Seguy-J-Le-Francais-Parle-A-Toulouse

  • Je trouve aussi que l’article est bon dans ses observations, et ses explications :
    "S’impose peu à peu partout en France une langue standard diffusée par la radio et la télévision."
    J’ai un désaccord sur "La phrase y perd toute ligne mélodique. Les mots y sont scandés selon leur valeur informative ou leur charge émotionnelle."
    Je ne pense pas que le français standard soit privé de ligne mélodique. Il a la sienne, très différente, certes, de la ligne mélodique occitano-gasconne.

    Et quand la journaliste parle d’"un nivellement inévitable", je mets un bémol : il est inévitable dans la situation de centralisme qui caractérise pour l’instant la France, qui fait qu’il n’y a pas, par exemple, de vraie télé régionale.
    Un feuilleton comme "Plus belle la vie", censé se passer à Marseille, ne met pas le moindre accent marseillais dans la bouche de ses personnages, sauf exception (le patron du "Mistral", et aussi, une fois, un marin-pêcheur - j’ai pu en rater d’autres).
    La perte de "l’accent" fait d’ailleurs l’objet d’une formation spéciale pour les journalistes de l’audiovisuel, ai-je encore entendu récemment - à vérifier (ce qui signifie au moins que "l’accent" n’est pas encore totalement perdu par les jeunes).

    Il serait intéressant de savoir ce qui se passe hors de France.
    Les phénomènes de standardisation sont probablement à l’oeuvre partout, mais moins rapides dans les pays décentralisés.
    J’ai entendu une fois que le régime soviétique avait éradiqué tous les accents régionaux.
    Qu’en est-il en Espagne, en Italie, en Allemagne ?
    En Suisse alémanique, il semblerait que le "suisse allemand" (un dialecte assez différent de l’allemand standard), prospère sur la bande FM, mais je n’ai pas d’informations fraîches.

    Rêvons un peu : une "free Gascony" (hihi...) stopperait net l’anéantissement de l’accent gascon, puisqu’elle supposerait une émancipation mentale, culturelle, médiatique...
    Un peuple fier ne laisse tomber ni sa langue ni son accent quand il a perdu sa langue propre. Il ne prend pas ses modèles ailleurs.

    Enfin, une note personnelle : j’adore l’accent gascon, dont je n’ai que quelques traces légères, parce que j’ai vécu ailleurs mes jeunes années.
    L’accent français standard, qu’on entend par exemple systématiquement à "France bleu Gascogne" m’est insupportable, aussi parce que je sais qu’on l’impose abusivement comme modèle.
    A l’inverse, je me délecte de l’accent de ceux qui parlent à l’émission sur les courses landaises de "La Voix de l’Armagnac (GABARRET 100.7) !
    Bon, c’est peut-être maladroit de le dire, parce qu’ils seraient bien capable d’essayer de le perdre !-)

    PS : quand je parle d’accent, je parle aussi des particularismes régionaux, comme les constructions "ibériques" dont parle la journaliste (par exemple, "je le connais, à lui").

  • En lo darrèr Telerama, que i a tot un subject sus le votz, e susquetot ua enquesta en Angletera, a Liverpool, ont lo monde sonn glorios d’aver guardat lo son accent.
    Lahore, les causas que cambiann, e ne vòlenn pas mèi d’aquesta unifòrmizacion culturau.
    Siim hardits pr’un còp ! N’i pas sonqu’ ad estar glorios de ço qu’èm, arrond "les gouts et les couleurs"...
    liverpool-leeds-manchester-l-accent-tonique

  • Complément :

    www.ladepeche.fr

    Laborde, à côté de la plaque, cela fait bien longtemps que les voix de la SNCF sont pré-enregistrées. Et il n’a pas dû écouter Sud Radio ou France Bleu depuis longtemps ...

  • En Saintonge où je vis, on me demande toujours d’où vient mon accent.
    Et quand je dis "de Bordeaux", les gens qui vont souvent à Bordeaux pour faire les magasins, me disent "mais il n’y a pas d’accent à Bordeaux !"
    Déjà lycéen à Bordeaux centre, mais issu de la banlieue bordelaise (Blanquefort), au lycée on me parlait de mon accent.
    Les bordelais du centre ville, ceux des milieux bourgeois s’efforcent à ne pas avoir d ’accent.
    Mais dès qu’on approche des boulevards, là on sent la Gascogne qui piaffe à Tartifume comme au Haillan !

  • "J’avoue, le nom des stations prononcé en occitan à chaque arrêt ...
    un peu paysan et ridicule ..."

    "Et toujours cette référence obsessionnelle à l’histoire, comme si l’histoire de notre région se limitait au souvenir de l’occitan..."

    "" mariiinngo esenocéèfo !!!! la gare ! bon à quelque chose pres c est ca ! c est mocheeee !!!"

    Qui aurait cru lire ça de la part de Toulousains il y a 30 ans ?

    Réponse de Gasconha.com :
    Toute une éducation à refaire !

  • Bordeaux a perdu son âme ou vendu… n’ac sèi pas
    Et Toulouse est victime de sa côte de popularité : trop de parigôôôts vont vivre là-bas.
    Peut être parce que leur équipe de rugby est meilleure que les mannequins de calendrier tout rose !
    Moi en tout cas je dis que notre accent est le plus beau cadeau que nous ayons. Ça chante, c’est mélodieux et ça réchauffe le cœur.

  • Vincent, tu n’es pas attentif. C’est plutôt : "Marénngo echénéchéèfo". Ma copine m’a demandé si c’était de l’occitan. Je lui ai répondu : "Bravo chérie".

  • Etant fils de paysan, j’essaie d’en garder la fierté. Je suis donc choqué par la réponse n°8 !
    C’est justement le monde paysan qui a gardé la langue, quelquefois par le fait de l’environnement linguistique, mais souvent comme dans ma famille par l’envie de perpétuer sa culture.
    L’idée qu’on a du ridicule d’un accent ne vient que de son éducation. Et BRAVO aux occitanistes pour ce qu’ils ont réussi pour les annonces du métro de Toulouse. Ne pas dénigrer les combats quand ils sont positifs.

  • Adiu Andriu !
    Il me semble qu’il y a un malentendu : dans le gran de sau #7, ce qui te déplait sont des citations (mises entre guillemets) et aussi bien Vincent P. que la "réponse de Gasconha.com" déploraient implicitement leur dénigrement des annonces en "occitan".
    Par ailleurs je me souviens que Vincent P. avait apprécié l’accent et la prononciation très authentiques de la première version de ces annonces, et regretté que la deuxième version tende à gommer ce qui était le plus authentique, comme concession aux critiques nombreuses de cet accent "paysan".

    La plupart d’entre nous ici auront, je pense, une reconnaissance émue envers les paysans qui ont été les derniers à garder la langue ; encore mieux dans les cas comme le tien, Andriu, où cette conservation était consciente et volontaire !

    De nos jours, c’est encore le monde rural qui maintient le plus l’accent qui reste de l’ancienne langue, et le même mépris qui pèse injustement sur les paysans peut encore sanctionner ceux qui ont un accent "trop fort". Le roulage des r a été stigmatisé jusqu’à son extinction chez les jeunes...

  • D’occitan dins lo tramvai de Montpelhièr

    Lien intéressant qui montre des réactions à l’introduction de quelques annonces en "occitan"* sur la ligne D du tram à Montpellier. Ce n’est pas en Gascogne, mais c’est la même problématique.

    Je retiens surtout ce que disent deux personnes interviewées : l’une retient que c’est normal désormais que Montpellier est en région Occitanie (sous-entendu, avant, l’occitan n’existait pas, ou tout autre présupposé que l’on voudra, qui montre l’absolue méconnaissance autour de la langue d’oc), tandis qu’une autre, à l’accent pointu, s’interrogeait sur le fait de savoir si c’était de l’espagnol ou du catalan.

    Bref, c’est foutu, à Montpellier aussi. Sans surprise.

    * : Dans les commentaires à l’article, un intervenant explique que les autochtones ne roulaient pas les r à Montpellier, comme en Provence toute proche, et qu’il est clair que la francisation est totale en matière de nasales dans la langue des néo-locuteurs.

  • Les néo-locuteurs ont eux mêmes été formés par des néo-locuteurs au collège, au lycée et à l’université. Quand on constate le mauvais niveau de langue des formateurs, que ce soit en calandreta, dans le secondaire ou à la Fac, il ne faut pas s’étonner du (très) mauvais niveau des jeunes pousses occitanistes qui ânonnent une nov langue à la prosodie parfaitement française, ou franchimande comme ils disent.
    Voir l’interview, sur Lo Jornalet, d’un jeune prof d’origine semble-t-il gasconne et qui enseigne dans l’académie de Clermont, je crois. Sa langue est d’une bien piètre qualité qui mêle un simili gascon-béarnais mal maîtrisé avec des bribes de languedocien. Très pénible à lire et, je suppose, encore plus pénible à entendre.
    Pourquoi n’exige-t-on pas des enseignants qu’ils aient un bon niveau de langue. C’est scandaleux. Je suppose qu’un candidat au CAPES d’anglais ou d’espagnol qui aurait une si mauvaise connaissance de la langue qu’il est censé enseigner ne serait jamais reçu au concours. Mais chez les occitanistes ça ne semble pas poser de problèmes.

  • @14 : en effet, chez les occitanistes de base, on préfère les militants de bonne volonté et en accord avec la doctrine que les connaisseurs de la langue ’’naturelle’’.
    Ledit prof, on peut l’entendre parler sur Oc Télé (interviewé dans le cadre du festival Mascaret 2016), eh bé parfois il y a de quoi avoir les cheveux qui se hérissent ! Je me souviens entre autres d’un étrange ’’maïnch’’ pour dire ’’moins’’.

  • Vu sur le net le vocabulaire toulousain de survie avec quelques mots de gascon (occitan) :

    bonne-maman n.f. grand’mère. On va chez bonne-maman ce soir. Traduction littérale de l’occitan (spécialement gascon) mairbona , litt. mère bonne.

    faire pêter v.tr. apporter, sortir, faire marcher. Fait pêter le disque ! De l’occitan (gascon) hèr petar.

    faire voir v.tr. montrer. Fais voir tes mains ! De l’occitan (en part. gascon) hèr véser, "faire voir", montrer.

    paguère n.f. ubac, versant à l’ombre. Sur la paguère, ils font du maïs. De l’occitan (spec. gascon) paguèra, ubac.

    patàc n.m. coup. Il s’est pris un patàc qui l’a ensuqué*, et il s’est esplaterné*. De l’occitan (particulièrement gascon) patac, coup.

    pichet n.m. carafe. Passe-moi le pichet, pour le Ricard. De l’occitan (gascon spécialement) pishet.

    tachon n.m. idiot. Quel tachon, ce mec. De l’occitan (spec. gascon) taishon, blaireau, croisé avec le français tache

    ldépute ! expression de surprise marquée. De l’occitan (gascon) hilh de puta, fils de pute.

    piperade n.f. façon de préparer les poivrons, à la graisse de canard, avec des oignons et des tomates. Peut servir de légume d’accompagnement, ou être servie avec des oeufs au plat et du jambon de pays sauté. Prononcé plutôt "pipeurade" que "pipérade". De l’occitan (spécialement gascon) piperada, de pipèr, poivron.

    http://occitanet.free.fr/tolosan/lexique.htm

    [J’ai cru bon de greffer ici ce gran de sau.
    Tederic M.]


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs