Le panneau « Vilhèra » retrouve sa place d’origine

- Tederic Merger

Béarn.
Article de "La République des Pyrénées".

Voir en ligne : Le panneau « Vilhèra » retrouve sa place d’origine

Grans de sau

  • Le débat est intellectuellement misérable, aussi bien du côté des occitanistes qui se drapent de vertus scientifiques pour justifier une graphie par définition arbitraire* (on ne doit la juger que sur sa capacité à noter correctement les sons, voire sur son succès populaire) que du côté des béarnisants incapables d’entendre des arguments rationnels.

    La justification du maire est quant à elle pénible : afficher le nom en gascon de la commune de Billère n’a rien à voir avec la problématique de la diversité culturelle, le discours républicain humaniste devient insupportable ("la République", "la République", "la République", ... en France tout tourne autour de "la République". Vous voulez vous faire applaudir ? Dites "la République").
    Et que le Pays Basque soit en avance sur le Béarn est simplement le fruit d’un plus grand dynamisme identitaire, dynamisme qui n’est pas vraiment la caractéristique de Billère.

    * : Au passage, c’est vrai qu’on a l’impression que "Vilhèra" est un toponyme portugais ... Il faut tenir compte de ces sensations : c’est bien la réfection du toponyme ancien, mais l’identité graphique de ce "Vilhèra" est contre-productive.

    NB : Il y a un accent sur Sabiñánigo.

  • Au passage, le Dictionnaire toponymique de Grosclaude n’est pas la Bible.
    Il ne s’agit pas des noms de lieux révélés. On peut discuter aussi.

    On discuterait d’ailleurs s’il restait des locuteurs naturels.
    Par exemple, à Aussurucq en Soule, au lieu du plus correct et étymologique "Altzürükü", recommandé par les instances de la langue, le panneau du village indique la forme contractée et populaire "Altzükü". On n’attend pas les tables de la Loi.

  • Je n’arrive plus à ouvrir cette page de "la Rép", mais "Vilhèra" ne me parait pas vilaine.
    Si ça fait portugais, ça interpellera les portugais sur une parenté qu’ils ne soupçonnent pas entre le Béarn/la Gascogne/le "Sud-Ouest" et leur pays.
    Quant aux non portugais, oui, il y aura de l’incompréhension, mais une campagne d’explication bien menée peut être fructueuse : elle permettra de dire que, en gascon comme en espagnol, le "v" se prononce "b"...
    Certes, pour le "a" final, ce sera plus difficile, et aussi d’empêcher que l’accent tonique y soit mis.
    Enfin, avec ce double affichage, tout le monde pourrait être content : les occitanistes bien sûr, les tenants du français (sauf les jacobins), qui ne sont pas lésés, et les béarnistes qui peuvent se retrouver, dans le cas présent, dans la graphie française.

    Dans d’autres cas, où la graphie française ne rend pas du tout compte de la prononciation gasconne, et si on trouve qu’un triple affichage est trop lourd, il faudra peut-être choisir la graphie gasconne la plus proche des habitudes de lecture françaises.
    Il faut être pragmatique, même si la cohérence graphique d’un panneau à l’autre doit en souffrir.

    On peut aussi contester le principe même du bilingüisme pour ces panneaux de ville ou village.
    D’après Mona Ozouf, en Bretagne, ces panneaux créent une certaine fierté identitaire, même là où le breton n’est plus compris du tout.

  • Mais que dire de cet étrange paradoxe qui veut que ce soit dans les endroits les plus faibles identitairement que l’on agisse le plus ?
    Pourquoi est-ce à Nantes ou à Rennes que l’on discute le plus du breton ?
    Pourquoi est-ce dans la banlieue paloise ou le bassin de Lacq que de telles initiatives ont lieu ?
    Et comment se fait-il que dans la montagne bigourdane, on ne ressente pas ce besoin ?
    C’est là où les cultures vernaculaires sont moribondes que l’on gesticule le plus autour de petits panneaux.

  • Le maire de Billère est à la remorque de tout ce qui est tendance ; normal Billère abrite le siège de l’Institut occitan logé dans le prestigieux château d’Este.
    Ce qui explique la présence de son Président aux côtés du maire.
    Y a-t-il eu une décision du Conseil municipal pour accrocher ces panneaux en "occitan", que personne ne sait correctement lire à part quelques "calandretas".
    Langue "occitane" que même l’élu reconnait ne pas savoir ni parler ni comprendre ! Quigne mesclagne ! Simin Palay revient, ils sont devenus fous !

    Réponse de Gasconha.com :
    Je rappelle quand même que le gascon écrit en graphie occitane ou "alibertine" est toujours du gascon, même si ceux qui ne maîtrisent pas cette graphie croient le contraire...
    Il est important de distinguer langue et code graphique pour l’écrire.
    Aquo dit... Il y a eu et il y a toujours un problème énorme avec cette graphie occitane alibertine qui, sans être très compliquée, heurte de plein fouet les habitudes de lecture françaises.
    [Tederic]

  • Je ne méconnais pas la graphie occitane qui se veut adaptée au gascon mais je rappelle tout de même que le titre complet de l’ouvrage de Louis Alibert (né dans l’Aude en Languedoc) est : Gramatica Occitana segon los parlars lengadocians (On oublie toujours la fin du titre !).

    Ce qui est aussi un fait c’est qu’en Béarn, l’évolution linguistique et donc graphique déjà normalisée avec l’Escole de Simin Palay et les Reclams de Biarn e de Gascougne a été abandonnée au profit de la normalisation occitane.
    Si bien que les Reclams n’ont plus que le nom de Reclams.
    Il faut quand même se souvenir de l’histoire.
    Après, tout est une question de choix, de politique ou d’occitanisme.
    Quand aux noms de villages et de ville, Grosclaude proposait "une orthographe restituée". C’est un choix qui se défend et qui a une logique savante et identitaire.
    Mais alors pourquoi pas écrire le français comme au Moyen-Age au comme au XVIIIème siècle ???
    Se couper de l’histoire et du peuple n’est pas toujours la meilleure façon de défendre une identité surtout très artificielle et encore très peu populaire (voir la dernière étude du Conseil Général à condition de bien lire les chiffres et pas de leur faire dire ce que l’on voudrait qu’ils nous disent).
    Adiu Vilhèra occitana !

  • Je ne crois qu’aux faits sociologiques : on peut tourner le problème dans tous les sens, la vérité est que Billère est une commune de banlieue d’une ville française.
    A Billère, y vivent des Français qui regardent la télé nationale et travaillent pour des entreprises mondiales.
    Billère, c’est Fontenay-le-Fleury.
    Il n’existe pas un monde masqué et dénigré que viendrait traduire Vilhèra.
    En fait, généralement, la présence de panneaux bilingues est une manifestation ironique qu’il ne reste pas grand chose de l’ancien monde et de sa culture vernaculaire.
    C’est vrai qu’en Bretagne, les panneaux bilingues sont source de fierté. Mais ils ne peuvent l’être que si la population a encore la sensation d’appartenir à une région ethno-culturelle.
    Or en l’espèce, en Béarn, personne ne sait trop de quel espace ce micro-pays relève.
    "Vilhèra" est donc une incongruité face à l’incapacité de la population d’en comprendre la raison d’être.
    Mais que les anti-occitanistes ne se réjouissent pas trop vite : tout autre panneau, toute autre graphie, auraient le même effet.

    Que faire ? A mon avis, il faut inverser la stratégie occitane qui part de la langue pour parler Occitanie.
    Il faut parler Gascogne pour ensuite arriver éventuellement à la langue.
    Ce n’est que dès le moment que l’idée que le Béarn est un pays gascon et qu’il sera admis de la doxa que ce tronçon du Sud-Ouest de la France encadré par la Garonne a une histoire spécifique (je mise beaucoup sur les Aquitains et tous les avatars successifs historiques jusqu’à Castillon) que de tels panneaux seront compris comme la signification d’un attachement à ce pays évanescent.
    Ce qui n’est certainement pas un gage que les panneaux seront lus correctement, car comme on le voit en Bretagne, le sentiment d’être breton est très vague, focalisé sur quelques symboles et combats (44=5B).
    Mais au moins, quand on arrive en Bretagne, on se sait en Bretagne et les gens se disent bretons.

  • Vincent, parlas d’una consequéncia coma d’un hèit sociologic.
    La consciéncia es pas qu’un ahar d’educacion e d’encadrament, e meitot de pas resinhar.
    Tornar rénder lo gascon a Vilhèra es pas coma voler impausar lo catolicisme a Boston o l’individualisme as societats d’Orient estrem.
    Es sonque descavar una realitat sociologica, benlèu ahonida mes qu’existèt, e pòrta lavetz la legitimitat en se-medish entà tornar existir.

  • Çò qui ei mort qu’ei mort.
    Uei lo dia, dètz ans que son sègles.
    Vilhèra qu’ei ua banlèga de las classas mejanas francesas.
    Resignà’s - qu’ei a díser acceptar qui lo gascon e s’ei mort e qui los Gascons e s’esvanín - qu’ei ua invitacion pressada tà crear quauquarren de nau.

  • Le panneau gascon de Billère a peut-être vécu.
    Les jacobins du Mouvement Républicain de Salut Public qui luttent contre les panneaux bilingues de Villeneuve de Maguelone, se sont trouvé un allié en Béarn : l’IGB ! A lire sur leur site : www.mouvementrepublicaindesalutpublic.org

  • J’arrive pas à accéder cette fois ci au site du Mouvement Républicain de Salut Public.
    L’IBG va-t-il tenter une action en justice ?
    J’admets les critiques contre la graphie "Vilhèra" illisible pour le commun des français, mais de là à porter l’affaire en justice...
    La question de la graphie ou de l’opportunité d’une signalisation bilingue fait partie du débat démocratique, et c’est laid de recourir à je ne sais quelle loi jacobine (en fait la loi du plus fort) pour imposer son point de vue.
    Ces "républicains" (l’étiquette "nationalistes français" me parait plus appropriée) ont-ils prévu de s’attaquer aussi au Pays basque, qui a, je crois, obtenu, et bravo à lui, la généralisation de la signalisation en basque ?

  • Ils peuvent essayer de s’attaquer aux Basques, ils vont être accueillis.
    Je leur souhaite bien du plaisir et je serai de ceux qui botteront avec plaisir le cul de ces pseudo-républicains de mes deux.
    En fait des gros cons nationalistes et racistes français.


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs