Réforme territoriale : l’impossible réforme ? Une contribution de Gérard Onesta (la cartographie)

- Tederic Merger

Aqueth que’ns balha ua region Gasconha centrada sus Bordèu-Pau, shens la Gasconha orientau, e damb lo Perigòrd !
[Tederic M.]

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Grans de sau

  • Gérard Onesta, languedocien d’Albi, a peu de scrupules à se tailler une grande région Languedoc autour de Toulouse, en arrachant même au Gers la région de l’Isle-Jourdain.

    Quant au Périgord, il n’est pas anodin de savoir que son inclusion dans l’Aquitaine administrative actuelle tient d’un critère tout à fait anodin :

    Pour le savoir, il se plonge évidemment dans les données du recensement, mais aussi dans... celles du trafic téléphonique, un excellent révélateur. Nîmes téléphone davantage à Montpellier qu’à Marseille ? Le Gard sera donc rattaché au Languedoc-Roussillon. Les communications de Périgueux sont plus nombreuses vers Bordeaux que vers Limoges ? La Dordogne ira donc avec l’Aquitaine. Et ainsi de suite.

    La Gascogne ethno-culturelle est le seul espace que l’on traite de la sorte, alors que l’on respecte les sacro-saintes frontières de la Bretagne ducale qui ne correspondent pourtant qu’à un État expansionniste médiéval, et alors même que Nantes regarde tout à fait vers la vallée de la Loire.

    Les autres propositions ne correspondent qu’à des gadgets à la mode dans les groupuscules écolos (l’amour pour les eurorégions, qui sont formidables dans l’esprit, mais découpées tout aussi anarchiquement) : pourquoi Lyon se trouve-t-elle coupée de sa montagne (i.e. la Savoie) par exemple et in fine, de la réalité de l’espace arpitan ?

    Dans tous les cas, ce découpage n’est pas très original et inventif : il essaie de ménager le biais métropolitain (mortifère) et de supposées identités régionales (j’attends encore de savoir ce que la Bourgogne et la Franche-Comté ont vraiment en commun). Je reste persuadé que l’on peut trouver des solutions beaucoup plus modernes, asymétriques, à géométrie variable, en fonction des finalités de ces outils administratifs.

  • J’observe que l’idée d’une Gascogne plutôt bordelaise, d’une Gascogne-Aquitaine, amputée de la Gascogne orientale et augmentée du Périgord ou de la Guyenne, revient de temps en temps.
    C’est un compromis entre le critère identitaire et le critère métropolitain.

    Voir les propositions d’Emmanuel Pène :
    http://alternatives-pyrenees.com/2014/04/23/plaidoyer-pour-des-regions-francaises-historiques-et-culturelles/

    Voir aussi la proposition de Georges dou Cadet, notre héraut gascon de l’Astarac :
    http://www.lepatoisgascon.fr/n-151-et-si-bordeaux-retrouvait-sa-gascogne/
    Celui-ci propose d’ajouter ses chers départements du Gers et des Hautes Pyrénées à la région Aquitaine actuelle ; parallèlement Midi-Pyrénées amputée de ces deux départements fusionnerait avec Languedoc-Roussillon.
    Je remarque qu’il n’argumente pas vraiment sa proposition, sauf par un souci d’équilibrage en surface et population des nouvelles régions.
    Mais son idée principale est peut-être dans le titre : "Et si Bordeaux retrouvait sa Gascogne" ; il y a là comme un cri du coeur que nos technocrates auront du mal à entendre.
    Peut-être aussi - qui sap - que Georges dou Cadet entend ainsi défendre sa Gascogne contre l’Occitanie vue comme toulousaine ?

    Que’m hè dòu d’abandonar la Gasconha orientau (Comenge, Coserans, Lomanha...)...

    Mais la politique est l’art du compromis.
    Si vraiment c’est impossible de réunir la Gascogne entière, il pourrait être un moindre mal d’accepter une région Aquitaine-Gascogne qui réunisse Gascogne occidentale et Gascogne médiane.
    Mais pour Auch, tellement tournée vers Toulouse maintenant, il me parait difficile de tenir cette position. D’où la partition du département du Gers proposée par Gérard Onesta... Parallèlement, la partie la plus limousine du Périgord devrait rejoindre Limoges...

    Pour la Gascogne orientale, on limiterait les dégâts identitaires en faisant figurer "Gascogne" dans le nom de la région centrée à Toulouse : ce serait donc Languedoc-Gascogne...

    Evidemment ça n’empêche pas de continuer à penser à d’autres solutions :
     réunion des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées seules,
     ex-régionalisation des métropoles Bordeaux et Toulouse, promues en villes libres sur le modèle de Hambourg et Brème (cette dernière solution étant ma préférée, mais trop avant-gardiste en France).

  • Il y a tout de même une ambigüité maîtresse dans les propositions toulousaines c’est qu’elles acceptent de scinder le département du Gers (le destin de l’Isle-Jourdain, une banlieue toulousaine ?) mais pas touche à la Haute-Garonne.

    Pourtant, pour le coup, le Haut Comminges n’est pas si tourné que cela vers Toulouse : "Toulouse" commence vraiment au défilé de Boussens, quand la vallée de la Garonne devient une large plaine qui a quitté la montagne.

    Bon, et de toute façon, qui peut croire que le Gard ou l’Hérault sont tournés vers Toulouse, dans cette logique ? Cette région toulousaine va démesurément vers l’Est.

    Les solutions novatrices existent de toute façon, en premier lieu l’exfiltration des métropoles et la refonte totale de la carte administrative française débarrassée des départements, mais elles font peur à une France qui se croit cartésienne quand elle n’est que primaire.

  • Je reviens sur la proposition de Georges dou Cadet, que je disais peu argumentée dans mon gran de sau précédent.
    Il l’explique dans son article n°148, "Le dépeçage", que je n’avais pas encore lu :

    "uo logiquo qué mous éy caro, é qu’aouè ‘clairounat’ lou ‘nosté Hénric : La mountagno (Pyrénéos) la riou (Garonno) é la mèr( l’Océan). (Qui aco la Gascogno)."

    Je ne savais pas que lou nouste Enric en avait parlé, mais je retrouve ici avec plaisir ma vision de la Gascogne MGM (Mar-Garona-Montanha). Le triangle, quoi...
    Mais "Montanha-Garona-Mar*" est encore plus logique : ça va dans le sens de l’eau !

    * Prononcer par exemple "Mountagno-Garouno-Ma".

  • « Je suis d’accord avec cette vision : définir d’abord une démarche, des critères de regroupement, et lancer à partir du sommet une négociation patiente avec la base.
    Tout le contraire de ce que le gouvernement a fait...

    J’aime le fait que les limites départementales ne sont pas considérées comme intouchables.
    J’aime les eurorégions, qui ont l’audace de transgresser les frontières nationales.

    J’ai créé un ligam (lien) vers cet article à partir du site Gasconha.com consacré à la Gascogne :
    http://www.gasconha.com/spip.php?page=ligam&id_ligam=5435

    Concernant justement la Gascogne :
    J’entends bien votre proposition comme un compromis entre :
     le critère lingüistique (donc selon moi historique, parce que les langues se font par l’histoire des peuples) qui définit un triangle entre montagne, Garonne et océan (Montanha-Garona-Mar),
     le critère métropolitain (Bordeaux, Toulouse)..
    Pour respecter le triangle gascon tout en acceptant votre carte, on pourrait jouer sur les noms des régions : la région autour de Bordeaux-Pau serait "Aquitaine-Gascogne", la région autour de Toulouse-Montpellier serait "Languedoc-Gascogne". »

    Ensuite j’ai repris un paragraphe d’un de mes écrits ci-dessus, celui avec l’idée de Bordeaux-Toulouse promues villes libres.


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