Les paradoxes de l’INOC

- Tederic Merger

J’ai été très agréablement étonné en ouvrant hier pour la première fois le site de l’INOC Aquitaine :
http://in-oc.org/index.php/oc/acuelhoc

En effet il est riche en informations, assez concret et montre qu’un réel travail s‘est effectué dans cette instance depuis quelques années en matière de toponymie (malgré les réserves « pédagogiques » qu’on peut souvent faire sur notre site), de terminologie concernant divers domaines, de traductions diverses, etc….

Mais ma surprise majeure est venue de ce que ce site pourrait aussi bien s’appeler INOC Gascogne puisque toutes ses contributions, sans exception, sont en gascon, un vrai gascon, certes un peu puriste mais qui n’a rien à voir avec un gascon artificiel créé par un démarquage systématique de l’ « occitan » (dit central).
Rien à voir avec le genre de traduction qu’on trouve souvent ailleurs, par exemple chez Wikipedia et dont j’aimerais bien savoir d’où elles viennent. Par parenthèse, un exemple wiki : la Déclaration universelle des droits de l’homme où « fraternité » est d’abord traduit en occitan languedocien « frairessa » (je ne suis guère compétent mais je suppose que c’est une traduction correcte) et ensuite en gascon, en un simple démarquage automatique, par « hrairessa » là où le gascon dira plutôt « frairetat » mais sans doute jamais et nulle part « hrairessa » … (on sait bien, n’est-ce pas, que le gascon « transforme » les « f » initiaux de sa supposée langue mère , en « h » !).

Ce qu’on pourrait du reste reprocher à la terminologie choisie par l’INOC c’est bien un certain béarnisme. L’exemple le plus frappant est le choix de « dinc a las prumeras » pour traduire « à bientôt » au lieu du plus général « a bethlèu » (prononciation : « a bellèu » ou « a ballèu »).
Mais chez l’INOC tout cela est tranquillement baptisé « occitan » sans aucune autre précision, de quoi irriter sans doute quelques occitanistes pur jus.
Il est finalement étonnant que les « autorités occitanistes » (je ne sais trop lesquelles d’ailleurs mais enfin celles qui sont supposées veiller au grain doctrinal en la matière ) aient laissé s’étaler cette excellente gasconité à l’INOC ; sans doute parce que les occitanistes actifs aujourd’hui sont en majorité gascons et surtout béarnais et qu’il faut bien faire avec. D’autant plus étonnant quand même que, supposé oeuvrer pour toute la (bientôt feue) région aquitaine, l’INOC aurait dû travailler aussi en théorie la terminologie occitane languedocienne voire limousine pour le Périgord nord et le minuscule recoin girondin concerné. Le danger eût été aussi de les voir recourir au sabir « basic » évoqué ci-dessus.
Et à propos de « basic » le paradoxe est que le site montre le rattachement à l’INOC, au moins en matière de webmestre, du fameux « Congrès permanant de la langue occitane », auteur du discutable lexique « basic » (voir le fil d’il y a quelque mois à ce sujet) ! Etonnant, tout cela, encore une fois …
Et l’ensemble me parait inquiétant pour l’avenir de l’INOC : son rattachement (et sa dépendance financière) à la région aujourd’hui aquitaine fait présager une reprise en main lorsqu’il s’agira de répondre aux « besoins » occitans d’une région intégrant tout le Limousin et d’autres territoires (guyennais) de parler traditionnel languedocien. Et comme le personnel de l’INOC me semble aujourd’hui à peu près entièrement béarnais, on peut craindre quelques problèmes pour eux … Que ne prennent-ils alors leur indépendance en recherchant d’autres bailleurs de fonds (facile à dire dans la situation actuelle, je le sais ) !


Un gran de sau ?

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