"les jeunes ne s’intéressent plus à l’histoire régionale"

- Tederic Merger

Extrait de "La République des Pyrénées" :
Jean-François Saget, à la tête de la librairie Marrimpoey depuis 31 ans. Dernière librairie régionaliste à Pau [...]. "Avant, ma clientèle se renouvelait mais aujourd’hui, les jeunes ne s’intéressent plus à l’histoire régionale car ce n’est plus appris nulle part. Tout cela risque donc de disparaître…"

Ma vision :
 l’idéologie de la mobilité : on rabâche aux jeunes qu’ils doivent bouger, partir... pour gagner leur vie.
 l’idéologie française : seule la France compte, les communautés régionales sont soit archaïques et sans intérêt, soit potentiellement dangereuses ; le dernier regroupement régional montre que les régions ne sont pas respectées comme des communautés historiques ; le pouvoir parisien se croit autorisé à n’importe quel tripatouillage.

A nous de jouer !

[Tederic M.]

Voir en ligne : http://www.larepubliquedespyrenees....

Grans de sau

  • Jean Lafitte m’a fait part de la lettre qu’il a envoyée à M. Saget, des Editions Marrimpouey, au sujet de ses propos rapportés par "La République des Pyrénées", et m’a donné également son accord pour la publier ici.
    La voici donc :

    Cher Monsieur,

    Je lis avec peine vos propos dans La République. Le rejet de l’histoire est malheureusement général, on vit dans l’instantané et les émotions du moment l’emportent sur les raisonnements appuyés sur une capacité de recul…

    Or il se trouve que je plaide depuis quelque temps pour l’enseignement de nos histoires régionales à tous plutôt que celui des langues régionales à quelques uns, qui n’en tireront rien pour la vie.

    J’en ai glissé un mot dans ma contribution écrite du 24 mai 2013 au Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité linguistique interne mis en place en mars 2013, par Mme la Ministre de la culture et de la communication. Je le joins à ce message ; il n’est en rien confidentiel, et tous les membres du dit Comité, dont David Grosclaude, en furent destinataires.
    Voici le passage sur l’histoire (§ 4-24, p. 16) :

    « 4-24 – Depuis quelque temps, et sans avoir lu la Circulaire Ripert du 9 octobre 1940 (cf. § 1-42), je préconise donc de réorienter l’enseignement, au moins en Métropole : au lieu d’essayer d’apprendre la langue à un tout petit nombre de volontaires, enseigner à tous l’histoire et la géographie locales, qui ouvrent sur la langue des anciens textes ou des toponymes ; et aussi des chansons en langue régionale, voire monter des pièces de théâtre dans cette langue, tous moyens pour donner aux élèves le goût de leur région et l’envie d’en savoir plus ; l’accès aux œuvres littéraires de la langue peut même être alors envisagé.

    « En parallèle, il convient de favoriser les cours d’adultes portant sur les mêmes matières et, cette fois, directement sur la langue, enseignée comme langue morte, certes, mais aussi de culture, comme le latin pour l’Occident.

    « C’est évidemment la seule voie pour une langue qui n’est plus parlée dans l’environne­ment des élèves. Mais c’est peut-être aussi la voie la plus productive de résultats de masse dans le cas de langues encore en usage social. »

  • La langue est primordiale en matière d’identité mais, pour le gascon, les conditions ne sont pas réunies pour un "revival". Donc M. Lafitte a raison. Enseigner le fait régional, sensibiliser les jeunes avant de chercher à enseigner une langue qui n’a aucune signification identitaire de prime abord. C’est ce qui s’appelle mettre la charrue avant les boeufs. Les Basques réussissent relativement bien avec la sauvegarde et le prestige de leur langue parce que, d’abord, ils ont une claire conscience de leur identité, ce qui est loin d’être le cas des Gascons. D’ailleurs, les jeunes Gascons avec une petite fibre patriotique ont souvent tendance à se définir comme basques, ce qui est un signe et une indication précieuse sur le prestige et le tropisme des voisins.
    Rappelons-nous que l’identité française ne coulait absolument pas de source sous nos latitudes avant l’école de Jules Ferry et qu’il a fallu inculquer l’Histoire, le mythe "national" aux petits provinciaux non francophones pour que l’apprentissage forcé de la langue française soit cohérent et signifiant.

  • Imprégner les élèves , par divers biais, de culture gasconne (ou autre culture régionale comme le visait la fameuse circulaire Ripert ou aujourd’hui Jean Laffitte),certes mais sans renoncer pour autant à l’enseignement du gascon comme langue...vivante pour tous ceux qui le peuvent.Du reste ,je vois mal comment organiser des représentations théâtrales en gascon si on ne le parle pas déjà !
    Quant aux" jeunes Gascons patriotes se définissant comme Basques",franchement,je n’en ai jamais rencontré un seul (le cas de notre ami Lartigue est différent).Ceux,peu nombreux sans doute, qui correspondent au signalement auraient même plutôt tendance à se définir,de façon assez excessive parfois, par réaction (mimétique) et contre l’appartenance basque voisine ...

  • La langue et l’identité sont intimement liées.
    Les belges francophones , à voir comment ils réagissent à la réforme de l’orthographe, sont culturellement français ; la culture est une interaction profonde avec le sentiment identitaire et la formation du psychisme de chacun.

    Des parents m’avaient rapportés que leur fille a l’école primaire après une intervention pour une sensibilisation aux anciennes traditions locales et à l’occitan, leur avait dit :
    "Je suis pas patoise, moi, je suis française !"
    Déchoir quelqu’un de sa nationalité n’a de sens que pour l’administration, il aurait mieux valu de parler de citoyenneté.

    L’accent, ainsi que des expressions, qui sont un substrat de notre langue expulsée, participent aussi de notre identité.

  • Mais oui Andriu, bien entendu. C’est la langue qui est à la base de l’identité et c’est bien pourquoi la France de la IIIème République, après la défaite de 1870, a décidé d’aller vers le tout francophone à marche forcée. Le sentiment d’appartenance à la Grande nation était très virtuel, surtout dans les régions non francophones. Or, il fallait absolument créer ce sentiment d’appartenance nationale et les dirigeants savaient parfaitement que la langue était l’outil indispensable, incontournable. En effet, comment des gens ne sachant pas parler le français auraient-ils pu se sentir partie prenante et aller se faire tuer pour la patrie sur les frontières de l’Est ?
    Ceux qui pensent que le sentiment d’appartenance à une identité gasconne pourrait faire l’économie de la langue se trompent très lourdement.
    Ceci dit, la situation actuelle ne laisse rien présager de bon.

  • La contribution du "nouvel observateur" est loin d’être inintéressante. Les trois dernière lignes de son message méritent même d’être soulignées en gras. Aussi, j’espère qu’il ne m’en voudra pas si je me permets cette liberté.

    Ceux qui pensent que le sentiment d’appartenance à une identité gasconne pourrait faire l’économie de la langue se trompent très lourdement.
    Ceci dit, la situation actuelle ne laisse rien présager de bon.

    L’identité gasconne, déjà bien mal en point il y a plus d’un demi-siècle, est de nos jours plus que problématique. Faire l’économie de la langue gasconne ne ferait qu’accroître et accélérer l’évanescence déjà galopante de l’identité gasconne. Par ailleurs, il faudrait peut-être bien revoir de fond en comble le concept de langue gasconne de manière à ne pas tomber dans des chimères du même acabit que le concept de "langue occitane" ou de "langue d’oc" au singulier. La graphie serait également à revoir car on ne peut plus continuer sur le modèle de la graphie-support "occitane classique". Un tel concept est inopérant, surtout dans le cas d’idiomes morcelés en une myriade de parlers locaux avec un lexique et une phonétique s’avérant de plus en plus différenciés au fur et à mesure de l’éloignement géographique. Dans le cas le plus extrême, cela revient à inventer des sortes d’idéogrammes recouvrant de multiples réalisations phonétiques. En auvergnat, cela en devient caricatural. L’idéogramme pala recouvrant une foultitude de réalisations phonétiques, en est un cas de figure exemplaire. Il paraît que certains Provençaux font de l’humour en disant qu’en occitan on écrit "fenêtre" et qu’on prononce "vasistas". Bien entendu c’est pousser le bouchon un peu loin, mais la caricature n’a-t-elle pas un petit air de ressemblance avec la réalité ? Et mettre sous une même étiquette "gascon" des idiomes aussi éloignés que le pyrénéen d’Aragnouet et le garonnais de Marmande ou le médoquin d’Eysines, autrement dit fourrer dans le même sac de l’"hyper-gascon" et du "gascon light" dont le degré de gasconité est bien inférieur à 50 %, c’est faire, en à peine moins pire, ce que font les occitanistes avec La langue occitane.
    Moralité, que faudrait-il faire ? A mon avis, tenter dans la mesure du possible, de conserver les vestiges des parlers locaux, afin de les réactiver, non dans leur usage sociologique passé, chose désormais impossible, mais du moins en tant qu’objets d’étude et de pratique pour ceux qui le souhaitent. Et en même temps essayer, sans trop se faire d’illusions, d’élaborer un gascon standard, normé, sous la forme d’une scripta et d’une koinè uniques, car nulle langue au monde digne de ce nom n’est enseignée ni apprise sous une multitude de formes et de variantes, seuls objets d’étude des dialectologues, professionnels ou amateurs.

  • Deux points rapides :

    1)dans le passé,sincèrement ou pas,les autorités françaises semblaient s’accomoder de la diversité linguistique française:Napoléon disait des Alsaciens(je cite approximativement,de mémoire) :"peu importe qu’ils parlent allemand puisqu’ils sabrent en français !".
    Quant à Renan, théoricien du nationalisme français opposé à l"allemand,il définissait la nation comme le lieu choisi par des citoyens issus d’ethnies(françaises) différentes pour vivre ensemble( déjà !) sans considération de leur ethnie et de leur langue ;à ce stade il ne s’agissait pas de se confondre en une seule ethnie et une seule langue (françaises) mas ça n’a pas tardé à venir avec la IIIè République et ses "hussards noirs".Aujourd’hui avec l’arrière -plan de l’intégration/assimilation (ou non ) des communautés musulmanes,tout cela prend d’ailleurs un autre tour et la question met totalement de côté dans le dialogue public celle des identités régionales évanescentes.

    2)d’accord avec Daniel sur la possible convivence (qui correspond à deux motivations différentes) entre des formes locales du gascon, souvent assez différentes et une "koine" commune (pas seulement une scripta,sinon,on revient au modèle occitan) avec de mon côté,le souhait que celle-ci soit quand même un peu flexible :un fil de discussion sur ce que pourrait être celle-ci et quel rôle serait le sien, me semblerait utile ;il est tard ,ben sûr mais cela ne nous dispense pas de cet effort.

  • Per lous qui auràn legit mas pousicioûns belèu ûn chic recurèntas sou gascoûn, que ve’n doúbtatz : que suy a 100% d’acòrd dab Danièl.
    Qu’es pramoun de’quò, que cau gramaticas de parlars loucaus qui pusquin vàler per tout un dialècte.

  • Mais ces documents existent pour la plupart des dialectes gascons. il suffit d’aller les consulter !
    Tout le travail a été fait depuis longtemps !

  • En effet il existe pas mal d’ouvrages, grammaires, études, dictionnaires, lexiques, concernant certains dialectes gascons. Parmi eux, en voici quelques-uns qu’on peut consulter sur le Net :

    La Langue Gasconne à Bordeaux, par Edouard Bourciez  :

    https://archive.org/details/LaLangueGasconneBordeaux

    Essai Grammatical, dialecte bordelais, par l’abbé Caudéran :

    https://books.google.fr/books?id=Kn8CAAAAQAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false

    Dictionnaire gascon-français, département du Gers, suivi d’un Abrégé de Grammaire Gasconne, par Cénac-Moncaut :

    https://books.google.fr/books?id=PnwCAAAAQAAJ&pg=PA119#v=onepage&q&f=false

    Grammaire Gasconne, parler du Savès (Bas-Comminges), par Christian Piques et Michel Saint-Raymond :

    http://www.saint-raymond.fr/docs/grammaire_du_Saves.pdf

    Etudes sur le dialecte du Lavedan, par Eugène Cordier :

    https://archive.org/stream/tudessurledial00corduoft#page/n3/mode/2up

    Aussi, il serait judicieux de s’y référer bien que la création d’une koinè, même à l’échelon dialectal s’avère de nos jours problématique sans la création préalable d’une scripta qui fasse l’objet d’un minimum de consensus. On est très loin, très loin de ce stade initial... Il faudrait une armada d’écrivains, de linguistes, de philologues et de grammairiens pour mener à bien une telle entreprise. Quelques bonnes volontés, par ci, par là, ne suffiraient pas. N’oublions pas non plus que la vie est brève et que, à moins de mener une vie d’ermite ou de moine bénédictin, d’autres priorités s’imposent. Sans compter qu’il faudrait, quitte à se répéter, une évolution favorable et radicale du sentiment identitaire gascon. Il y a loin de la coupe aux lèvres...
    Contentons-nous très modestement, lorsqu’on a la chance de connaître encore un peu un parler local, de le nettoyer de tous les francismes qu’il comporte et qui faisaient partie de la langue courante de la dernière génération, celle qui n’a plus transmis la langue, parce qu’elle n’a ni pu ni voulu. Ce serait déjà un très grand pas en avant. Je pense que sans tomber dans le travers consistant à s’inventer des sabirs de bric et de broc, on pourrait, du moins à l’écrit, commencer par regasconniser ce qui a été francisé à tour de bras dans le temps au point de devenir des parlers hybrides comme le "bordeluche" ou quasi-hybrides comme le "patois" des campagnes garonnaises.

  • Mercredi, jour des enfants et des profs qui sont chez eux.
    Je suis régulièrement les échanges du site. En accord total avec Danièl. Je viens d’envoyer un petit travail à Tederic, qui le mettra vraisemblablement bientôt en ligne.

    Bonne journée à tous

  • Bien d’accord.
    S’ils ne s’y intéressent pas, c’est trop souvent parce qu’ils n’ont rencontré personne qui les y ait intéressés.
    Ce serait le travail des instituteurs, des professeurs d’histoire et géographie, d’éducation musicale. Mais si ces transmetteurs institutionnels ne connaissent rien à la question, s’en moquent ou sont hostiles a priori, ce qui est souvent le cas, le monde du patois, seule désignation populaire courante effective, se réduira aux souvenirs d’enfance des sexagénaires et puis...

    Il y a cent ans, les parents qui le pouvaient se tournaient déjà en français vers leurs enfants, d’abord dans les chefs-lieux de cantons. Comme langue sociale le gascon s’est réduit peu à peu à mesure que ses parlers devenaient moins compréhensibles à longue distance, faute d’emploi : relégation proportionnelle qui touche toutes les langues dites régionales (moribondes aujourd’hui malgré les chiffres officiels).

    C’est l’intérêt pour le pays qui sauvera ce qui peut être sauvé. On n’a jamais vu un mouvement purement linguistique sauver une langue s’il ne s’y attache un fort sentiment d’appartenance, assorti ou non de revendications sociales. Mais il faut pour cela qu’une conscience de peuple s’oppose à l’identification dominante imposée. Faute d’élites nationales, l’assimilation des alloglottes dans l’Etat français était acquise. Restait à rationaliser le processus en évitant les réactions. La ré-éducation s’est faite entre 1880 et 1960. Où d’autres fidélités prévalaient, il a fallu employer la force.

    Aujourd’hui la solution "pan-occitane" paraît déconnectée du sentiment de la / des population/s. Pourtant la question de l’identité est liée au territoire, comme nous l’avons dit dans le Manifeste gascon. Mais cela n’apparaît pas dans le discours public et "les partis" sont trop attachés à leurs avantages acquis ou escomptés pour s’aventurer sur ce terrain devenu marginal. Quant aux médiats, ils sont de nulle part.

    Un gascon de référence est indispensable au moins pour la notation des phonèmes, mais on ne saurait condamner noeit ou nut. Si l’on part du terrain, il faut donner le goût d’approfondir et, par la suite, d’améliorer, de retrouver.
    C’est une autre étape.

    Les faiblesse des codes graphiques en vigueur ne sont pas si difficiles que cela à identifier. On n’a pas entendu H. Gavel quand il préconisait un choix scolaire pragmatique, bien qu’il reconnût la validité théorique du système d’Alibert. On n’a pas davantage entendu les critiques "conservatrices" à l’encontre de la graphie Bourciez. La graphie préconisée par V. Lespy, qui n’allait pas dans le sens de la simplicité ni même de la cohérence, avait été remise en question dès 1897 dans les Reclams,. Les normes plus pratiques, qui étaient dans l’air grâce au succès de Mistral, furent rapidement énoncées et adoptées sous le titre restrictif de « Règles orthographiques du béarnais moderne » (1er avril 1900). Bourciez fut l’artisans d’une graphie gasconne accessible au plus grand nombre, pour une langue encore très vivante bien que pas enseignée, mais aussi à certains égards le destructeur d’une tradition.

    Nous n’en sommes plus là.

    Comment donc faire le lien entre la génération qui a été francisée quand les parents ont choisi de ne se tourner qu’en français vers les enfants et ceux qui veulent se réapproprier la langue ? (à supposer que les deux mondes le souhaitent). La question, trop souvent éludée, doit être posée : quel est le rôle des derniers locuteurs natifs ? Ou, avec moins d’illusions, de ceux qui connaissent encore des pans ou des bribes de savoirs ? Quel est leur participation à l’avenir de la langue, si on lui en veut un ?

    Les diverses conceptions revivalistes supposent un enseignement assez large, sinon général, de la langue. Une initiation qui insisterait sur le patrimoine historique, culturel, économique, régional et local se fait urgente. Ce qui renvoie d’une part à la situation des derniers locuteurs, de l’autre à ce que l’on veut pour la langue à l’avenir (« Quelle langue pour quelle culture... et pour quoi faire ? » demandait en 1998 P. Sallenave dans Per Noste – Païs Gascons no 187).

    Une bonne solution serait de penser la complémentarité de tous les milieux renaissantistes fondée sur un maillage le plus serré possible d’associations centrées sur la langue pratiquée (parlée, chantée...), quitte à distinguer deux codes écrits suivant la situation (comme cela se fait dans la pratique). Ce serait sûrement de resserrer les liens ou d’en créer entre tous ceux qui se veulent un rôle linguistique désintéressé et les autres acteurs de la vie locale (des hestes, courses, danses, artisanat, architecture, etc.). La question centrale est bien celle de la Gascogne dans toutes ses dimensions.

    Mais cela ne peut se faire sans ancrage local. Cela ne peut se faire non plus sans appel aux appartenances régionales globales, ici la Gascogne (et seulement elle).

    Parlers et langue de référence devraient s’étayer. Mais la notion française de culture exclut le plus souvent cet enrichissement mutuel. D’où le mépris des "patois" et l’exaltation des modèles hors-sol institués.

    Sur le désintérêt pour l’histoire, il en va de même dans la plupart des "régions". Si l’histoire n’est qu’une collection de faits révolus, pourquoi s’y intéresser ? C’est une affaire de spécialistes moins plaisants qu’un scénariste de séries télévisées. Si ce n’est pas l’histoire d’un peuple, d’un "Nous", ce n’est qu’un objet extérieur. Pareil pour le reste.

    "Les choses étant ce qu’elles sont", il faut être ambitieux et modestes, ne pas se tromper d’activité.

  • Une anecdote d’enfance :
    Il y plus de cinquante ans, nous étions dans le train de Pau. Le compartiment (deuxième classe, wagon vert foncé, deux banquettes face à face, sous des photos en blanc et noir de paysages régionaux, location d’oreillers au départ, interminables arrêts dans les Landes en pleine chaleur, vous vous souvenez ?) était plein et l’on discutait, car en ce temps-là les gens se parlaient. Comme chacun racontait sa vie, où il allait, etc., il apparut que les voyageurs étaient tous plus ou moins du "Sud-Ouest". Un petit garçon, huit ou neuf ans, très éveillé (je me souviens qu’il avait un oeil de verre, s’il se reconnaît, on ne sait jamais...), finit par faire la bonne observation : "Et toi aussi tu es patois ? Et toi aussi ?" Tout le monde convint que l’on était patois, décidément.

    Mais nous ne sommes plus en ces temps obscurs, n’est-ce pas ?

  • Lusènt çò que dísetz.

    Entà jo, lo ròtle deus darrèrs locutors natius n’es pas sonque de parlar entà poder documentar los espacis linguistics gascons. Linguistics e pas sonque. Le lenga qu’es lo vector deu colectatge mes lo continut que pega, mè que mè, au peïs. Tot çò que collèctam dab l’Ostau Comengés qu’es ligat au peïs, qu’es l’Istòria deu parçan. Le lenga que n’es le pelha, se vòlen.

    Entà har un chic de publicitat, pas goaire a, que hirem aquò : ua maleta pedagogica (dab hòrt d’extrèits de collèctas) qu’es estada distribuida en totas les escòlas de l’Arièja. Atau, los mèinatges que’s pòden assabentar de le soa cultura pròpia en escotantz los vielhs de soacasi a parlar "patoès" de subjècts autan hòrts e divèrs com l’exòda rurau, les raflas de judius o lo 11de seteme a New York.

    http://www.oralitatdegasconha.net/malette-pedagogique-en-occitan-gascon-condam-eth-coserans/


Un gran de sau ?

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