Gascony against Bordeaux ? Vins de Gascogne

- Tederic Merger

Vignobles de Gascogne
Sur une idée et un canevas de Jacques Ayrial, carte réalisée à partir de http://www.excellence-plaisirs-aromes-et-saveurs.com/i_form_oenotourisme.htm

Le grand média états-unien CNN présente l’émergence d’une Gascony (bientôt réduite à l’Armagnac !), "Tuscany of France", dont les vignobles - mais aussi l’art de vivre (plus simple, plus vrai !) - viendraient rivaliser avec le Bordeaux.
Younger, tastier, cheaper : Is France’s Gascony the new Bordeaux ? (Plus jeune, plus savoureux, meilleur marché : Le Gascogne est-il le nouveau Bordeaux ?).

J’ai jugé bon de tweeter au nom de ReGasPros...
Enlever d’emblée tout le vignoble bordelais à la Gascogne, en présentant celle-ci comme concurrente, c’était trop...

Ensuite, j’ai un peu creusé la géographie des deux vignobles, en espérant trouver une continuité géographique entre eux.
Or, il y a bien une coupure nette. La massif landais, peu propice à la vigne (en tout cas la grande), enfonce un coin entre le grand Bordelais-Bazadais, et le terroir de Gascogne médiane.
Par contre, le vignoble bordelais est en continuité avec des vignobles gabayes, périgourdins ou guyennais...

Bref, il sera difficile de fédérer les vins de Bordeaux et les autres sous une étiquette "Vin de Gascogne" ; genre "Je bois un Gascogne", qu’on boive du Bordeaux ou du Madiran...
Maintenant, qui sait si les connaisseurs ne trouveront pas de parenté souterraine entre les deux grands domaines, due aux cépages, aux climats, aux méthodes anciennes...? N’i coneishi pas ren...

[Tederic M. - carte du haut laborieusement bricolée à partir de cartes de http://www.excellence-plaisirs-aromes-et-saveurs.com/i_form_oenotourisme.htm]

Voir en ligne : L’article de CNN (plein de clichés !)

Grans de sau

  • Historiquement, le vin de Bordeaux, c’est le vin exporté depuis le port de Bordeaux : il provenait du bassin aquitain, au sens géographique du terme, et remontait les rivières.

    Bref, le vin de Bordeaux, c’était le vin de la vallée de la Garonne (une mer de vignes jusqu’à Agen), du Bergeracois (source importante) et de la vallée du Lot (le Cahors).

    La situation actuelle, comme souvent, a été entérinée au XIXème siècle, qui a créé toute la terminologie pompeuse que je me refuse à comprendre, et a surtout exclu les vins du bassin aquitain au profit des seuls vignobles girondins (au fond, la départementalisation a joué).

    Pour le reste, le vin de Bordeaux s’est développé au Moyen-Âge essentiellement, quand les Anglais ont perdu le Poitou et la Saintonge dont ils appréciaient les vins. Bordeaux a comblé un vide commercial.

    Bref, raisonner en termes de continuité géographique n’est pas valable dans le cas précis du vin, tant les limites géographiques ont été fluctuantes et contingentes. Même si évidemment, la réalité d’aujourd’hui crée un ressenti.

    Pour le reste, je pense que l’utilisation du mot de "Gascogne" ne sert à rien dans le cadre du vin de Bordeaux, mais qu’il importe en revanche que le Gers cesse de s’accaparer ce terme. Bref, on peut vendre du vin sans parler de Gascogne !

    Dans tous les cas, le facteur qui me semble le plus important est celui des CCI, donc in fine, le département.

  • Régulièrement les négociants du Bordelais venaient " compléter " leur barrique avec du blanc sec du Gers " en Gascogne " ou du rouge...
    qui n’est pas trop mauvais ,il faut bien le dire ... Et les Bordelais on régulièrement bu de la piquette gersoise en croyant absorber du nectar girondin , cela nous a toujours bien fait rire dans le 32 ...Surtout quand les Bordelais trouvaient nos vins trop chargé en tannin , bref trop paysan ...

  • Les CCI... et les chambres d’agriculture, bien sûr !

  • Aucun terroir viticole de France, ni du monde, n’a la richesse et la diversité des vignobles du Bordelais. Maintenant, il y a parfois un peu de foutage de gueule quant au rapport qualité-prix de certains "châteaux" qui, sous prétexte de l’appellation Bordeaux, exagèrent. Il y a beaucoup de bon et de très bon en Bordelais mais il y a aussi un peu de mauvais. Quant aux autres vins du triangle gascon, ils sont souvent sympathiques et agréables mais n’atteignent jamais le niveau des grands crus de Gironde.

  • Le niveau des grands crus, sans doute pas mais quand même : non seulement il n’y a plus guère de mauvais vin en France depuis une bonne vingtaine d’années mais certains de nos vins gascons, aquitains et autres ont su se hausser à un niveau très élevé voire excellent.
    J’ai bluffé récemment des Bordelais de ma connaissance, très exigeants sur la qualité et très fiers de leurs vins en leur faisant goûter un Tursan (Château Bourda), pourtant de 2012, année plutôt médiocre ...

  • Belle carte, ami Tederic, complète à 99% ! Il y manque un ou deux petits points pour les vins de sable de Messanges et Vieux Boucau (un peu confidentiels) dont j’avais parlé dans une chronique à Radio Pais il y a quelques mois.
    Le Vin de Sable de Capbreton

    Sinon, tu as raison : les vins de Bordeaux se suffisent à eux mêmes en fait de notoriété et l’appellation "Gascogne" n’y apporterait rien bien qu’ils soient objectivement aussi des vins de Gascogne.
    Quant aux cépages, il faut noter que nos vignobles du sud gascon utilisent deux types de cépages : les cépages communs au Bordelais (voire au delà dans le cas des blancs) et d’autres, purement autochtones. En général, ceux-ci sont minoritaires dans la fabrication du vin sauf dans le cas du Madiran et du Jurançon, je pense, avec les gros et petit mansengs.
    En matière commerciale, les vins "Côtes de Gascogne" ont choisi de faire cause commune jusqu’à présent avec d’autres vins du "Sud Ouest", de l’autre côté de la Garonne, un choix qui se discute car certains (vins du Rouergue,par exemple) me paraissent moins "nobles" que nos vins gascons ; l’amalgame possible dans les vues du public risque donc de ne pas jouer en faveur des nôtres.

  • Heureux temps (mai 2019,hier et comme si c’était il y a dix ans !) où 1600 personnes pouvaient festoyer dans un même lieu sans crainte de l’épidémie(ni de la gendarmerie ) ....
    Le fondateur d’Alibaba était donc venu sur nos terres de vin girondines :était-ce pour préparer diplomatiquement son arrivée sur la zone humide de Belin ? Ou bien est-ce alors que l’idée lui sera venue d’ installer pas trop loin de Pauillac son futur centre logistique français ?

  • J’ai assisté hier à une conférence sur les derniers développements de l ’oenotourisme à la Cité des Vins à Bordeaux.La conférencière commentait une diapo incitant à la découverte de la gastronomie des vignobles (cf site visitfrenchwine.com).
    Dans la liste de "nos vignobles" figuraient une bonne part des régions viticoles françaises,toutes désignées par leur vrai nom : Beaujolais,Bergerac et Duras,Jura,Languedoc,Provence,Savoie,Vallée du Rhône ...sauf une région baptisée "Sud Ouest" aux contours très vagues comme on sait(cf mon post numéro 6 de décembre dernier):il faudrait quand même que nous sortions de cette pathétique incapacité à nous nommer,si nous voulons nous projeter efficacement hors de nous mêmes !

    Voir en ligne : https://www.visitfrenchwine.com/map.html


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