Les coulisses de la réforme territoriale La confiscation du pouvoir de décision

- Vincent P.

A 33:33, sur ce reportage de France 5 sur les conseillers de l’ombre dans les ministères, diffusé hier soir, et valable 6 jours à la demande, vous aurez un éclaircissement de plus sur les coulisses de la réforme territoriale.

C’est tout à fait ce que nous savions, mais en pire en fait : quelques conseillers ont décidé de tout, par pure stratégie politique, un jeu de dessin de la carte régionale entre conseillers s’est enclenché, qui a perduré au Sénat.

Aucune étude économétrique, aucune prise en compte des facteurs culturels, aucun audit sérieux même : nous sommes un pays fou.

Voir en ligne : "Ces conseillers qui nous gouvernent"

Grans de sau

  • Merci pour le lien que j’ai enregistré pour "visualisation" future.
    A mon avis les régions ont été créées autour des métropoles régionales Bordeaux et Toulouse sans se soucier des régions naturelles.

  • Je viens de regarder le reportage qui n’est plus en ligne sur le net.

    Je n’ai rien à ajouter au commentaire initial de Vincent qui a bien décrit le processus.

    Certains politiques prônent des referendum à tout va mais bien sûr pas au sujet de cette pseudo réforme régionale.

  • C’est un non-sujet pour l’ensemble du monde politique français,hélas .

  • J’avais pu visionner la vidéo avant sa "dé-diffusion".
    D’accord avec les commentaires précédents.

    J’ajoute que, si les conseillers peuvent être critiqués - sur ce point précis - pour leur légèreté, leur parisianisme, leur jacobinisme prégnant (mais l’un d’entre eux, par ailleurs plutôt sympathique, dit qu’il vivait à New York et envoyait par mail ses idées sur la refonte des régions...), ils ont épousé les même tendances présentes aux sommet de l’Etat chez les "politiques" qui les commandent.

    Il est dit à un moment du documentaire que cette idée de la refonte a plu aux "politiques" en place parce que (je n’ai plus les termes exacts) elle allait donner du grain à moudre aux français : on leur donne un os à ronger, sans bien sûr modifier l’essence jacobine de l’Etat français... c’est comme ça que je l’ai compris.

    Maintenant, si on écoute les français de base, et notamment pour ce qui nous concerne, les français du sud-ouest, il n’est pas clair que l’opération les ait séduits.
    Mais ce qui peut nous décevoir, c’est que, grosso modo, ils l’ont finalement acceptée comme un évènement un peu secondaire, une espèce de fatalité météorologique...

    Un exemple : j’ai vu récemment que le courageux Philippe Meynard, ancien maire de Barsac, qui s’est montré réceptif à une certaine affirmation occitane sinon gasconne (avec notamment la création de la Calandreta de Siron) entreprend ces jours ci un tour de la Nouvelle Aquitaine à vélo, pour faire passer le message de prévention des AVC :
    http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2016/10/14/rescape-d-un-avc-il-fait-le-tour-de-la-nouvelle-aquitaine-a-velo,2062455.php
    C’est bien sûr le choix de la "Nouvelle Aquitaine" qui m’interpelle, et pas le tour à vélo qui est une entreprise généreuse ; ça montre comment, dans ce domaine de la répartition des pouvoirs entre centre et périphérie, un choix politique arbitraire du pouvoir parisien est très vite intégré par tous les "français d’en bas", comme s’il leur manquait des défenses immunitaires...

  • Pour revenir sur l’opinion gasconne sur les nouvelles régions :
    J’ai remarqué dans les forums de "Sud-Ouest", depuis que ce sujet est sur le tapis, la présence récurrente, et venant d’internautes variés, de messages qui défendaient un point de vue gascon ; avec parfois, comme dans le forum de l’article ci-dessous (le texte de l’article est crypté mais pas son forum), une référence à l’Aquitaine de César (la Garonne sépare les aquitains des gaulois - voir le message de "aranhat").
    Allez, je le cite en entier, il a vraiment sa place sur Gasconha.com :
    « Le problème pour reconstituer la Gascogne (ou l’Aquitanie des origines), maintenant partagée entre les régions de Bordeaux et de Toulouse, c’est que les deux grandes métropoles régionales sont pile-poil sur la Garonne.(dont César disait "Gallos ab Aquitanis Garumna flumen diuidit") »
    http://www.sudouest.fr/2015/12/22/et-si-la-region-s-appelait-en-fait-aquitaine-2224474-3452.php

  • Il n’est pas impossible que la fabrication du Français entraîne, depuis longtemps, une baisse des défenses immunitaires.
    Vite, une ingestion de Madiran ou de Jurançon ! Si les symptômes persistent, suivre l’ordonnance du Manifeste gascon. Dépasser la dose prescrite ne nuit pas.

    En cas de douleurs articulaires, faire trois fois le tour de l’arregiouasse sur des échasses (méthode Sylvain Dornon).

  • "Aucune étude économétrique" préalable à la refonte des régions ?
    Il y a bien eu des travaux qui ont armé les décideurs de l’idée que seules les "métropoles" sont désormais des foyers de croissance, et donc qu’il n’y a pas de région viable qui ne s’appuie sur une de ces métropoles.

    Je signale un article de l’économiste universitaire Olivier Bouba-Olga qui contredit ces travaux :
    La métropolisation, horizon indépassable de la croissance économique ?
    En gros, l’auteur conteste les économistes que je qualifie de "métropolistes" (Davezies et Pech, publiés par "Terra nova", et d’autres...).
    Je n’ai pas suivi tous les détails de son raisonnement, mais il me semble que ça tient debout.

    Les auteurs contestés se fondent sur l’exemple de la Région parisienne qui aurait une productivité par habitant nettement supérieure au reste de la France ; leur idée est, si je comprends bien, de créer une dizaine de petits Paris (nos "chères" métropoles régionales) qui brilleraient aussi par leur productivité...
    Or, Olivier Bouba-Olga démonte (lisez bien : démonte et pas démontre !) la supériorité productive de la région parisienne, en critiquant les indicateurs utilisés.
    Je cite avec plaisir le paragraphe qui conclut un des moments de sa démonstration, et qui est moins austère qu’elle :
    « Pour toutes ces raisons, si le Limousin (par exemple) a un PIB par habitant plus faible que l’Île-de-France, ce n’est parce que ses élus ont été de mauvais gestionnaires, ou que ses habitants sont paresseux, inefficaces et peu entreprenants, c’est parce que l’évolution du pays sur plusieurs siècles a produit une certaine répartition des activités sur le territoire qui a fait du Limousin une région plutôt rurale. Imaginer que toutes les régions françaises pourraient avoir la productivité de l’Île-de-France n’a pas de sens. C’est un peu comme si l’on affirmait que si tous les Français voulaient bien se donner la peine d’obtenir la même rémunération que les dirigeants du CAC40, il y aurait moins de misère dans le pays. »

    Je signale aussi un article du même auteur, réservé aux abonnés du Monde (je n’ai donc lu que le début), et parlant de l’élection de Trump, mais certaines idées concernent le débat sur la métropolisation en France : Non, le vote des américains n’oppose pas le centre et la périphérie
    Allez, je cite la fin de la partie non payante :
    « Tout un ensemble de discours enrobe d’un vocabulaire académique et d’indicateurs quantifiés plus ou moins fantaisistes une idéologie qui sépare du reste de la population une « élite » constituée de personnes qui seraient dotées de « talents », qui atteindraient donc des formes d’« excellence » et participeraient à une mondialisation produisant nécessairement du progrès, des personnes qu’il s’agirait d’« attirer » par des ­rémunérations élevées et des conditions de vie qui leur conviennent. C’est une forme contemporaine du mépris de classe auquel s’oppose la croissance désespérante des discours xénophobes et racistes.
    Cette idéologie a son versant territorial, une sorte de mépris de place qui relaye le mépris de classe. Les personnes « talentueuses » sont censées être mobiles et préférer... »

  • L’Occitanie, une union contre-nature avec deux métropoles qui se tournent le dos
    Ce court article de Michel Abhervé (relayé par La petite Gascogne) se fonde sur une étude de "l’INSEE Occitanie" et d’une agence toulousaine.

    Il en ressortirait que Toulouse et Montpellier étaient des métropoles régionales (Toulouse nettement plus grande que Montpellier) qui avaient peu de relations entre elles.
    Toulouse a plus de relations avec Bordeaux :
    « Une extension du champ d’étude confirme également que l’aire urbaine de Toulouse se raccroche à l’aire urbaine de Bordeaux tandis que l’aire de Montpellier, plus autonome, est plus orientée vers le réseau Marseille-Aix »

    Quel est alors le dessein de ce regroupement en Région "Occitanie", qui mettrait ensemble deux métropoles qui se tournaient le dos, et ignorerait deux métropoles qui ont des relations fortes, Bordeaux et Toulouse ?
    Casser Montpellier pour renforcer Toulouse ?
    Il semble que l’idée d’une métropole bipolaire entre les deux soit caressée, mais c’est peut-être pour calmer Montpellier...

    Certes, le volontarisme n’est pas à proscrire en politique, et peut conduire à renforcer les relations de bassins d’activité qui se tournent le dos... Encore faut-il expliquer pourquoi !

  • Je pense que selon une vision métropolitaine classique, issue de l’école géographique française, le partage entre Bordeaux, Toulouse et Montpellier était pleinement satisfaisant.

    Trois métropoles qui se partageaient un grand quart SO de la France, avec quelques débordements d’interpénétration, Bordeaux vers Poitiers via Angoulême, Toulouse vers Montpellier via Carcassonne, Montpellier vers Marseille via l’ensemble urbain intégré majeur de la basse vallée du Rhône (Nîmes, Arles, Avignon).

    Bref, des découpages équilibrés, qui ignoraient évidemment les réalités ethno-culturelles que nous défendons, mais des découpages cohérents selon leur logique interne.

    La fusion des régions a obéi, quant à elle, à une logique absolument irrationnelle, dans la violence d’une défaite électorale, et des grands ensembles ont fusionné au gré de marchandages politiques (en Aquitaine, le poids des élus socialistes de Gironde, et celui d’une figure locale LR en Poitou-Charentes comme Bussereau, qui n’a jamais vu que l’intérêt de Royan ; en Languedoc-Roussillon, le rôle des socialistes audois, dans le contexte politique de l’effacement du socialisme montpelliérain de l’après-Frêche, quelque peu hérétique).

    Cependant, si nous constatons aujourd’hui l’absurdité totale des découpages, les élus les premiers, et si je pense que nous reviendrons sur ce découpage à terme (je constate dans ma pratique des choses absolument folles, par exemple le transfert aux régions du transport scolaire de proximité, ce qui n’a aucun sens en terme d’échelle d’action), il n’en reste pas moins que nous avons payé également un certain temps long, en l’espèce le concept flou de Languedoc.

    Le Languedoc n’existe pas. Ou tout du moins, son ambigüité à être défini joue depuis très longtemps sur les esprits. Le Languedoc n’a jamais été, en somme, que les possessions des Comtes de Toulouse dans le sud de la France, une création administrative, prélude à l’annexion de la Provence et de la Guyenne, ce qui se fera ultérieurement.

    Il s’agissait d’un patchwork de contrées, à cheval sur deux bassins géologiques très distincts, dont la capitale Toulouse se trouvait aux confins les plus occidentaux, et dont la frontière orientale sur le Rhône était l’artifice même.

    Une identité juridique a pu naître de ce Languedoc d’Ancien Régime, tout comme il exista une identité provençale ou guyennaise, attachées aux anciennes traditions légales des contrées en question. Il n’en reste pas moins que le Languedoc, entre Toulouse et Montpellier, n’a jamais été un espace vécu.

    Le problème vient évidemment du fait que le mouvement occitaniste, à l’heure de baptiser, un peu artificiellement, l’espace linguistique identifié en creux entre gascon (presque une langue différente), catalan (une langue différente, au bénéfice de la politique) et provençal (foyer d’innovations linguistiques, consacré pôle identitaire par le génie de Mistral), a choisi le terme un peu barbare de languedocien, qui sent son XIXème siècle (aucun autochtone n’a jamais dit parler "languedocien", contrairement au gascon ou au provençal).

    Sans même entrer dans le débat de savoir si une même langue est parlée de Bergerac à Lunel (je ne le crois pas), on ne peut que constater que la confusion la plus totale a été entretenue entre Languedoc, dans son acception historique, et Languedoc, dans son acception linguistique.

    La première acception est indéniablement une réalité, mais je renvoie à ce que j’ai écrit plus haut : il ne s’agissait vraiment que d’une construction administrative. Bizarrement, les anciennes régions MP et LR étaient venues clarifier tout ceci, et un Georges Frêche, un peu mégalomaniaque, avait voulu entériner tout ceci avec de la comm’ : c’était la Septimanie.

    Dans tous les cas, nous sommes arrivés à une situation, aujourd’hui, où le Languedoc se trouve être parmi les structures d’Ancien Régime celle qui retrouve le plus de visibilité par l’entremise de la région dite Occitanie, alors même qu’elle est depuis les origines la structure la plus artificielle qui soit.

    Et par un drôle de hasard, à l’ouest, la région Nouvelle-Aquitaine retrouve la forme biscornue des découpages médiévaux de l’ancien duché d’Aquitaine, qui comme le Comté de Toulouse, n’a jamais été le fruit d’alliances matrimoniales entre roitelets locaux. Contre les réalités vécues.

    Où veux-je en venir ? Tout simplement que par l’un de ces paradoxes de l’Histoire, nous avons renoué avec le nouveau découpage régional à l’artificialité médiévale d’ensembles biscornus, là où le XXème siècle, peut-être maladroitement, avait voulu identifier des bassins de vie, donc des réalités vécues, certes sur les seuls critères économiques de la référence à une métropole.

    En somme, le découpage de la DATAR était en soi beaucoup plus émancipateur que ne l’est le découpage baroque de la loi NOTRE, qui renoue avec des fidélités étranges, depuis le récit de sa formation (une négociation entre quelques députés), jusqu’à la réalité pratique (aucune coopération de fait entre des espaces métropolitains juxtaposés sans logique).

    Un espoir cependant : tout ceci a été si mal fait qu’à l’heure de redécouper convenablement la France dans 20 ans, nous aurons eu le temps de faire passer nos idées. Il faut l’espérer.

  • Dans la droite ligne du patois ou de l’accent diffusé et admis uniquement pour faire rire -voir Ferdinand Masson, Fernand Sardou, la Catinou, Fernandel-, "les Chevaliers du fiel" ont conçu un hymme pour l’Occitanie :
    https://www.youtube.com/watch?v=TP7wQeJmM7M

    avec tous les clichés qui nous font dresser nos cheveux sur la tête, soleil, pastis... D’autant plus agaçant que ces deux acolytes prennent l’accent pointu en dehors de leurs sketches, et pourtant moi aussi je riais bien quand je les avais découverts à l’époque sur Sud-Radio !


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs