Ce reportage de fin d’études d’école de journalisme prend pour sujet un couple de paysans béarnais des environs de Navarrenx et est proposé en visionnage sur Youtube, en libre accès.
Le reportage en soi n’est pas intéressant d’un point de vue formel : je trouve le commentaire de la jeune journaliste un peu pénible, d’une distance au sujet gênante et maladroite, mais il s’agit là de ses propres grands-parents, aussi elle est parfaitement excusable. La jeunesse entre en compte également.
Si je propose en lien ce reportage, c’est pour entendre pour la dernière fois des sonorités qui s’évanouissent : ce n’est plus le gascon, déjà, à l’exception de quelques termes (dia !), mais le français régional avec un très fort accent régional.
Ce monde est aujourd’hui mort ou plus que moribond : sa destinée s’identifie assez nettement à l’ambiance générale du documentaire, tourné en hiver, dans des paysages béarnais tristes. La ferme "se laisse mourir", dit le commentaire.
La virée à Navarrenx, dans cette petite ville cimentée aux trottoirs bien neufs, petite ville qui est dite "village" dans le commentaire, est aux limites du sinistre, crépusculaire. Je retiens plus particulièrement la scène au bar-tabac, où l’accent d’oïl d’un client à la verve gauloise (qui m’horripile quelque peu) tranche nettement avec ce langage-fossile des derniers paysans, qui ne trouve plus à s’exprimer dans la modernité contemporaine, condamné à quelques phrases stéréotypées.
Le regard du mari sur sa position de "domestique", venu épouser la maîtresse de maison, est très intéressant : malgré le Code civil, on a là un homme qui avait complètement intériorisé sa position de pièce rapportée, qui dit venir de "loin", alors qu’il était originaire de Camptort, la ferme se situant, je crois à Sus. Une autre galaxie.
Bon visionnage à tous, et sortons de pareil reportage avec l’idée ferme de relever nos petits pays gascons !