Landes Emotion

- Gerard Saint-Gaudens

Retour sur la course landaise : l’été s’y prête avec sa succession de petites courses dans les arènes de villages et grandes manifestations comme le magnifique Concours landais du premier jour des fêtes de Dax il y a trois semaines.
D’autres types de spectacles estivaux nous y renvoient du reste : j’avais évoqué il y a presque un an le spectacle Toro Passion de Clément Grenet.

Course landaise et culture gasconne : une évolution ? Comment un ganadero introduit l’art equestre dans la course

Cette année le prestigieux sauteur Nicolas Vergonzanne, octuple champion de France aujourd’hui dédié à la propagation de la passion taurine auprès des jeunes générations, est l’auteur d’un spectacle déjà donné cet été à Dax, à Mimizan, à Soustons et dernièrement à Tyrosse.
J’y vois moins une possible évolution de la course elle-même (comme dans le cas de Toro Passion) qu’une réintégration au moins partielle de la culture gasconne dans la course landaise en même temps qu’une recherche de nouveaux publics au moyen d’un spectacle de qualité (comme Toro Passion).
Landes Emotion est donc ce spectacle de l’année, réunissant plus de moyens que Toro Passion mais comme lui intégrant l’art équestre dans le spectacle sinon dans le jeu taurin lui-même. Et avec plus de moyens : on pressent qu’habilement Nicolas Vergonzanne a réussi à obtenir l’aide du Conseil départemental (financièrement peut-être et en tous cas en faisant relayer largement l’évènement par son service touristique (voir www.landestourisme.com).
C’est probablement là tant la force de l’entreprise (appuyée sur le club taurin Boletero fondé par Nicolas et son frère Frédéric, lui aussi très présent dans ces soirées) que sa limite : elle exalte la course landaise en la parant des prestiges de l’art équestre et du flamenco (voir ce que nous disions l’an passé de ce même recours aux danses espagnoles chez Toro Passion) et en même temps la met d’une certaine façon au service d’une sorte de patriotisme départemental qui fut si fortement promu par feu le président du département pendant de longues années.
Ce faisant, le spectacle « landise » à fond l’art taurin tant à destination d’un public de touristes invité à revenir dans ce même département si porteur de riches traditions qu’à l’intention des Landais eux-mêmes à qui était certainement dédiée la bannière « Transmettons nos traditions » (sans traduction gasconne bien que la langue soit en mode mineur et implicitement une des traditions à transmettre pour Landes Emotion).
Il n’est donc pas étonnant que parmi les chants en gascons entonnés par les choristes présents dans l’arène ou les gradins, figure au premier rang l’ « Imne landes ». Les béarnais, bigourdans et autres armagnacais présents ont pu trouver un peu frustrante cette privatisation géographique...
Mais aussi, pour la première fois peut-être dans une arène, a-t-on pu entendre la version gasconne (une d’entre elles en tous cas) de la Cazerienne, hymne officiel de la course, chantée fièrement par l’éleveur Jean Barrère, superbement « tchanqué » et revêtu de sa pelisse pastorale, entouré de ses bergers du Gavardan.
L’Encantada aussi, bien sûr (elle a « pris » partout, bien heureusement) et quelques autres.
Le spectacle de deux heures est beau, sans faute de goût et avec une très belle scène nocturne (qui aurait pu être un final) faisant tournoyer vaches et chevaux dans l’arène éclairée de projecteurs, de belles prestations taurines aussi (les écarteurs Thomas Marty, Cyril Dunouau et Baptiste Bordes si je me souviens bien) et du côté sauteur Guillaume Vergonzeanne (et même son frère Nicolas, qui ne saute officiellement plus) entourant le jeune Kevin Ribeiro (« petit mes hardit » !) dont la magnifique prestation, entourée des parrains prestigieux que sont les frères Vergonzeanne parait prometteuse.
A noter aussi en particulier de beaux d’écarts de vaches sans corde et même de taureaux (ce qu’on ne voit guère qu’à Dax exceptionnellement – à l’initiative du même Nicolas Vergonzeanne - et en Espagne depuis quelques années).
Mais bon ; mon articlot est en train de se transformer en chronique taurine alors que gasconha.com n’est toujours pas homologué comme un site taurin.
Je m’arrête donc là en formulant des vœux pour que Landes Emotion réussisse son ambition et sache élargir sa perception à d’autres terroirs que ceux du second département français (je parle de superficie, naturellement, pour le reste on sait bien qu’il n’est inférieur à aucun autre !). Et pour qu’il ancre encore davantage le spectacle dans la culture gasconne de nos pays.

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