Compétence nouvelle de la CAPB pour la langue et la culture gasconnes Discours programme de Guy Mondorge, président de l’Académie gasconne de Bayonne et initiateur de la délibération.

- Gerard Saint-Gaudens

Le conseil territorial de la Communauté d’Agglomération Pays Basque (CAPB) a délibéré samedi dernier 16 mars et voté à l’unanimité la prise de compétence de cette communauté en ce qui concerne la langue et la culture gasconnes.

Le discours de Guy Mondorge, élu d’Anglet au conseil territorial de la CAPB et président de l’Académie gasconne de Bayonne et du Bas-Adour à cette occasion a évoqué plusieurs points qui nous sont chers et dont voici les principaux :

« Langue et Culture gasconnes, un outil sociétal. Les gascons de la CAPB font aussi société dans un bassin de vie tourné vers le Nord de l’Adour. Cette décision de politique culturelle que nous allons prendre aujourd’hui n’aurait donc pas de sens si, de même que nous développons une politique transfrontalière en direction d’Euzkadi et de la Navarre, la CAPB ne développait pas le même type de dynamique en direction des collectivités territoriales des Landes.
« La délibération que nous allons voter fait référence à la transversalité des politiques culturelles régionales basque et gasconne vis-à-vis de l’ensemble des politiques de la CAPB. »
« Il faut donc que ces politiques, tant en matière de transport urbain que de développement économique, d’urbanisme, de circuits courts, d’eau, d’assainissement, d’écologie, et bien sûr de culture, ne considèrent pas l’Adour comme une frontière infranchissable, mais plutôt comme un lien une source d’enrichissement mutuel. »
« C’est déjà un peu le cas avec le SCOT. Il nous faudra élargir le champ des possibles. »
« C’est ce changement de paradigme qui traduira vraiment l’ambition de donner sa véritable place à la culture gasconne dans la CAPB… »
« La grande majorité d’entre nous ignore aujourd’hui l’avenir du Contrat Territorial, et la forme qu’il sera susceptible de prendre après les élections de 2020.
Mais il nous faut affirmer aujourd’hui la volonté de la CAPB d’agir pour faire rentrer dans le tour de table de financement de la compétence partagée langue et culture gasconnes l’Etat, la Région Nouvelle Aquitaine, le département 64 et la CAPB elle-même.
Cela devrait permettre que se mette en place un véritable soutien à l’ingénierie culturelle en matière de culture gasconne ( Je rappelle qu’il y a actuellement 15 techniciens de la culture basque salariés par la CAPB contre un seulement pour le Gascon…) »

« Des projets sont en cours : ouverture de classes ou d’options bilingues gascon- français en maternelle, primaire et collèges, mise en place de rassemblement choral en langue gasconne, traduction et diffusion de spectacles et pièces de théâtre en langue gasconne avec des compagnies professionnelles locales, signalétique routière ou municipale bilingue ou trilingue (Anglet, Bayonne, Came), signalétique d’accueil dans les commerces, etc)
Des réflexions se concrétisent autour d’une « marque gasconne » et d’une synergie avec le bassin de vie bayonnais qui déborde largement le Nord de l’Adour … ».

En résumé :
 reconnaissance d’une dimension proprement gasconne (langue, culture, inscription territoriale articulée des deux côtés de l’Adour),
 nécessaire transcription de cette réalité culturelle et humaine dans des politiques publiques « ne considérant pas l’Adour comme une frontière infranchissable »,
 nécessaire dynamique associant tous les acteurs publics potentiellement concernés,
 nécessaire action non publique (associative, entrepreneuriale) pouvant pallier la modestie des moyens publics mis en oeuvre (un seul technicien de la langue gasconne au sein de la CAPB) au regard de la dispersion de l’action d’autres acteurs institutionnels potentiellement concernés (Guy Mondorge se référant ainsi à des acteurs « pan-occitans » type OPLO).
Ce dernier point est un appel à nous tous pour que nous sachions apporter à ce projet toute l’aide que nous pourrons.

Grans de sau

  • Je n’y crois guère mais le renouveau du gascon parlé viendra peut être du coté de Bayonne...
    A condition que le gascon s’affranchisse de la tutelle de l’occitan.
    Guy Mondorge cite à peut près 40 fois le mot gascon et seulement 4 fois le mot occitan. Et pour dire : le gascon, forme locale de cet ensemble que représentent les langues occitanes,

    C’est à rapprocher des interventions à cet article du figaro à propos du jeu romanica pour redécouvrir les langues romanes.
    Prouvènço Nacioun :
    L’occitan n’est pas une langue romane, c’est une norme orthographie autrement appelée "graphie classique".
    Et un occitaniste pur jus lui répond en le traitant de troll.
    http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/francophonie/un-jeu-video-pour-redecouvrir-les-langues-romanes-20190318

    • Nous savons presque tous que le renouveau du gascon comme langue parlée ressort presque du surhumain dans le contexte présent.
      Seule une immersion massive des jeunes à l’école (donc bien plus que quelques heures en option facultative) pourrait aller en ce sens, mais cette immersion massive est inimaginable parce qu’il n’y a ni volonté collective ni moyens matériels et humains pour la mener.

      Par contre, nous pourrions faire avancer des choses en matière de souvenir de la langue ou d’apprentissage de certains rudiments, un peu de vocabulaire, quelques formules, avec surtout une transmission des sons de la langue (par exemple prononcer "Adiw" !).

      Mais vous aurez remarqué que cette prise de compétence de la CAPB concerne aussi la culture gasconne.
      Et là il y a aussi des choses à faire, même si c’est beaucoup moins carré et évident que transmettre la langue !
      Il est question par exemple de chant choral. La cantère doit normalement s’épanouir en Bas Adour !

      Ce que j’apprécie beaucoup dans le propos de Guy Mondorge, c’est qu’il parle d’outil sociétal ; il va même jusqu’à parler d’urbanisme, d’économie, d’écologie : c’est exactement ce que nous rabâchons depuis des années sur Gasconha.com, la langue isolée du reste, ça ne marche pas ; mais la reconquête de rudiments de langue, et leur affichage, peut aider à créer une dynamique collective, redonner l’envie de Gascogne ! et plus précisément ici recréer une vie collective autour du bas Adour ; le pays des Tilholèrs !
      Guy Mondorge raisonne en bassin de vie. Et il comprend qu’une collectivité locale comme la CAPB a les pouvoirs pour modeler un bassin de vie. Je partage cette vision.

  • On pourrait suggérer à "Frédéric Fontan" la définition suivante du "troll":celui qui ne pense pas comme moi .

  • Je partage tout à fait ce constat maintes fois réitéré que la langue seule, isolée de tout le reste, ça ne marche pas.
    Mais ne perdons pas de vue qu’il en est de même pour "tout le reste", que ce soit l’architecture, l’urbanisme, l’écologie, l’économie... Car tout se tient, la langue comme "tout le reste" est un élément d’un ensemble culturel et spirituel indissociable. Qu’un des éléments disparaisse, le reste s’effondre tôt ou tard.
    La langue, ressentie naguère comme une non-langue, le patois, et donc comme un obstacle préjudiciable à une possible ascension sociale, a cessé d’être transmise dans les familles entre les deux grandes guerres mondiales, la seconde lui ayant donné le coup de grâce. Cependant ce "patois", maintenu jadis en usage plus par inertie que par conviction dans l’immense majorité des cas (tout le monde ne s’appelait pas Félix Arnaudin ou Césaire Daugé) servait de ciment à une société encore largement paysanne disposant d’un savoir-faire indissociable dudit "patois" (à l’époque personne, à part quelques érudits locaux ne parlait de "gascon" et encore moins d’"occitan").
    Parler d’outil sociétal à propos des cantères qui fleurissent ça et là me semble un tantinet grandiloquent car il faudrait des outils autrement plus puissants pour redonner l’envie de Gascogne et surtout de sa langue sans laquelle elle n’est qu’un ectoplasme indigne de se matérialiser même sous le nom d’une "région" administrative alors qu’une Occitanie tirée par les tifs y est parvenue.
    La plus grand modestie devrait être de mise devant la situation catastrophique de nos langues ancestrales en France. Dans un premier temps nous devrions nous contenter d’entretenir le souvenir de la langue gasconne dans toutes ses variantes dialectales et sous-dialectales tout en nous efforçant de tendre vers un gascon consensuel, standard, doté d’une graphie propre. Mais le degré d’utopie d’une telle entreprise ne m’échappe pas.
    Pourtant, c’est la seule possibilité que j’entrevois dans une société en cours de changement de population accéléré et pour laquelle la Gascogne est une réalité du même ordre que la Neustrie ou l’Austrasie mérovingiennes.
    Et je le dis et le redis, c’est une aubaine de taille que nous puissions disposer d’un outil tel que Gasconha.com en tant que conservatoire de la culture gasconne dans toutes ses expressions. Quand je parle de conservatoire je pense à une une exposition plus qu’à une vitrine de musée, exposition susceptible d’intéresser et de rallier ceux et celles qui décideraient de s’intéresser au fait gascon en tant que supplément culturel ou de supplément d’âme tout simplement. C’est déjà bien qu’il y ait de nos jours ici et là quelques jeunes et moins jeunes qui décident de renouer avec leur gasconnité, tout en se gardant de voir en eux avec utopie autre chose que l’arbre qui cache la forêt.

  • Le constat de Danièl a souvent été fait ici et la modestie devant la situation actuelle de la langue me parait bien de mise.Mais cette modestie de constat ne devrait pas être un frein à l’ambition de voir la langue se relever ,même si c’est peu probable à vue humaines.Il me semble qu’il faut donc favoriser simultanément tant les ambitions modestes,a priori pas hors de portée , que des plus improbables...Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de faire certaines choses "dans un premier temps" et laisser les autres à un bien hypothétique avenir meilleur.Aussi les résolutions adoptées par le conseil de la CAPB me paraissent -elles riches d’espoir.

  • 1. Nacioun prouvençalo : expression courageusement assumée dont les Gascons feraient bien de s’inspirer.

    2. "L’occitan n’est pas une langue romane, c’est une norme orthographique" : déni de réalité, faux et indigent. Cela en dit long sur les blocages des uns et des autres.
    Encore une fois, la langue est réduite à la graphie. Merci à tous les doctrinaires, ça va tourner en rond encore cinquante ans, après, ce sera décrassé par le vide.

    3. L’occitan est une langue gallo-romane qui comprend deux groupes dialectaux : le sud-occitan et le nord-occitan (qui pourrait être considérée comme une langue romane dialectalisée).
    Le "provençal" est considéré comme une langue à part pour des raisons largement extra-linguistiques, qui ne sont pas de mauvaises raisons.

    4. Le gascon est une langue aquitano-romane.

    5. A ces langues correspondent des peuples, des naciouns (en voie de disparition rapide). L’Occitanie globale ne paraît pas à même de les sauver. Il faut opérer un retour aux nationalités réelles, si évanescentes soient-elles :
    Provence, Occitanie, Gascogne, Hautes terres d’Oc (La Montanha).


Un gran de sau ?

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