Je venais juste de lire l’article de Gérard Saint-Gaudens sur Jean Lassalle qui mettait en avant la "force d’attachement" du côté basque de sa circonscription, taisant son côté béarnais ou gascon...
Se taire en chantant (ou Jean Lassalle devant les média parisiens) voilà que j’entends Hélène Darroze, "meilleur femme chef du monde", à France Culture, qui finalement fait pareil !
Elle est agréable à écouter, et sans doute pour ceux qui travaillent avec elle. Elle inspire ses collaborateurs sans les brusquer. Et elle dit offrir dans ses restaurants ce qu’elle offrirait chez elle à des invités.
Je n’ai pas écouté de bout en bout assez attentivement pour savoir si elle a prononcé les mots Gascogne ou gascon. Je crains que non ; alors qu’elle en a l’accent... d’ailleurs c’est aussi ça que je trouve agréable chez elle !
Par contre, elle a dit qu’elle avait "un peu... beaucoup de sang basque".
Autre passage "identitaire" : « c’est très sud-ouest, c’est dans ma culture » (il faudrait que je réécoute sur ce point pour connaitre la chose qu’elle étiquetait ainsi, et l’intégrer peut-être à la panoplie gasconne).
Je vais donc voir Wikipédia, intrigué par son "sang basque". Je n’en trouve pas trace, mais il n’y a bien sûr pas toute sa généalogie.
Le mot "gascon" apparait une fois dans la fiche Wikipédia ("Gascogne" pas du tout) :
« En 2007 elle a ouvert le bistrot « Toustem » (« tostemps » qui veut dire « toujours » en occitan gascon) [1] » ; ceci nous rappelle que "toustem" est un de ces mots totems du gascon, pour ceux qui vont un peu au delà de "Adishatz" : Biarn toustém, Gascoun toustém...
Le mot "basque" apparait, lui, trois fois :
« Sa cuisine est directement influencée par le Sud-Ouest, et notamment par le pays Basque.
Ses produits de prédilections sont : brebis basque fermière, agneau de lait des Pyrénées et du Pays basque, petits légumes de Villeneuve-de-Marsan (là où se fournissait son grand-père), huîtres, caviar d’Aquitaine, filet de merlu de ligne et saint-pierre de Saint-Jean-de-Luz, poularde des Landes, truffes noires du Périgord, foie gras de canard des Landes et asperges vertes de Pertuis, cèpes, palombes, truffe blanche d’Alba, vin de Bordeaux, armagnac... »
La Gascogne est bien présente dans cette énumération, mais comme souvent elle n’est pas nommée, masquée notamment par l’appellation "Landes".
Acò taben :
« 2018 : « JÒIA » a ouvert le 4 septembre 2018 au 39 rue des Jeuneurs dans le 2ème arrondissement de Paris »
Je fais le rapprochement avec le "Joià" (accentué sur le a, prononcé plus ou mois "Jouillà") que j’avais entendu évoqué par la journaliste de France Culture pendant cette émission avec Hélène Darroze, sans vraiment capter...
Je lis maintenant « Elle publie "Joia", au Cherche Midi, qui rassemble ses meilleures recettes ».
jòia est bien un mot occitan et gascon, qui veut dire joie et se prononce "jòye", "jòyo", avec l’accent tonique sur jo et une syllabe-diphtongue ye... Trop difficile à expliquer au francophone majoritaire !
PS :
J’ai réécouté :
– Hélène Darroze - qu’on ne peut pas accuser d’oublier ses racines - prononce aussi "Joià" (accentué sur le a) ; l’éternel problème de la graphie alibertine qui fait prononcer mal même avec la meilleure volonté...
– le « c’est très sud-ouest, c’est dans ma culture », elle le dit tout à la fin quand elle est questionnée sur les bonnes pratiques en matière écologique ou climatique : elle a toujours fait avec des produits "de la chasse responsable", "de la pêche responsable"... ma curiosité est satisfaite : Hélène Darroze ajoute ce que moi j’appelle "l’écologie" à la panoplie "du sud-ouest" (nous dirons "gasconne") !
– Sur sa cuisine : elle dit que c’est un artisanat et pas un art ; c’est une modestie de bon aloi ! je comprends aussi qu’elle ne veut pas être réduite à une cuisinière qui répète le répertoire du terroir, mais qu’elle interprète ses terroirs d’origine tout en étant créative et ouverte au vaste monde. Hère plan !