Le Pôle Territorial du Cœur Entre Deux-Mers annonçait le mois dernier 12 projets d’avenir en cohérence avec son Ambition 2030 et la recherche pour eux des financements nécessaires. Que peut-en dire ReGasPro ?
Tout d’abord le périmètre de ces projets :
Il juxtapose d’une part 4 communautés de communes de taille réduite mais très peuplées, à l’ouest, en raison d’un caractère plus ou moins prononcé de grande banlieue bordelaise et à l’est, la Communauté des communes rurales de l’Entre Deux Mers, qui dit bien sa nature et représente à elle seule la moitié de la superficie de ce Pôle.
D’où une configuration un peu étrange, démesurément allongée façon Tchécoslovaquie de naguère.
Si le but est de créer le lieu d’une future péréquation des moyens (forcément plus importants à l’ouest qu’à l’est), on peut le comprendre ; sinon, un simple regard sur la carte peut faire douter de la rationalité de cet accouplage (projet de lycée à Créon mis à part). D’autant que pour un Coeur d’Entre Deux Mers, les deux rivières ne baignent les territoires que de deux (trois à l’extrême) de ces CC ; les territoires les bordant à l’est d’une ligne Camarsac/Langoiran sont absents...
Pourtant la carte et sa comparaison avec celle des Pays historiques montre des points communs tant avec le sud de la CC du Libournais au nord (le nord du Pays créonnais, en fait) et avec les territoires bordant la Garonne au sud (le Pays de Benauge allant en pointe jusqu’à la limite de Langon, le Haut Entre Deux Mers allant lui aussi se baigner dans la Garonne), vieilles solidarités peut-être inopportunément oubliées dans le découpage des CC et aussi par ce Pôle qui eût pu associer le Libournais et la CC du Réolais à tout le moins.
Ces considérations géographiques ont leurs conséquences dans la nature des projets sélectionnés. Non que ceux qui l’ont été manquent d’intérêt (encore qu’un ou deux paraissent un peu secondaires voire anecdotiques) mais parce que d’autres ne semblent pas avoir été envisagés (ou retenus ?).
Les projets
Les voici, tous les 12 :
– Aménagement d’un espace éducatif à Fargues (CC Côteaux bordelais),
– Développement des modes de circulation alternatifs à la voiture (idem),
– installation de bornes numériques d’info touristique (CC Saint-Loubès et Côteaux bordelais)*,
– Mise en place de collecte hebdomadaire de biodéchets (CC St-Loubès) ,
– Implantation d’un centre aquatique intercommunal (idem),
– Création d’une liaison douce St-Loubès/St Sulpice et Cameyrac (idem)
– Création d’un itinéraire doux en bord de Garonne (CC Portes de l’Entre Deux Mers),
– Revalorisation des Chantiers Tramasset (idem),
– Création d’un lycée de l’E2M à Créon (CC Créonnais),
– Création d’un Tiers Lieu E2M à Créon (idem),
– Création d’une zone d’activités à Bellebat (CC Communes rurales E2M),
– Création d’une ferme photovoltaïque au sol à Gornac (idem).
Soit au total huit projet pour les CC de l’ouest, deux pour la CC « rurale » de l’est et deux concernant l’ensemble (Créonnais).
Thématiquement, on peut les rassembler comme suit :
Environnement : 2
Education : 2
Activités économiques : 1
Tourisme/lieux d’échange : 3**
Transports : 4.
Géographiquement et sectoriellement aucun ne semble devoir utiliser le fleuve et la rivière si ce n’est tangentiellement le modeste projet de voie verte Langoiran/Latresne « en bord de Garonne ».
Pourquoi ne pas remettre ces deux voies au cœur du projet, ne serait-ce qu’en posant les jalons permettant de refaire de ces axes des voies de circulation de passagers comme de marchandises, pouvant aller à terme jusqu’à Bordeaux ? Pour les habitants des CC de l’ouest, ce serait une belle avancée.
Un volet agricole ambitieux
En dehors de ces 12 projets, la feuille de route de ce Pôle, présentée à Targon le mois dernier, comporte un volet agricole dont on se demande du reste s’il n’aurait pas pu compléter ces 12 projets, voire en remplacer certains de portée quelque peu limitée, voire anecdotique**. Et si le diagnostic et les intentions manifestées à cet égard (cf Sud Ouest du 2 décembre « Reconnecter l’agriculture au territoire ») sont suivies d’effet, elles ne peuvent que rejoindre les préoccupations de ReGasPro : « comment relocaliser la production agricole ? aider l’installation de nouveaux maraichers ou éleveurs, endiguer l’urbanisation, rénover les logements vacants dans les bourgs, remettre en culture les terrains en jachère, favoriser les circuits courts, etc… ? » avec la problématique du foncier (cher), des freins à la re-connection des agriculteurs au marché local, de la domination trop exclusive de la viticulture alors que celle-ci rentre dans une relative crise et qu’ « historiquement ces pays étaient des territoires de polyculture et d’élevage »…
* à cette occasion, il serait souhaitable d’attirer l’attention des futurs acteurs de ce chantier sur l’intérêt d’une signalisation bilingue français/gascon, au moins pour des raisons historiques et patrimoniales.
** soit un poids peut-être trop élevé parmi ces 12 projets, on aurait préféré y voir un ou des projets de réanimation des centres bourg à côté ou en remplacement de la trop classique zone d’activité près du circuit automobile de Faleyras (quelles activités ? Certes Nogaro a su concevoir la complémentarité avec un circuit automobile mais est-ce reproductible en E2M ?).
Au total, quelques bonnes idées mais… peut mieux faire !