Foires gasconnes

La foire d’Ousse-Suzan - La hèÿre d’Ousse-Suzan - La hèira d’Ossa-Susan L’Assemblade de la Sent Miquèu

- Tederic Merger

Qu’es ua hèira, mès qu’es tanben ua hèsta entaus qui aiman la Gasconha pregonda...

Elle a lieu, depuis des siècles, à la croisée de deux routes, en pleine forêt landaise, près d’une jolie "capère" (chapelle) et toujours à la Sent-Miquèu (Saint-Michel), donc le 29 septembre, que celui-ci soit un dimars, un dijòus, un divés, un dimenge...

Si vous aimez entendre parler gascon, tendez l’oreille... On a même entendu un marchand apostropher les chalands en gascon !
C’est un signe qui ne trompe pas : cette foire qui prospère sans publicité n’est pas "formatée" par la culture franco-américaine qui domine nos supermarchés et nos médias [1].

Autre signe sympathique : la présence de bérets, sur les crânes des visiteurs, et aussi à l’étal des chapeliers. Il nous a semblé qu’ils avaient du succès, et même au delà des porteurs "natifs".

Dans la série des produits traditionnels : les esclòps (sabots). Vendus avec des pantoufles "charentaises", on sent que, par ici, ils ne sont pas des gadgets ou des objets de décoration, mais servent à faciliter les sorties au casau, quand c’est mouillé dehors.

Fin septembre, c’est aussi l’époque du bourret (vin doux) [2], et il y en a !
A vendre aussi : vêtements, charcuterie, savon, quincaillerie (dont la hachinette qui sert à hacher le farci pour la poule au pot...), outillage, voiturettes, automobiles, CD, et 1000 autres produits...

Les associations se mélangent aux commerçants. Partout, le contact est facile, l’ambiance bon enfant.

Les prix ne paraissent pas forcément très bas. Mais c’est difficile de comparer : les produits ne se trouvent pas toujours ailleurs.
Et dans une foire où il y a beaucoup d’habitués, et où le bouche-à-oreille joue bien, on peut espérer que le commerçant moyen a plutôt intérêt à parier sur la durée, en ne grugeant pas ses clients.

Bref, à la hèÿre d’Ousse-Suzan, on prend conscience que la Gascogne a gardé spontanément un réseau commercial alternatif plus respectueux de ses traditions que le commerce habituel, et peut-être plus favorable à des producteurs régionaux qui se lancent.
Il doit y avoir d’autres foires du même type, peut-être pas d’aussi fréquentées.
La Brède (en Bordelais) a la sienne à la Sainte-Luce (début décembre).
Renseignez-vous... et commentez ici les foires gasconnes que vous connaissez.
L’an prochain, je vous parlerai de celle de Lapeyrade (elle a lieu le dernier dimanche de mai).

Notes

[1A propos de supermarchés et d’hypermarchés, on aimerait d’ailleurs que ceux qui dépendent du groupe "Guyenne et Gascogne" soient aussi fidèles à la Gascogne que l’est la hèÿre d’Ousse-Suzan...

[2bourrut plus au nord de la Gascogne

Grans de sau

  • Adiu Tederic et un grand merci pour ton témoignage sur la heÿre d’Ossa-Suzan :

    il donne envie de s’y rendre.

    Je voulais juste rebondir sur ton "renvoi n°1" à propos des hypermarchés et y mettre un léger bémol.

    En effet, je trouve que certains "Intermarchés" où l’on peut se rendre en terres gasconnes, proposent un large choix de produits du terroir, notamment en biscuiterie, conserves, qui va au delà de la simple accroche pour touristes en mal d’eau-thentique.

    Si vous voulez, j’ai testé pour vous et pourrais vous faire des listes de noms de produits avec commentaires ?

    Je crois que ces produits dépassent la seule politique commerciale des centrales d’achats et sont du ressort du/de la responsable de magasin, on peut dès lors influer sur ses choix (on a la grande distribution qu’on mérite ?)

    • Adiu Txatti !

      Sur les Intermarchés, j’ai fait la même remarque que toi : une place y est donnée aux produits régionaux.

      Il doit y avoir une politique concertée (j’ai rendu compte une fois d’un dépliant où les produits étaient nommés en basque pour ceux du Pays basque et en gascon pour ceux de Gascogne).

      Mais il est possible aussi qu’il y ait des initiatives locales de certains directeurs d’Intermarché.

      Mais toutes les grandes surfaces s’y mettent peu ou prou, m’a-t-il semblé remarquer... C’est la moindre des choses, notamment dans l’alimentaire, où la Gascogne est renommée !

      Je crois quand même (mais je me trompe peut-être) qu’une foire comme celle d’Ousse-Suzan est plus facile d’accès à un tout petit producteur, qu’une chaîne de la grande distribution.

      Quant à ton idée de commenter en ligne les produits régionaux qu’on trouve ici et là, je suis pour, j’y ai déjà pensé, mais je n’ai pas eu le temps de commencer.

      On pourrait peut-être ouvrir une rubrique sur Gascogne-débat. Chacun y déposerait ses articles sur tel ou tel produit gascon...

      Envoie-moi ce que tu veux, et j’essayerai de structurer "coma cau" !

  • Aujourd’hui (Sent Miquèu 2007), c’était ma troisième foire...

    Ce que j’ai écrit en 2005, après la première, est toujours valable.

    Un regret : ces deux années n’ont pas été mises à profit pour faire souffler un vent de rebiscoul gascon sur la "hèÿre".

    Exemple : alors qu’on entend encore (en faisant attention) des groupes d’anciens qui parlent gascon, il n’y a aucune volonté de la part des organisateurs de mettre le gascon en scène ou à l’honneur.

    J’aimerais tant, par exemple,

    une banderole d’accueil bilingue, avec "Heyre de la Sent-Miquèu".

    Les annonces du "PC de la foire" sont mêmes faites avec l’accent pointu.

    Ici, la Gascogne nous rejoue la partition, trop souvent entendue, du "J’existe mais je ne dis pas qui je suis, et j’en ai même un peu honte, et d’ailleurs je ne veux pas trop le savoir, parce que tout ça, c’est quand même du passé..."

    Le taux de bérets (indicateur d’identité gasconne) n’est pas ridicule. Des jeunes le portent, mais surtout quand même des hommes d’âge mûr ou très mûr.

    Les ti-shirts Adishatz confirment leur percée. C’est quasiment le seul signe d’un rébiscoul/reviscol.

    Quant au fond sonore, c’est principalement celui des bandas : la Pitxuri, Paquito Chocolatero, et surtout Vino griego (cette année porté par la Coupe du monde de rugby, entendu en basque mais hélas pas en gascon - la version en gascon est seulement en cours de réalisation...).

    Sinon, côté commerce, pas non plus de signe évident de renouveau.

    Les valeurs sûres sont au rendez-vous. Beaucoup de camelots tentent leur coup.

    Le "commerce moderne", celui qu’on voit dans les galeries marchandes, et les zones commerciales, est largement absent, et on ne le regrettera pas.

    Mais on ne voit guère poindre un nouveau secteur moderne, plus local et régional, plus écologique ou identitaire par exemple, qui profiterait de cette heyre d’Ousse-Suzan pour faire ses armes.

    Malgré tout, la heyre reste une plongée sympathique dans le pays et le peuple gascons.

    Cette année, elle avait lieu un samedi (en 2008, ce sera un lundi). Il y avait donc plus de monde que d’habitude (d’où les embouteillages le matin pour l’accès aux parcatges, et logiquement plus d’actifs.

  • Désolé de ne pas vous répondre en gascon, mais je tiens tout de même à donner ma vision de votre foire de la Saint Michel.

    J’étais sur place il y a 10 jours de 9h30 à 15h et je suis revenu amèrement déçu car, à l’égard de votre article, la comparaison s’arrêtait aux mots et non au terrain :

    J’ai tendu l’oreille et je n’ai pas perçu de conversations en gascon (ou cela devait se passer à voix basses..), le port du béret n’était pas vraiment de rigueur (comme le mien commençait à s’user j’en ai tout de même profité pour m’en offrir un beau et "vrai" car il était proposé des coiffes assez bizarres...) ; l’artisanat était plus Amérique latine et Sénégal que gascon ; le prix du bourret était devenu prohibitif (4&

    Comme quoi tout se perd et je ne pense pas y retourner bien que mes enfants soient tous installés dans votre belle région et que je viens et reviendrai souvent.

    Le seul bon point : l’organisation du stationnement.

    • Votre vision me fait mal, parce qu’elle est véridique !

      Mais elle est partielle.

      Dans mon message "d’actualisation 2007" ("Dus ans aprèps"), qui figure après le vôtre, j’exprime aussi mon inquiétude :

      Il reste encore quelque chose de la foire séculaire gasconne, mais c’est de plus en plus noyé dans un fatras trop banal.

      Mais je préfère voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.

      Quand on connait l’état actuel de la Gascogne (perte dramatique d’identité, perte de mémoire, disparition de la langue, disparition des savoir-faires et des traditions...), il faudrait espérer un miracle à Ousse-Suzan...

      Mais il y a quand même là quelque chose d’unique et de sympathique.

      Le peuple gascon répond toujours présent...

      Si la Gascogne revit, et pour l’instant, je le reconnais, ce n’est pas engagé, cela se sentira à Ousse-Suzan, et Ousse-Suzan pourra y jouer un rôle.

      Ce que je reprocherai aux organisateurs de la foire, c’est de ne pas être, pour l’instant, moteurs dans une telle dynamique.

      Ils pourraient aller dans ce sens en invitant des commerçants bien ciblés, et en mettant davantage en scène la Gascogne...

      Pour l’instant, je crois qu’ils n’en ont même pas l’idée.

      Sur la chance d’entendre parler gascon :

      Sur les quelques heures où je suis resté, j’ai entendu une fois un groupe de vieux qui parlaient gascon entre eux. Les fois précédentes, c’était lègèrement plus...

      Mais on le sait, une langue qui n’est pas diffusée, ni dans les médias ni à l’école, et est considérée comme un vulgaire patois, finit pas disparaître.

      Quant au stationnement, là je serai moins gentil que vous : à l’heure où je suis arrivé, c’était la confusion, les gendarmes paraissaient dépassés.

      En conclusion :

      Moi je continuerai à y aller.

      J’appelle tous ceux qui peuvent (commerçants de qualité, associations, artistes...) à investir la foire et à ne pas la laisser aux seuls camelots*.

      J’appelle les porteurs de béret à aller l’y arborer fièrement.

      J’appelle les marchands de béret à en proposer de toutes les couleurs...

      Ne cau pas deishar pérder aquò !

      *Mais les camelots ont de tous temps été présents, et font aussi l’identité de la foire.

      PS : une idée : il y a une gare de TER à Ygos-St-Saturnin, à 3 km du site. Pourquoi les commerciaux du TER ne proposeraient-ils pas des voyages depuis Bordeaux, Facture, Dax, Mont-de-Marsan, Pau..., avec des tarifs et des horaires attractifs ?

    • Je suis née à Ousse, je me présente aux élections municipales. Je ne suis pas favorite, hélas.

      Je souffre aussi de voir l’évolution de Suzan.

      Mais, comment voulez-vous qu’il en soit autrement, avec à ses commandes des personnes qui n’ont pas connu ce que nous avons connu, qui n’aiment pas Suzan, et qui s’en servent ?

      J’aimerais pouvoir être maire pour changer tout ça, retrouver l’ambiance festive, joyeuse, conviviale, avec une mise en avant des talents locaux (artisans, musiciens... la musique me manque...), une promotion des produits régionaux naturels et de qualité, une exposition des animaux de la ferme, un grand marché de légumes et fruits du coin.

      Quand je vois le prix des repas, prés de 20€, alors qu’aux fétes de Bayonne, ils sont à moins de 10€.... je pense qu’il y a abus.

      Et si je vous dis que la commune ne perçoit pas grand chose, pouvez vous le croire ?

      Je comprends le gascon, mais je ne sais pas l’écrire.

    • il faut venir au stand du stade ygossais football, le repas est a 13euro !!

    • Ah oui, je crois bien que c’est là que j’ai mangé à chaque fois !
      Enfin, stade ygossais, c’est sûr, football, je ne me rappelle pas.
      En tout cas, c’est vrai que l’accueil est sympa et le prix raisonnable.

  • adishatz .

    Je constate avec regret que tout ce qui est dit sur la hèyre à Suzan (comme on dit chez nous) est en partie vrai .

    J’habite un village voisin et je suis un fervent défenseur des traditions mais comment voulez vous qu’elles perdurent si au lieu d’aider ceux qui essayent de les garder on les critique ou on les enfonce.

    Bénévole moi-même, je sais que les "y a qua" et "faut qu’on" sont plus faciles à trouver que les gens de bonne volonté qui donne sans compter de leur temps mais aussi de leur argent.

    Tant que nos querelles de clochés existeront ,il sera très difficile d’avancer.

    Une idée serait peut-être de développer la langue gasconne dans les écoles de nos villages pour rétablir ensuite la communication avec nos anciens .

    Désolé de ne pas m’exprimer en GASCON mais le c&

  • "la foire de Lapeyrade du dimanche 31 mai, malgré le beau temps, la qualité des animations et l’investissement des bénévoles, n’a pas obtenu le résultat escompté. C’est pourquoi le comité a pris la décision de ne plus renouveler cette manifestation du mois de mai et d’investir toutes ses énergies et ses ressources sur le marché de nuit du mois d’août. "

    Voir en ligne : Les énergies concentrées sur le marché de nuit

  • Une notice Wikipédia de bon aloi sur la Foire de Suzan* : https://fr.wikipedia.org/wiki/Foire_d%27Ousse-Suzan
    L’assemblade y est expliquée. « Ces "assemblades" rythmaient la vie des Gascons. »

    Et :
    « Les habitants des environs se déplaçaient en kas ou bros (charrette ou char) »
    Le bizarroïde "kas" de Wikipédia, c’est cars (avec le r non prononcé, et le s du pluriel prononcé, comme il se doit en gascon). car, carret = char
    Si on veut absolument l’écrire en phonétique et avec un k, c’est "ka" au singulier et "kas" au pluriel !

    * Finalement, il parait qu’on dit plutôt "Foire de Suzan", et c’est juste, puisqu’elle se déroule exactement au lieu Suzan, appartenant certes à la commune d’Ousse-Suzan.


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