Graphie du [é] posttonique. Jean LAFITTE [Forum Yahoo GVasconha-doman 2005-09-10 n° 5258]

- Jean Lafitte

Bonjour à tous,

Une petite (mais importante) rectification à ce qu'a écrit Daniel Séré le 7
Septembre :
> Doncas, en
> bona grafia classica, que cau escríver "la meca que se mòca dau carelh"
> (pron. : la mékë ké sé mokë dow karéy), çò qui balha en grafia modèrna
> lafitiana "la mequë que se moquë dòu carelh" se ne peguegi pas.

En graphie moderne "retouchée" (par rapport aux normes 1905 de l'Escole
Gastoû Fèbus), je propose "ë" (e tréma) pour rendre le e avec point souscrit
du Dic. de Palay, c'est-à-dire celui qui se prononce "é" affaibli
(posttonique) dans la moitié sud-est du domaine (la ligne de partage allant
en gros d'Artix à Aiguillon). Il ne se trouve qu'en dernière syllabe, sauf
pour les adverbes comme simplëmén, qui s'analysent en deux mots (ici, simplë
et mén). Et toujours dans cette dernière syllabe, le "e" est celui de Palay,
prononcé plus ou moins "o" faible dans cette même moitié du domaine. Mais la
moitié nord-ouest où se trouve Daniel ne fait pas la différence et prononce
les deux "e" et "ë" comme un "e muet" français dans le Midi.
Corrélativement, dans cette même dernière syllabe, ce qui s'entend "é"
tonique s'écrit avec l'accent : carélh, comme chez Palay.

Donc : « la meque que se moque dòu carélh ».

On voit par là que je ne suis pas bien loin de Palay sur ce point, avec
l'avantage de pouvoir taper "ë" sur toutes les machines et dans les
courriel, ce qu'on ne peut pour le e avec point souscrit.

Et curieusement, ce "ë" valant "é" posttonique n¹est pas totalement nouveau
en béarnais, puisque selon Louis Lacaze (Les imprimeurs et les libraires en
Béarn, Pau, 1884) cité par R. Darrigrand dans sa récent édition de
Fondeville (2002, p. 7), la première édition de la Pastorale de Fondeville
de 1763 était intitulée :
« La /Pastourale/ deu/ Paysaà/ qui cèrque méstièè à son hilh, chens/ ne
trouba à son grat./ Pèsse divértissénte et connègude èn Béarn,/ ainsi quë
d¹autës oubratgës deü medich authou. En qoate actes/ Per moussoû Fondeville
de Lescar./ »
Bien sûr, il aurait fallu écrire aussi « qoatë actës », mais ce précédent
est sans équivoque.

Par ailleurs, Daniel écrit en classique « dau carelh » alors que sa
prononciation est [dow], comme l'a d'ailleurs consigné l'ALG VI, 2461 pour
la région où il vit. Mais je ne vois pas quelle norme I.E.O. peut faire
écrire "dau" ce qui se prononce [dow]; seul "dòu" est conforme aux normes
I.E.O. publiées (avec l'exemple "esquiròu", opposé à l'exemple "nadau"). Là
encore, l'ignorance qu'ont les occitanistes de leurs propres normes fait des
ravages quand on veut retrouver la prononciation sous leurs écrits...

Ceci dit sans le moindre reproche à Daniel, qui a cru bien faire.

Amistats a touts.

J.L.

Un gran de sau ?

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