Toponymie de Came Peïo Dibon

Adishatz amics gascons.

Je continue dans ma quête de toponymie au sujet de Came.

Voila maintenant le quartier du Bourg : Hagedot, Moulie, Camou, Pillon, Lartigue, Saubat, Lalanne, Vigneau, Junca-Labas, Norde, Gauche, Villemayan, Crestian, Lamothe, Balier, Chanq, Coudine, Pehau, Lauguit, Tignoy, Lataillade, Suhette (probablement basque), Dinot bas, Saubade, Mendes, Gensanne, Trouilh, Arosse, Froys, Lengon, Berdoly, Chusque, Caillabat, Mondis, Matoulot, Menicq, Laborde, Joanicoges - Sarrailere, Dufau, Lagouarde, Andriu, Massou, Alis, Moulie, Chicon, Charfoitan.

Encore une très forte toponymie gasconne pour ce quartier.

Suhette viendrait-il de Zu-eta ou bien Zuhi-eta ?

Trois autres sont basques : Arancou, Ganderats et Recart.

Grans de sau

  • J’aimerais beaucoup avoir les savantes explications de M. Vincent P. au sujet de ces maisons.

    Merci d’avance !

  • Bonjour !

    J’avais communiqué mes petites analyses le lendemain, ce n’est pas passé il semble.

    Voici :

    Hagedot : "petit haget" en gascon (forêt de hêtres)

    Moulie : gascon "molièr" (meunier)

    Camou : gascon "camon" (terrains d’alluvions) ou originaire d’une commune homonyme

    Pillon : toponyme fréquent en gascon, inexistant comme nom de famille, petite pile ? Impossible de savoir si c’est pillon ou pilhon.

    Lartigue : gascon "artigue"

    Saubat : prénom gascon (Sauvé)

    Lalanne : "la lande" en gascon

    Vigneau : "lieu planté de vignes" en gascon (vinhau)

    Junca : gascon "juncar" (jonchaie)

    Labas : il n’existe pas à ma connaissance de variante masculine du gascon "lavassa" (pierre), on pourrait à la rigueur admettre une déformation du patronyme Labasse présent en pays charnégou mais c’est à prouver. Labas est le nom d’un pic d’Arrens-Marsous, d’une maison de Pouillon et de Saint-Martin-de-Seignanx. La distribution autorise donc à y voir un résidu basque, peut-être formé sur labe (brûlis en basque) avec suffixe locatif -atz (auquel cas, le toponyme d’Arrens pourrait témoigner de la pratique d’écobuage).

    Norde : Nordet a existé comme patronyme à Salies mais cela reste énigmatique. Cela sonne plutôt basque : à titre d’hypothèse, pourquoi pas quelque chose comme Ainorda formé sur ain=en hauteur et la racine urd/ord (plateau) pour un sens de "plateau élevé" ? Cela correspondrait ?

    Gauche : probablement gascon "gauchèr" (gaucher)

    Villemayan : gascon "ville au milieu" (majan, variante de miejan, du latin medianum ?)

    Crestian : "chrétien" demeure d’un cagot

    Lamothe : gascon pour "la mothe"

    Balier : toponyme à Moliets-et-Maa, ne peut pas être ramené directement au suffixe -ièr (du latin arium) qui donne -èr en gascon. "Baleinier" pourrait correspondre : baleia/balena en gascon + suffixe -èr. Mais quel drôle de sens (on a bien cela dit Chardier à Sauvelade qui est probablement Shardièr autrement dit "Sardinier"). Sinon déformation d’un patronyme qu’on trouve sur Salies dans la paroisse Saint-Martin "Balhere", probablement basque, peut-être la déformation de quelque chose comme Ibarbehere ("vallée d’en bas") avec confusion entre latérale et vibrante, aphérèse et réduction de deux syllabes similaires.

    Ibar(be)here > Balhere puis Ballié (on en trouve également dans la même paroisse de Salies).

    La forme gasconne du prénom Valier n’est pas Valier mais Valer.

    Chanq : "saut sur un pied" sobriquet probable pour un "tchancayre"

    Coudine : gascon "petite queue"

    Pehau : plutôt "Pierre-forgeron" mais peut être également "Pierre du Hêtre" ("pied de hêtre" paraît moins assuré)

    Lauguit : "auguit" c’est le brouillard du matin au dessus des marécages en gascon du Béarn selon Lespy. Peu crédible dans ce sens exact mais clairement en lien avec augar.

    Tignoy : quelque chose comme "petite teigne" avec le suffixe gascon -oy

    Lataillade : "la taillée" en gascon

    Suhette : zuhi=chênaie en basque + suffixe locatof -eta. Pourrait être aussi à la rigueur formé sur le basque zubi=pont avec chute du b intervocalique, classique en basque. Quelle explication convient ?

    Dinot Bas : (Arnau)dinot

    Saubade : "Sauvée" en gascon

    Mendes : famille juive portugaise

    Gensanne : également le nom d’une maison noble d’Orsanco. Orpustan y voit l’anthroponyme médiéval gascon "Gensana" (variantes : Gensac, Genses, Jensine, ...).

    Trouilh : gascon "treuil"

    Arosse : la présence ou non d’un seul r change l’interprétation du tout au tout. Soit un lieu pierreux Arrotza en basque, soit Arotza "le forgeron".

    Froys : forcément roman mais quel sens ? Même origine que le patronyme Frouilh de Hastingues ?

    Lengon : du nom de la ville gasconne du Bazadais.

    Berdoly : peut-être une variante du prénom gascon médiéval "Berdoy" qui poserait tout le problème de l’équivalence ou pas des suffixes -oy et -olh (un épi de maïs se dit aussi bien caboy que caboulh) voire un hypothétique gascon verdolh, variante de bergolh (qui donne le patronyme Bergouly) sur verga=verge, mais quel suffixe alors ?

    Chusque : semble gascon. Pas d’idée sur le sens. Dérivé de "shesca" (variante chuintée de sesca), "roseau sauvage" ?

    Caillabat : "calhavat" lieu caillouteux

    Mondis : prénom (Mira)mondis

    Matoulot : prénom (Guilhe)matoulot

    Menicq : prénom (Guilhe)menic

    Laborde : transparent

    Joanicoges : dérivé de Jean mais je comprends mal la finale. "Joanicotes" avec suffixes -ic, -ot et -es, g indiquant une prononciation mouillée ?

    Sarrailere : gascon "sarralhèra" (endroit où il y a un "sarralh")

    Dufau : soit "du hêtre", soit "du forgeron"

    Lagouarde : "la garde" en gascon

    Réponse de Gasconha.com :
    Je ne sais pas ce qui s’est passé : je ne trouve pas trace, Vincent, de ta première réponse.
    Heureusement, il semble que tu es prudent et gardes des doubles de tes contributions...
    Une fois de plus, merci !
    [Tederic]

  • Merci encore de vos recherches ! Il ne reste pour ce quartier que quelques maisons : Barbe, Andriu, Massou, Alis, Chicon et Charfoitan.

  • J’avais oublié :

    Andriu : André en gascon

    Massou : vieux prénom gascon "Manson" plutôt que "petit mas"

    Alis : Alix ?

    Chicon : "petit" en gascon

    Charfoitan : complètement énigmatique, juste comme ça, transcription malhabile du français "ça fera tant" ?

    Arancou : plutôt "originaire d’Arancou"

    Ganderats : c’est basque mais on ne sait toujours pas ce que signifie gander/gandar (c’est aussi l’origine de Candresse dans les Landes)

    Recart : "Errekarte" (entre les ravins)

  • La maison BARBE indique-t-elle la profession de barbier ?

  • Impossible de dire sans une étude précise de la fonction du lieu à une époque plus ancienne.
    Difficile aussi dans une telle région de démêler les noms de maison véritables et les "importations" patronymiques.
    Bref, est-ce la maison du barbier, "Barbé" ou la maison du dénommé Barbé (dont un lointain ancêtre hérita du sobriquet de "barbier" ?).

  • Je trouve Joanicoges très intéressant.
    En effet, c’est à l’évidence la prononciation de Joanicot, diminutif à double suffixes cumulés, typiquement gascon.
    Ce "g" atteste un traitement du "t" du type de celui qu’on trouve dans la région d’Orthez (sommes-nous ici dans la plaine béarnaise ?).
    En Gascogne bordelaise, deux secteurs à caractère fortement isoglossique présentent un traitement comparable, savoir le Bazadais méridional (Captieux, Lerm-et-Musset) et le Cubzaguais. "Lo jorn" se dit "lou tyour" à St-André,"joen" devient "tyune" et le prénom Jean s’y prononce quelque chose comme "Jhian".

  • Pardon, c’est bien sûr le traitement des fricatives (ch/j)que je voulais dire, et non du t.
    Question à Vincent P : ces deux palatalisations, celle de l’occlusive dentale (Orthez) et celle de la fricative alvéolaire (Bazadais, Cubzaguais) sont-elles reliables ?
    Peut-on trouver les deux dans une même zone ? En tous cas, il est curieux de constater que, pour le Cubzaguais, il y a vraiment un glissement très fort du /ch/ vers l’occlusive, à tel point que, si on prend par exemple le mot "lo chavarit", qui désigne le seuil de la porte, si on demandait à un locuteur du Cubzaguais par quelle lettre il commence, il dirait à coup sûr "un t" (tyabarit).

  • Ne faut-il pas simplement voir dans LABAS un composé "Là-bas", indicant la situation éloignée d’une maison ?

  • Le quartier portait le nom de PRIGAILLA.
    Un toponyme gascon ?


Un gran de sau ?

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