Et merci à toi aussi, Jean, pour les précisions que tu apportes quant aux
deux sources de ces paroxytons en [-u] et sur lesquelles je ne vois rien à
rajouter, hormis le fait que j'ai quelques doutes sur l'origine soit
espagnole, soit latine (-olus>ou) du [-u] de certains mots comme "basco",
"sapo", ainsi que tous ceux terminés en -òrro ou en -orro. Le catalan
connaît aussi ce genre de procédé sans que cela provienne forcément d'une
influence espagnole. Et gascon et catalan présentent d'indéniables
similitudes.
Ta proposition d'écrire en -ou (en graphie classique) ceux qui proviennent
d'un -olus latin est très intéressante et j'ignorais que Salles-Loustau y
avait pensé lui aussi : cela permettrait de les différencier de ceux
d'origine espagnole. Mais avant qu'une décision définitive soit prise par
les hautes instances, il risque de passer pas mal d'eau sous les ponts...
Aussi je ne vois pas au nom de quoi il faudrait avoir des scrupules à
adopter ce digraphe -ou, à l'instar de -eix à la place de -ish.
A ma liste je rajouterais "ànjou", "àrbou", "guapo" (probablement d'origine
espagnole), "cocarro" (id). Il y en a probablement bien d'autres que je ne
connais pas ou que je n'ai pas en tête.
Quant à Estebe/Estében, je suis bien d'accord que ce n'est pas d'origine
basque, mais c'est bien que tu l'ais précisé.
Cordialement.
Daniel
----- Original Message -----
From : "LAFITTEJann" <LAFITTEJann@wanadoo.fr>
To : "Gasconha Doman" <Gasconha-doman@yahoogroupes.fr>
Sent : Sunday, September 03, 2006 9:09 PM
Subject : [G(V)asconha doman] Mots paroxytons en -[u]
Merci Daniel d'avoior parfaitement répondu ce que j'aurais moi-même écrit.
> en gascon central et méridional cette terminaison en ['-u] n'est pas
> aussi rare que ça et en graphie classique elle est représentée par "-o" et
> s'applique donc à des noms au masculin.
> En voici une liste :
> amorro, apòsto, aso, basco, bruho, cabòrro, caco, casso, cassòrro, chòlo,
> cirço, cleco, còho, galho, hraisho, hrèisho, macho, mansorro, marro, moço,
> motorro, napo, pardo, parvo, pegòrro, pèrro, pimbo, onco, sapo, sorro,
> suèco, taisho, tòcho, tremo.
> Par contre le problème ne se pose pas en nord-gascon car ['-u] y est
inconnu
> et est remplacé par ['-ë].
J'ajouterai simplement que ces mots ont à mon avis deux sources :
? l'espagnol pur et simple, le -o final étant devenu [u] en gascon à partir
du XVIe s. : amorro, basco, cleco, macho, marro, moço, etc.
? une finale latine en -olus (parfois substituée à une finale "classique" en
– inus ou -anus, à l'origine des formes en -e du gascon du nord) : le -l
latin devenu final se vocalise en [w] qui se confond avec le o qui précède,
devenu [u] ; ils dérivent en ol. En graphie classique, je recommande donc de
les écrire en -ou (cf. Méménto grammatical de Salles-Loustau et Birabent, p.
21 : títou) :
apòstou (apostolat), àsou (asolada), càssou (cassolet, cassolèra), hràxou ou
hrèxou etc.
La forme paroxytone « taisho » est chez Palay mais les enquêteurs de l'ALG
ne l'ont rouvée nulle part ente 1940 et 1950 (ALG I, 14).
Et l'Estében mentionné fait partie des finales latines en -anu (Stephanus,
calque du grec Stephanos = "couronne"). Faut pas voir du basque partout !
Amistats a tuts.
J.L.