Traduction de "la ferme des veaux" en "medoquin" ? Magaly

Bonjour,
Avec mon conjoint nous sommes en train de monter une société d’élevage de veau de lait et nous souhaiterions lui donner le nom de "la ferme des veaux, ou la ferme des veaux a engraisser" mais en patois, mais autour de nous personne ne sait le traduire.
Nous habitons à une dizaine de km de St Vivien de Médoc, j’espere que vous pourrez me renseigner
merci d’avance

Grans de sau

  • Voici, certifiés par l’Atlas linguistique de la Gascogne, les termes locaux en gascon du Nord-Médoc.

    "la ferme" : tout dépend ce que vous voulez exprimer. Comme dans toute langue qui a servi à exprimer en premier lieu la civilisation agraire, le gascon possédait un grand nombre de mots techniques.
    Disons que si pour vous, il s’agit bien d’une ferme pour bovidés (au sens d’étable au fond), le terme nord-médoquin est : par’gaw (prononcez pargaou avec diphtongue finale, comme dans Nadau, nadaou, s’écrit pargau en graphie normalisée).
    Sinon, le terme générique est "borde", "bourdiou" (prononcé bour’diw écrit bordiu en normalisé).

    NB : ’ note la finale qui suit à accentuer.

    Donc : "lou pargaou" ou "la borde" ou "lou bourdiou", sachant qu’inévitablement de telles graphies seront estropiées, et que l’on peut tenter : "lou pargaw" par exemple qui rend bien la diphtongue.

    "des" : en gascon médoquin, c’est clair, c’est "das" avec s final prononcé. Seulement le mot qui va suivre commençant par b, ce s final va se sonoriser en z. Du temps où l’on possédait la langue, jamais on n’aurait eu idée de noter cette différence orale. De nos jours, je ne sais pas.

    "veau" : en gascon médoquin, c’est bédèt, avec t final prononcé, accent tonique sur la finale et bien faire attention à distinguer le premier é qui est fermé du second è ouvert.
    On le veut au pluriel, on rajoute s (sachant qu’en Médoc, il y avait une large tendance à "avaler" ces finales plurielles, de telle sorte que -ts final parfois donnait immuablement -t, mais c’est une affaire de statistiques de réalisation).

    Donc au final, j’écrirais ainsi :

    "lou pargaou das bédèts"

    qui se prononce :

    "lou par’gaw daz bé’dètss"

    (r roulé)

    qui s’écrirait en graphie classique gasconne :

    "lo pargau daus vedèths"

    Privilégiez la graphie franco-gasconne qui rend mieux la prononciation. Tant pis si ça patoise.

    Réponse de Gasconha.com :
    Merci beaucoup, Vincent, pour cette explication détaillée et avisée, à laquelle je souscris au nom de Gasconha.com.

    Y a-t-il eu un mot spécifique pour "veaux à engraisser" ? Il sera difficile de le savoir, donc contentons-nous du "pargaou das bédèts" !

    Un détail qui peut avoir son importance si la graphie classique était choisie par nos éleveurs : il me semble que la graphie classique note "das" le "das" du Médoc, donc ce serait "lo pargau das vedèths" en normalisé classique.
    [Tederic]


  • L’ALG ne donne que "vieille vache à engraisser destinée à l’abattoir" (madèra en médoquin, prononcez ma’dère) ou "veau d’un an" (anolh, prononcez anouly ly représentant l final mouillé, sur la côte, pegolh dans la lande).

    Au passage, à propos de dau/daus, on se rend compte dans l’ALG que "daus" n’est en fait prononcé "daws" qu’en un seul endroit des pays girondins, à savoir Saucats.
    Le Médoc et Bordeaux qui ont bien "daw" au singulier, ont immuablement "das" au pluriel. L’Entre-Deus-Mers a "dés" ou "dòws". Le confluent Lot-Garonne a la même solution que Bordeaux. Le reste du domaine gascon (hors montagne) a "dous". L’ALG ne semble pas recueillir de forme "déws", ce qui pose la question de savoir si l’on ne pourrait pas tenter l’économie en écrivant "dos" (il n’y a qu’en Ossau qu’au singulier, on trouve des formes vocalisées "dows", peut-être importées de Gironde ?).
    Dans le même genre, cela m’avait énormément surpris de me rendre compte que les Languedociens écrivent "dels" un mot dans lequel l n’est jamais prononcé (c’est toujours déss).
    Et pire, en fonction du contexte consonantique, il y aura des assimilations. "dels vailets" se prononce en fait ... "di baylétss".

  • Remarquez que Per Noste donne pargau comme un mot médoquin, ce qu’il est, mais surtout comme un mot féminin, ce qu’il n’est pas si l’on en croit l’ALG.
    Il arrive que certains substantifs aient maintenu la fonction initiale du suffixe -ale(m) latin qui était de fabriquer des adjectifs.
    Ainsi, destrau est féminin parce que hache était sous entendu. Pour que pargau soit féminin, il faudrait imaginer que le terme est issu d’une expression du genre "bòrda pargau" où pargau est un adjectif qualificatif, qui devient substantif, et reste au féminin car bòrda l’est.

  • J’ai posé la question à quelqu’un du Médoc (Bégadan) qui a entendu dans sa jeunesse parler des femmes dont la langue native était le gascon "medoquin".
    Pour "ferme", il n’a pas su me dire un mot, mais quand je lui ai donné le mot "lo pargau", il s’en est souvenu, mais m’a tout de suite dit, sans que j’ai abordé la question du genre féminin ou masculin, que la locutrice disait "la pargau" (féminin).
    Je pense que l’information est fiable, et qu’on peut donc proposer "la pargau das vedèths" ("la pargaou das bédèts").

  • Simin Palay donne effectivement "pargàu" féminin.
    Comme il s’agit de veaux de lait il serait peut-être amusant de prendre le terme "bederét ou bederot" qui signifie toujours selon S.Palay un jeune veau.
    Celà pourrait donc donner "la pargàu das bederéts".


Un gran de sau ?

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