Marthan martiang martchand martchant Cyril de Sagazan

Petite question soumise à la sagacité des fins lettrés gascons qui nous instruisent ici un peu plus chaque jour :

A San Sefrian (Saint Symphorien 33) un lieu-dit a changé souvent d’orthographe.
Sur la route de Sore se trouve une métairie appelée communément Le Marthan (en phonétique locale : martiang) or les panneteaux administratifs du bord de la route ont d’abord écrit "lieu-dit le Martchand" avant de changer il y a deux-trois ans pour "le Martchant".

Qu’en est-il ?

Adishatz

P.-S.

Dans sa très grande sagazité, Gasconha.com pense que les panneaux de bord de route donnent la solution : ce nom est la transcription du mot français "marchand" prononcé à la gasconne.
Le son "ch" venant du français a de fortes chances d’être prononcé en gascon comme un "t" mouillé (qui fait partie des sons originels du gascon).
La notation "th" a été proposée en graphie alibertine pour transcrire ce son, et il est intéressant de voir qu’elle a ici été utilisée, sans doute spontanément, par des locaux.

Grans de sau

  • Vous êtes trop fort ;-)

    Mais qu’en est-il du changement de Martchand en Martchant... pour quelle raison le "d" final est-il devenu "t" surtout depuis si peu de temps ?

  • En finale, -d s’assourdit et se prononce -t, comme toutes les consonnes dentales. Arnaud en gascon se dit Arnaut.

    Dans cette région des Landes girondines, l’ALG montre une grande diversité de la prononciation de -nt final.
    Massivement, c’est /n/ donc en graphie "française" quelque chose comme "martyann" avec un n final dental.
    Cependant, la prononciation avec t est présente mais minoritaire : "martyantt".
    Enfin, plus rare, mais attestée par les graphies anciennes que vous proposez, il arrive que le groupe -nt soit interprété comme une vélaire (comme s’il était issu d’un n simple latin final) d’où : "martyang" avec un -ng final à l’anglaise ou à la "méridionale" (putaing cong).

    A propos de l’interprétation du son "ch" français : le gascon dispose de ce son mais bizarrement il peut lui substituer quelque chose qui tend en effet vers le t mouillé (son archétypique du basque) voire le j. C’est assez difficile à noter.

  • Grand merci pour ces précisions très pointues.

    Adishatz

  • Que le gascon ait prononcé "ty" le "ch" français (et j’ai le phénomène en gascon tonneinquais) suggère que le "ch" français ne correspondait pas au "sh" gascon.
    Qu’était donc ce "sh" gascon ? Un "s" légèrement chuinté ? Les mots qui ont "sh" en gascon (ex : "shord" pour "sourd") n’ont-ils pas "s" en languedocien ?

  • Je continue ma recherche :
    J’ai trouvé en toponymie, du côté du Gabardan et du Marsan, les locs "Bartuche" et "Lanuche". Ce dernier apparait comme "Lanusse" sur la carte de Cassini !
    Il y a donc un "ch" qui décrit un son "s" très chuinté.
    Ce qui est troublant, c’est que le "ch" français ait été assimilé, non pas à ce "s" chuinté, mais au "t" mouillé (marchand>marthan).
    Le "ch" français était-il différent de ce que nous connaissons ?

    Une étude poussée serait nécessaire, en s’appuyant sur les toponymes, et en ayant à l’esprit la diversité des évolutions à l’intérieur même de la Gascogne.
    Une telle étude permettrait par exemple de répartir les noms de lieu commençant par "ch" entre des "s" et des "th".
    Exemple, "Chounat" est-il "Sounat" ou "Thounat" ?

  • Merci,
    C’est vraiment passionnant.
    Amistats


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