Les grisets de Toulouso [Forum Yahoo GVasconha-doman 2009-11-04 n° 9667]

- Tederic Merger

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Ceci est un message spécial de Gasconha.com.]

Adishatz monde !

Nous avons parlé de Toulouse récemment, au sujet des annonces en occitan dans le métro, et de qu'elles ont déjà révélé : l'ignorance méprisante de certains jeunes toulousains.
http://senstitol.wordpress.com/2009/09/21/ai-pres-le-metro-per-vosaus/
http://fr.groups.yahoo.com/group/Gasconha-doman/message/9633

Comme je l'ai dit ailleurs, Toulouse a été, est et sera une métropole pour la Gascogne.
D'où l'intérêt de connaître son histoire et son présent, et d'imaginer son futur.

Côté histoire, une fois de plus, je puise dans les livres anciens de la bibliothèque municipale de Tonneins...
Cette fois-ci, c'est "Une ville à l'époque romantique : Toulouse. Trente ans de vie française" de Jean Fourcassié, professeur à la Faculté des lettres de Toulouse, édité chez Plon en 1953.

Le matériau de l'auteur, c'est la presse de l'époque romantique à Toulouse, donc les années 1820 à 1850.

Voici un type sociologique que l'auteur y a rencontré [p.49] :

Entre le bourgeois et l'ouvrier se situe un être bizarre, le griset, dont Eugène Dauriac précise la « physiologie », à la manière de Balzac, dans "les Français peints par eux-mêmes". C'est le pendant de la grisette. Il habite le faubourg Saint-Cyprien.

« Assez riche, ou du moins dans l'aisance, il ne travaille que pour continuer l'état de son père. Ordinairement sa profession est de celles qui ne réclament que quelques heures dans la journée. Marchand blatier, aubergiste ou mesureur de graines, voilà son état...
Jamais il ne se mêle aux artisans, non par fierté - il n’en a pas - mais parce que l’ouvrier, être nomade, a adopté d’autres mœurs...
Ses papillotes, ses couleurs fraîches, ses boucles d’oreilles ne vont-elles pas bien sous cette casquette ou ce chapeau rond ? ... »

Grand amateur de chants, "Orphée populaire", il chante toujours avec un "goût exquis".
Amoureux des grisettes, il entre en concurrence avec l’étudiant.
« Il n’est pas rare de le voir, accompagné d’une centaine de ses amis, attaquer, avec d’énormes bâtons, les élèves à la sortie des écoles. »

Il aime les plaisirs bruyants, suit toutes les fêtes. Il ne parle que patois.
Ce type original s’est perpétué jusqu’à la guerre de 1914.

J’ai été frappé par l’étrangeté de ce type du "griset" (peut-être existait-il dans d’autres villes, peut-être est-ce un type français, version toulousaine).

On pourrait le qualifier de "bourgeois-bohême", mais je lui trouve une truculence que n’ont pas les "bobos" d’aujourd’hui.

J’ai bien sûr remarqué ce "Il ne parle que patois", qui confirme la vivacité de la langue d’oc à Toulouse jusqu’à la 1ère guerre mondiale.

Mais ce livre dont je vous parle l’ignore totalement, cette langue d’oc, sauf, comme par accident, au détour d’une description comme celle du "griset".
C’est que "le patois" semble appartenir exclusivement au domaine de l’oral.
Les journaux de l’époque sont, semble-t-il, exclusivement en français, et ne portent, apparemment, guère d’attention à la langue de la rue, qu’ils doivent, quand ils en parlent incidemment, nommer "patois", avec la condescendance qu’on imagine.

Si la langue des grisets toulousains est perdue, Toulouse peut-elle retrouver certains traits de leur art de vivre ? (en mettant de côté les bastonnades à la sortie des écoles !)

Siam hardits !

Tederic

Un gran de sau ?

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