Maranh- et garp- : deux racines toponymiques à élucider

- Gaby

Voici deux ensembles de toponymes qui me font me casser la tête depuis fort longtemps.

Maranh-, une racine qu’on trouve surtout dans la lande girondine :
LE MARAING (Noaillan)
MARAING (Uzeste)
MARAIN (Cabanac-et-Villagrains)
AU MARAGNE (Cudos)
LAMARAGNE (Moulis-en-Médoc)
MARAGNA (St-Sauveur)
MARAGNOT (Noaillan)
prob. MARAGNAC (St-Pierre-de-Mons)
ailleurs : LA MARAGNE (St-Genès-de-Blaye)

Je n’arrive pas à trouver d’où cela vient. La seule hypothèse qui me vient à l’esprit – en pensant au nom de la Lomagne ou à Loumérac – serait une coupure fautive de *(ol)omaranh qui serait plus ou moins une « mauvaise ormaie » ou un « lieu où poussent les ormes ». Mais un mot aussi long me semble bizarre.

Garp-, une racine plus largement gasconne, notamment dans le centre-nord de la Gascogne :
LA GARPE (Cudos, Bernos-Beaulac, St-Morillon, St-Griède)
LAGARPE (Uzeste, Antagnac/Ruffiac)
LAS GARPAS (Bouzon-Gellenave)
LE GARPE (Maillas)
LA GARPASSE (Bernos-Beaulac, Gans, Lerm-et-Musset)
GARPAT (Cachen)
GARPERON (Listrac-Médoc)

Ercvox : garpèra « râteau », garperar « râteler » (Grande Lande) ; esgarp « abrupt, raide ». Garperon se rattache peut-être à garpèra, encore qu’il faudrait vérifier que le mot ait été médoquin. Mais ce mot *garpa en Bazadais !?! Rien dans les dictionnaires bazadais. Il y a sans doute un lien avec un outil ou avec la notion de gratter, d’agripper, cf. par ici : graupiar « gratter (la terre) », graupit « gourd » (doigts), de gràupias « à quatre pattes ».!.. Cela dit, je n’ai pas dit mon dernier mot car je vais demander à une locutrice native de Bernos-Beaulac.

Grans de sau

  • Je crois qu’il faut faire simple, quitte à élargir la recherche si on pédale dans l’escauton…
    — 
     Pour maranh je partirais de la racine germanique mari qui selon les langues et les époques désigne toutes sortes d’étendues d’eau, d’une mare à une mer… en passant par un marais.
     -anh semble être ici le suffixe péjoratif, assez productif (cf. mascanhar, escuranha, etc.)
    Il s’agirait donc de “vilains marais” qu’on aurait drainés pour en faire des terres nouvelles (lat. novalia, noailles, navalhas, comme à… Noaillan).
    Il est aussi très fréquent, sur un même secteur, de distinguer deux lieux homonymes par un diminutif (maranh/maranhòt à Noaillan) ou un augmentatif (garpa/garpassa à Bernos-Beaulac.)
    — 
     garp- : le rapprochement avec garperar me semble le plus simple et le plus convaincant.
     esgarp est souvent amuï en escarp (cf. fr. escarpé) ; l’origine reste probablement la même, voir (https://www.cnrtl.fr/etymologie/escarper).
     Problème : escarper (rendre abrupt) aurait le sens contraire de garperar (aplanir), mais ce n’est pas forcément rare, le sens ayant pu évoluer par le jeu des préfixes, cf. le vieux fr. mucier (cacher) / g. (a)muishar (montrer).
    Il y a peut-être l’idée d’épierrer, ce qui se faisait généralement avec des grappins.
    — 
    Bien sûr ce sont des pistes, pas des certitudes.
    Les maranhs et les garpas s’ajouteraient donc aux hodins, treitins, artigas, abatuts et j’en oublie… Il y aurait un lexique étendu à faire avec tous ces noms de terres neuves. Pour ceux qui les défrichaient, la méthode ou la technique employées avaient manifestement toute leur importance car elles dépendaient des sols. Le type de terrain obtenu devait donc conditionner ce qui y pousserait le mieux, et cela se comprenait dans le nom.

  • Cette hypothèse pour maranh me semble intéressante. Je pensais au début que cette racine mar- n’était pas gasconne (ou tout au moins un « francisme »), mais en consultant plus minutieusement le FEW je trouve marelha « mare » en Béarn.

    Par contre, je ne vois rien qui indique qu’on les aurait drainés, ces maranhs.

  • Quiò, qu’as rason ! Que se m’arrossega la tintèina de trobar tèrras navas pertot :D
    Donc maranh(a)s, desaigadas… o pas ; qu’i carré anar véder.

  • Adixatz,

    chez nous on trouve "margagne" qui est un défaut fait en tricotant ou toute erreur en effectuant un travail manuel.

    Et on a le "guèrp" qui est un crochet, notamment pour tourner les billes de bois.

    Je ne sais pas si cela peut aider.
    Eric

  • J’avais écrit ça en 2013.
    C’est toujours valable :

    Je ne sais si c’est du français ou du gascon, mais en agriculture, nous utilisons ici le mot "garpe" pour désigner un mode de travail. C’est assez dur à expliquer, c’est le fait de ne pas par exemple labourer la terre , en faisant des allers-retours cote à côte. on laboure un aller, on se décale de plusieurs metres pour faire le retour, le prochain aller revient contre le premier aller et ainsi de suite. ça évite de faire des manoeuvres et permet donc de faire gagner du temps. MEs explications doivent surement être assez floues, désolé


Un gran de sau ?

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