Le toponyme "artigue" et les défrichements médiévaux "Les Artigues du Midi de la France" par Charles Higounet

- Vincent P.

Il n’y a aucune obligation de mettre à profit cette période de confinement pour faire quelque chose d’utile de nos vies : c’est un droit premier que de mal vivre la période, de souhaiter retrouver, à défaut de la liberté totale, une liberté de déplacement.

Reste que pour ceux qui s’ennuieraient face à la nullité de la programmation à la télé, voici qu’au hasard de recherches sur Internet, j’ai trouvé en accès libre un nombre considérable de textes fondateurs sur l’identité, l’histoire et la langue gasconnes.

Commençons ce jour par un article de Charles Higounet autour du mot artigue, dont l’utilisation fut intense en pays gascon, mais aussi au-delà. Vous compléterez l’étude par la lecture de l’entier ouvrage, qui permet une comparaison avec le terme d’oïl essart :

TOPONYMIE ET DÉFRICHEMENTS
Médiévaux et modernes en Europe occidentale et centrale

Voir en ligne : "Les Artigues du Midi de la France"

Grans de sau

  • La carte de Higounet, insérée plus haut par Vincent, qui montre la diffusion du toponyme Artigue, est confirmée par les cartes que dessine Géopatronyme des noms de famille suivants :
    Lartigue,
    Lartigau
    Artigue
    Artigau
    Lartigue et Lartigau sont plutôt ouest-gascons, Artigue plutôt commingeois, Artigau plutôt basco-béarnais... mais tout ça ensemble, ça fait la Gascogne !

    Higounet montre que le mot artiga a rayonné au delà de la Gascogne, vers les domaines languedocien, guyennais, limousin... et aussi au sud des Pyrénées.
    Mais grosso modo, ce mot est d’abord à nous... nous pourrions d’ailleurs le réutiliser quand nous parlons français pour désigner des zones défrichées, ça passerait très bien !

    Je sens à la lecture de l’article que Higounet a tenté d’ouvrir par ce mot artiga une exploration historique et géographique des activités de défrichage (c’est une démarche courante sur Gasconha.com d’utiliser la langue comme une porte d’entrée pour l’histoire et la géographie).
    Aucune révélation fracassante peut-être ; ce défrichage a été intense pendant des siècles, au moyen âge et au delà. Il a pu aussi bien concerner des zones humides, les barthes, par exemple...
    Je vais lancer à Higounet une pique amicale : il semble ignorer le mot gascon ardon* (arredon = rond) quand il dit « Quant à Artigueardoune, c’est une artigue « brûlée », c’est-à-dire gagnée par le feu. »
    Il y a des artigues rondes (ardounes) comme il y a des artigues longues ! Par exemple Artigueredonne à Izon près de Bordeaux...

    * présent par exemple dans Campardon, Lanardona...

  • Bonjour
    Ce même terme se dit en basque ager (prononciation aguerre). Transformé en verbe, agertu signifie en basque moderne « apparaitre ».

    D’après Xavier Delamarre, en gaulois, on utilisait le mot ialon, qui de défrichement en est venu à signifier village. Il a donné les noms en -euil, autour de l’ile de France et -jols (prononcé -jouls) dans le midi (donc pas en Gascogne).

    Ce dictionnaire cite d’ailleurs les influences du gaulois dans les autres langues en contact :
    Dictionnaire de la langue gauloise


Un gran de sau ?

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