Un des derniers « MAG » de Sud Ouest (numéro 423 , du 10 octobre) consacrait son dossier central (et sa une) au « rap d’ici » (avec sous-titre « …les rappeurs sont nombreux dans la région ».
En fait le texte était plus interrogatif : « le rap peut-il s’enraciner dans le Sud-Ouest ? » et le Mag de s’interroger « sur les raisons pour lesquelles aucun rappeur (ou presque) de la région n’a encore émergé sur la scène nationale ».
Abstraction faite des ambiguités chères à Sud Ouest (de quel « Sud Ouest » et de quelle « région » parlons- nous ?), j’ai eu envie aussitôt de répondre à part moi : « eh bien, parce que ce n’est pas notre culture, voilà tout ! » tant le genre me parait venu d’ailleurs, de bien loin en passant par Paris, la grande lessiveuse qui brasse et rebrasse tout, et en tout cas totalement éloigné de nos traditions culturelles. Un rappeur (bordelais) intervieuvé m’y poussait d’ailleurs quand il disait que « pour être allé à Marseille, j’ai pu constater qu’ils n’ont pas la même mentalité que nous… Ils baignent dans ce milieu depuis un moment… ».
Bref, « ça m’apparaissait (et encore aujourd’hui) comme le produit d’un arrosage mondialisé des « bitumes des métropoles » , donc incongru pour nous et chez nous.
Du reste, l’article continue avec la réflexion suivante d’un journaliste spécialisé, natif d’Anglet, Brice Bossavie, réflexion qui nous touche quelque peu aussi : « logiquement,la population du Pays Basque, par exemple, où il y a un fort ancrage local et très peu de brassage culturel, ne se sentait pas concernée par ces questions -là. Les genres les plus répandus, notamment sur la côte basco-landaise, restent le rock, le reggae et l’electro. Différentes raisons qui peuvent expliquer le retard pris par les politiques locales dans le développement de cette culture urbaine, au profit des traditions régionales. Pourtant la donne a changé avec l’arrivée de nouvelles générations ». Bigre ! Le rap vient-il nous faire concurrence dans la chasse aux subventions, de plus en plus limitées et pourtant de plus en plus nécessaires en ces temps de quasi reconfinement mortel pour les groupes musicaux de tout poil ?
Petit recensement actualisé de Sud-Ouest, carte à l’appui (de l’ « ancienne » Aquitaine augmenntée des deux Charentes (zone de chalandie oblige !) : 17 groupes recensés à Bordeaux (bon,on est en « métropole » !), un à Marmande, un à Agen, trois à Bayonnne-Biarritz et huit à Pau (quand même !). Evidemment, pas de carte en ce qui concerne Hautes Pyrénées, Gers,Comminges et Couserans…
Ce n’est pas rien, certes mais quand même une question me vient : ce genre « musical » (faut-il ou non des guillemets ?), toujours interprété recto tono, comme un récitatif, est-il compatible avec des langues (les nôtres , par exemple) marquées par un fort accent tonique, dont les restes subsistent dans l’accent (quand il demeure…) ? Le français au contraire (quand il est parlé avec l’accent du nord), si plat en matière d’accent, me parait bien mieux y convenir. Pour l’anglais, ça peut se discuter.
Alors, une question vient naturellement à l’esprit : un rap gascon est-il possible et souhaitable ? Après tout nous avons bien des groupes néo rock (Inspecteur Couzot) voire « heavy metal » ( Boisson divine) …
L’avis de quelques uns de nos jeunes musiciens (Renaud Lassalle, té, par exemple) serait bien intéressant.