"La dispute continuera ailleurs sur les pages de "Gasconha"..." prophétise Tederic. Oui.
Moi je n’ai qu’une question : combien de locuteurs de gascon en Béarn ? Je pense au grand maximum 10% de la population béarnaise.
Déjà, on peut faire une première approximation : il suffit de prendre l’annuaire et à quelques exceptions près, retrancher de la population les personnes qui ne possèdent pas un patronyme gascon, car qu’on le veuille ou non, le béarnais est malheureusement resté la langue des derniers autochtones.
Il n’y a pas eu transmission familiale alors imaginez une transmission aux nouveaux venus !
Mais les occitanistes ne désespèrent jamais, ils doivent s’imaginer qu’en vivant en Béarn, on acquiert nécessairement la langue béarnaise, même sans le vouloir.
Donc rien que sur cette estimation pifométrique, je pense qu’on peut évaluer à 40% le nombre de personnes susceptibles de parler gascon en Béarn car possédant un patronyme du pays qui indique un certain ancrage territorial.
Sur ces 40% (sachant que des études ont montré il y a 20 ans que dans une ville comme Oloron, les patronymes béarnais ne représentaient déjà plus qu’un tiers des patronymes des habitants de la ville : c’est fini le temps des Casenave et des Bordenave), on peut estimer qu’une minorité infime des moins de 60 ans ont une connaissance correcte de la langue ancestrale.
Nous sommes en 2011. La génération des années 20 nous quitte. La génération des années 30 est la dernière qui est reconnue comme ayant été en contact avec la langue.
39-45 a été une coupure très nette.
Cela ne sert à rien de balancer des chiffres mais je ne pense pas qu’on atteigne les 5% de vrais locuteurs in fine.
Sans oublier que les Béarnais bougent, se marient avec des gens venus de tout horizon : dans l’hypothèse surréaliste d’un jeune homme de 30 ans béarnophone, qu’est ce qui peut faire qu’il passera la langue à son enfant, s’il est muté à Paris, si la langue du foyer est le français, s’il ne se sent plus Béarnais, ... ?
Je peux prendre mon exemple : de ma génération (années 80), je suis la seule personne que je connaisse qui ait quelques connaissances de gascon.
Je connais bien quelques occitanophones militants mais pour ainsi dire, à part dire "qu’ei vertat" ou "que’ns cau bolegar", cela ne va pas très loin ...
Le seul locuteur fin de gascon de ma génération que j’ai connu était ... chalossais.
Je peux également faire l’inventaire de situations tristes. Parle-t-on gascon dans les librairies régionalistes occitanes du Béarn ? Non.
Sur le marché de Laruns ? Pas plus.
Alors dans les concerts de Nadau ? Même pas ! On chante phonétiquement.
Les Basques qui organisent Herri Urrats doivent rire (au passage, ils déplorent chaque année la venue de plus en plus nombreuse de Béarnais et Landais qui n’y vont que pour se péter la gueule, sans aucun souci de sauvegarde de la culture basque).
Plus personne ne parle gascon en Béarn. Je connais des villages où je ne vois plus une seule famille apte à parler la langue (à vue de nez, en tout cas, on ne l’entend plus), particulièrement en Vic-Bilh.
Des sources occitanistes m’affirment qu’à Sauveterre, la langue est morte depuis les années 70. A Morlaàs, "chez moi", je crois pouvoir dire qu’il ne doit plus rester que deux locuteurs dans la rue où se trouve la maison familiale.
Je ne formule qu’un appel : ouvrez les yeux.
Constatez en toute objectivité la situation, le dit occitan n’est plus que le gagne-pain d’une association vaguement culturelle. C’est mort.
Pire, on apprend le dit "occitan" aux enfants de la mondialisation heureuse, voués à bouger dans la vie.
Il n’y a plus d’ancrage territorial, tout a implosé.
Il est grand temps que les occitanistes, incapables de ce dur constat, passent la main. Parce qu’il y a des choses à faire mais ce sont des thématiques qui ne les intéressent pas.