Le naufrage des portugais sur les côtes de Saint-Jean-de-Luz et d’Arcachon (1627) Dominique

Je me permets de mettre un petit grain bibliographique : je viens de relire "Le naufrage des portugais sur les côtes de Saint-Jean-de-Luz et d’Arcachon (1627)" aux éditions Chandeigne, je suppose que tous les savants qu’il y a ici connaissent, mais moi je vous recommande fortement ce livre s’il vous a échappé, car il décrit d’une certaine façon les côtes de la mar grana, il donne à voir la représentation que pouvaient se faire les gens des villes de Bordeaux, Lisbonne, Madrid et Paris, des habitants, bergers des dunes et des landes.
Ce livre se présente comme un ensemble de documents que l’on trouve rassemblés en un petit volume : récits des rescapés, articles de gazettes, rapports administratifs sur le naufrage, description de cartographe et surtout cartes et plans (celui de Saint-Jean de Luz est formidable) de nos contrées de l’époque et du 18ème siècle, à la fin de ce volume il y a une analyse des causes de ce naufrage qui vit périr la flotte portugaise des Indes, il y eut au moins 2000 morts, et des richesses innombrables ont disparu, changé de mains, dans une tempête qui fait penser à celle baptisée Klauss.
Le récit des basques de Saint-Jean sauveteurs audacieux et des méchants bergers landais sauvages et inhumains est effarant.

Grans de sau

  • Je reviens sur cette référence, on y trouve une relation d’un cartographe qui donne des mots "du coin", ce qu’il appelle (1708) la grande côte de la mer de Médoc :
    cotegeaire qu’il traduit par pilleur de côte et plus loin par chercheur d’ambre, il parle de "bedouse" ou belouse traduit par fondrière, le pécheur est dit s’appeler "roussinaire" et Claude Masse, ce cartographe, nous dit qu’il ne faut pas se fier à lui, car ces roussinaires "ne se font pas grand scrupule de donner un coup de hache sur la tête au pauvre malheureux qui leur demande son chemin pourvu qu’ils voient quelque apparence de profit", dernier mot que je repère dans ce texte c’est celui de "mique" petite boule de pâte de farine que "les malheureux des côtes mangent avec un peu de lait quand ils en ont".
    Quant aux malheureux Portugais, les habitants de la côte, ceux de Lège par exemple, ont refusé de leur indiquer le chemin pour s’en sortir.
    Pour ceux qui vont se retrouver en cette belle fin d’été du côté de Biscarosse dans de belles maisons, ou sur les plages entre Cap Breton et l’étang de Cartaignac comme on disait à l’époque, pensez à cette flotte entière dont ces deux caraques qui doivent encore être tout près...
    Ceci dit, le duc d’Epernon a récupéré les diamants de la cargaison.

    Question aux sagaces :
    Est-ce que les mots trouvés sont du gascon maritime, ou du Médoc (ou de vrais mots de gascon tout court) ?
    Amitiés
    mica = mique (mie, miche, boule de farine cuite à l'eau, ancienne pâtisserie...)

  • "Le naufrage des Portugais" est dans ma bibliothèque depuis plusieurs années et figure à un futur programme de lecture... Un épisode pas très glorieux pour nos Landais de la côte mais c’est ainsi !

    Parmi les mots cités,le plus évident est la "mique" (mica) aliment de base des Gascons de l’ouest pendant des siècles et omniprésent dans les contes d’Arnaudin.
    "Cotegeaire" parle tout seul, bien qu’on attendrait plutôt "costejaire" mais je ne le trouve pas dans le diccionaire de Foix, le seul que j’aie ici à portée de la main.
    Quant à "bedouse", à moins qu’il ne s’agisse d’un noir jeu de mot avec la veuve (bedoue ou bedouse, j’ai un doute) il me semble que la fondrière est plutôt "baribounde" (baribonda) ou "galihosse" (galihosssa) dans les parlers ouest-gascons ; mais avalant régulièrement les bergers égarés et imprudents, peut-elle était elle habilitée en effet à se croire leur veuve !

  • Cet épisode terrible est de nouveau évoqué par Yan Lespoux, écrivain médoquin, dans son livre
    Pour mourir, le monde.

    Presqu’îles de Yan Lespoux (Editeur Agullo)

    Le même Yan Lespoux, que nous avons déjà relayé sur Gasconha.com, était invité récemment sur France Culture par Mathias Enard, ce qui m’a donné le plaisir d’entendre le mot costejaire, bien prononcé (surtout par Yan Lespoux, ce qui est normal !).
    Les bédouses (sables mouvants) étaient aussi évoquées.

    PS : nous n’avons hélas plus de nouvelles de Dominique, auteur du présent article, et longtemps une fidèle de Gasconha.com.
    L’arròda que vira (la roue tourne), et nous le sentons encore plus en changeant d’année comme aujourd’hui...


Un gran de sau ?

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