Redonner aux Landes leur aspect antérieur...

- Vincent P.

La Gascogne peut s’enorgueillir d’une des plus grandes forêts d’Europe :
j’aimerais autant qu’elle soit fière de ses étendues plates à perte de vue faites de bruyères et de sable.
Ma question est ainsi simple :
le Parc Naturel Régional n’a-t’il jamais songé sur une partie de la Haute-Lande à redonner aux Landes leur aspect antérieur (sur les parties communales boisées par exemple) ?

Nous avons perdu un paysage original et inédit au profit de coton-tiges plantés régulièrement.

Il ne s’agit pas de remettre en cause le pignada, partie intégrante de la lande, mais son excessive présence.
On ne peut que regretter ces témoignages de pâtres qui voient au petit matin s’élever à l’horizon les Pyrénées de Perpignan à Fontarabie dans des odeurs qui nous sont aujourd’hui inconnues.

Grans de sau

  • Il y a une tendance à l’abattage du pinhadar pour faire de la grande culture de maïs, légumes ou autres.

    Cela pourrait déjà redonner vision sur la mountagne, mais reste dans le système de la monoculture...

    Le "Parc", lui, ne peut pas refabriquer à grande échelle un paysage perdu.

    Par contre, on peut imaginer qu’il fasse travailler des chercheurs sur de nouveaux modèles économiques pour la lande.

    C’est l’économie qui façonne le paysage, et les pouvoirs publics ne peuvent guère façonner l’économie, juste l’influencer.

    Il est bien difficile d’imaginer les Landes de Gascogne dans 30 ou 40 ans, alors qu’on ne sait pas du tout ce qu’il adviendra de la crise énergétique et climatique.

    Ce devrait être un sujet majeur de Gasconha.com, parce que le massif landais, c’est plus du tiers de la Gascogne, en surface.

  • C’est sûr, il y a trop d’arbres sur Terre et pas assez de déforestation.
    Il y également trop de chlorophylle dans notre monde.
    Et puis, un pays privé de malaria et de paludisme, sans ressources agricoles et sans industries (non-polluantes) ce serait tellement mieux.
    Les plus pauvres pourraient également vivre dans des huttes de torchis ou de pisé, se chauffant au feu de bouse et allant chercher l’eau à la hont la plus proche.
    Il faudrait dégoudronner les routes, pas assez proches du modèle landais authentique, et envisager le rétablissement du droit féodal.

    Réponse de Gasconha.com :
    Prenetz guarda, totun, de ne pas tròp caricaturar...
    Digun ne prepausa de tornar a l’endarrèr, mès l’istòria que’s hè de rupturas, puish de reaccions a las rupturas...

  • La mythologie du pin...
    Il a surtout fait la richesse des bailleurs installés à Bordeaux.
    De toute façon, il ne s’agissait que d’une réflexion paysagère dans le cadre du Parc : ne pourrait-on pas ménager des endroits où recréer l’aspect antérieur ?
    C’est tout, c’est tout aussi rétrograde que de regretter la disparition des quais de Langon.

  • Pour ma part, je ne suis pas du tout réfractaire au pin, je trouve qu’il n’y a rien de plus beau qu’un pignada.
    Mais ce qui fait sa beauté, c’est son côté clairsemé assurément ou alors la présence d’un sous-bois.

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  • Ma réaction était épidermique et j’espère n’avoir froissé personne.

    Je pense que nous vivons dans un monde au sein duquel un arbre va bientôt devenir une denrée rare et un écosystème naturel une curiosité qu’on montrera dans des écomusées.

    En outre, oui, il y a une mythologie du pin.
    Rien n’est plus beau que les lignes du pinhadar sous le ciel, en novembre.

    Mais ce n’est pas la raison.
    Les Landes avant le pin étaient un désert stérile et insalubre. On y rencontrait un taux de mortalité galopante et de nombreuses pathologies à peu près éradiquées.
    Oui, ces grandes étendues désolées, ces dunes à peine ombrées d’un couvert d’épineux, oui, ça devait dégager une magie assez grandiose. Mais à quel prix !
    Quant aux quais de Langon... Je ne trouve pas que ce soit comparable.
    C’est un saccage qui n’a même pas la grandeur d’une action préméditée : seule l’ignorence en est la cause !
    Ei traversat nau lanas.... !

  • Cette histoire d’insalubrité me rappelle le discours colonial des grands maïsculteurs qui se vantent d’avoir enrichi et assaini la région.
    En fait, ce qu’ils ont enrichi, c’est avant tout leur porte feuille (demandez à ceux qui bossent pour eux).
    Et dire qu’ils ont assaini, c’est une énorme escroquerie :
    assécher n’est pas assainir, imbiber profondément la terre de produits toxiques, abaisser sérieusement les nappes, forer de plus en plus, de plus en plus profond, et ensabler les rivières, ce n’est pas assainir (rendre sain), c’est dégrader abondament pour le profit de quelques-uns !

  • En ce qui concerne le pin, il ne pousse pas bien partout.
    Est-il raisonnable d’assécher les zones humides avec des fossés de plus en plus profond pour que quelques-uns puissent gagner un peu plus ?
    Est-il raisonnable de faire la guerre à la végétation naturelle de sous-bois (de plus en plus de débroussaillages "à la terre") ?
    Est-il raisonnable de détruire la couche d’alios sur d’immense surfaces, modifiant ainsi de façon irréversible un sol et un sous-sol qui ont mis des milliers d’années à se former ?
    Quel va être l’impact sur la végétation et les micro-organismes qui s’étaient adaptés à ce milieux ?
    Au lieu de jouer les aprentis-sorcier en essayant d’adapter le sol aux nouvelles variétés de pins sélectionnées pour rapporter plus et plus vite, ne vaudrait-il pas mieux sélectionner des pins adaptés au milieu existant, et accepter que sur certaines parcelles les pins poussent moins vite ?
    Dans quelques années on se rendra peut-être compte de la nocivité des sous-solage, ce sera alors trop tard pour revenir en arrière, on ne réparera pas la couche d’alios.
    Peut-être que quelques-uns en auront tiré profit, ils iront sans regret placer leur argent ailleurs... (comme les hollandais qui après avoir pourris les terres chez eux arrivent ici pour cultiver des bulbes)

  • D’accord sur la majorité du message.
    Pas d’accord quand on remet en cause le fait que les Landes, dans leur état antérieur, étaient aussi insalubres que pouvaient l’être les marais Pontins en Italie.
    Quant au biotope landais, je suis à 200% d’accord pour sa préservation à tout prix.
    Mais que nous mélange-t-on là avec le maïs ?
    Ce n’est un secret pour personne que cette culture massive du maïs est profondément polluante et destructrice et ne sert qu’à enrichir quelques groupes (dont l’infâme Monsanto).
    Ce n’était pas de ça dont il était question au départ.

  • Je ne pensais pas être exaucé si vite ...

  • Merci Lothar, merci Hortense, merci Klaus, le grande asperge est au sol.

  • Diu y a comme qui dirait un problème …
    Vincent envoie un post le 21 mai 2010 et les réponses datent d’il y a deux ans
    Ne compreni pas !!! aquò rai, je voulais répondre à Vincent que son idée est excellente et que le Parc des Landes et de Gascogne a déjà pensé à garder un espace (un peu plus restreint que ne le voulait Vincent) à plus petite échelle constitué de landes et de lagunes tel que cela put exister il y a plusieurs siècles.
    Cela se trouve au nord de saint Magne autour des lagunes du "Gat Mort".

    Voila ce que l’on peut lire dans les livres de randonnée :
    "Plus loin, la route longe les Lagunes du Gat Mort, où l’arrêt pique-nique est tout à fait indiqué. Ce site doit son nom au petit ruisseau qui le traverse, dont l’origine gasconne gua, le gué, indiquerait l’endroit où le courant est le plus faible (mort) ; une autre hypothèse rapprocherait Gat-Mort de Calemort (ou supplice de la cale) utilisé dans la région et consistant à plonger les « condamnés, souvent les femmes de mauvaise vie dans une cage jusqu’à l’issue fatale ».
    Maintenant propriété du conseil général de la Gironde, cet espace naturel sensible veille à préserver les paysages proches de ceux qui constituaient la « Grande Lande » aux siècles passés. Cette réserve de nature est gérée avec attention pour favoriser le maintien ou le retour d’une faune et d’une flore spécifiques de ces milieux rares. Par souci d’éviter tout dérangement, elle se visite à pied uniquement par un sentier très agréable qui serpente en bordure de la lande humide et mène jusqu’à un observatoire qui domine les lagunes et la lande humide."
    Pour ceux qui s’intéressent aux zones humides de la lande :
    www.parc-landes-de-gascogne.fr

    Je trouve rageant que l’on puisse oublier si vite que la foret de pins fut plantée de la main de l’homme et que par ce fait il a détruit une économie agraire qui fonctionnait depuis des millénaires.
    Sure qu’elle est belle notre forêt et pleine de poésie, d’odeurs avec cette lumière unique, mais il ne faut pas non plus oublier que la lande a elle aussi son charme et son intérêt botanique.
    Je préférerai voir une lande sauvage à la place de ces immensités de maïs qui polluent le sol. Ce qui me fait le plus peur concernant toutes ces parcelles privées après ces tempêtes désastreuses et la chute du prix du bois, c’est de voir une nouvelle sorte de champs : des champs de panneaux solaires ou d’éoliennes.
    Je ne sais pas si vous avez déjà vu un champ de panneaux solaires c’est une catastrophe. Je suis pour le développement durable et pour les énergies propres mais pas à l’échelle industrielle.
    L’homme ne sait faire que dans la démesure… rien à son échelle.

    Réponse de Gasconha.com :
    Bravo Tédéric pour ton observation sur l’incohérence des dates !
    J’avais fait une manipulation inappropriée. J’ai perdu la date d’origine, et je rétablis une date cohérente (et très proche de la réalité) en choisissant celle de la première réponse qu’avait reçu ce gran de sau.
    [Tederic]

  • David,

    Vos réactions sont trop souvent épidermiques. Vous verrez, avec l’âge une douce torpeur vous gagnera, on appelle ça la sagesse.

  • Que’ns tornè las lanas com èran d’autes còps 2 ans a.

    [Gran de sau recasé ici où il a sa raison d’être ; curieusement il avait échoué ailleurs.
    Devinez qui a remis les landes dans l’état d’autes còps...
    Tederic M. webmèste]

  • E o Biçoenns, qu’ass resoung.
    You que n’èri prou countènn mé adare, que boey louh cams de milloc dounn sounn a espeli de toutt bortt, louh pinch ounn èrenn daouann.
    Que perferèoui louh pinch toutüng.
    (Que sayi mantuouess grafiss enta me dídit dap le quaou é pòdet coumproene le prounounciacioung dou noegue).

    [Gran de sau recasé ici où il a sa raison d’être ; curieusement il avait échoué ailleurs.
    Tederic M. webmèste]

  • Je vous invite à lire Une autre histoire de la forêt landaise d’Hervé Barrouquère.
    L’idée - nouvelle pour moi - que j’y ai trouvée, c’est que la lande rase était aussi l’oeuvre de l’homme (dans le cadre du système agro-pastoral), autant que les pinhadars ou les champs de maïs (je force le trait).
    Si on laissait faire la nature, ce sont plutôt les chênes qui prendrait le dessus :
    « le pin ne serait que secondaire sans l’intervention humaine, derrière des chênes vrais maîtres de l’espace landais »

    Dans un autre article sur le massif landais, que j’ai lu par Facebook, Hervé Barrouquère démonte aussi l’idée que la forêt landaise serait maintenant menacée par les champs de maïs (et autres). Selon lui, l’époque de ces créations massives de champs est révolue (il me semble qu’il donne entre autres raisons des obstacles réglementaires), et la menace actuelle sur la forêt viendrait des grands équipements (voirie) et de l’urbanisation : lotissements etc.

  • Le fameux "comme avant"... Mais avant il y a 50 ans, 150 ans, 500 ans, 1000 ans ?

    Il est intéressant de réfléchir au strates paysagères laissées à notre région par son passé :

    1 - de 1950 à aujourd’hui :
    - disparition du monde paysan (remembrements, spécialisation agricole : maïs, élevage en bâtiment, disparition des transhumances d’hivers),
    - apparition de la société de loisirs et des retraites : urbanisation de la côte fortement, de la montagne plus faiblement (sports d’hiver)
    - apparition des immeubles (façon clapier) et des lotissements (façon anglaise ou californienne), ruine des centre-villes,
    - tertiarisation : très fort recul des métiers liés aux activités primaires (mines, forêt, pêche, élevage, agriculture) et secondaires (industries, artisanat) : nombreux paysages à l’abandon ou en mutation.
    - quasi-disparition de glaciers et des tourbières
    - poursuite de l’urbanisation : les banlieues et les ZA, ZI...
    - mutation des infrastructures : apparition des autoroutes, déviations, rocades et disparition du chemin de fer.
    - artificialisation et pollution des cours d’eaux : quasi-disparition des crues donc des zones inondables, des saumons et des écrevisses, busage de nombreux ruisseaux...

    2 - entre 1850 et 1950 :
    - révolution industrielle en mosaïque à l’échelle de la région : les gros bourgs et petites villes captent une partie d’exode rural depuis les écarts et villages.
    - Construction de maisonnettes (pauvres) et de villas (riches) : les deux ont en commun d’être déconnectées de toute dimension paysanne (cf évolution du foncier...) voire vernaculaire (choix architecturaux).
    - Grands aménagements en montagne : mines, barrages, exploitation forestière.
    - mutation agricole : abandon des fermes les plus difficiles (montagne, coteaux, lande), des pratiques les moins en phase avec le temps (races semi-sauvages -par ex. la course landaise doit désormais trouver le bétail en Ibérie - ou rustiques, traction animale). Mise en culture des marges ’tampon’ liées à l’élevage entre terroirs villageois en zone de maintien, ou abandon de ces marges en zone de déprise : boilas, toujas, lettes... forte pression de spécialisation en zone viticole.
    - mutation du massif Landais : passage d’une dominante agropastorale à une dominante sylvicole : recul des landes et des zones humides, généralisation du pin, bouleversement du foncier notamment communautaire.
    - première phase d’urbanisation : développement des faubourgs et des stations thermales.
    - mutation des infrastructures : routes et chemin de fer, disparition du trafic fluvial (Adour, Garonne) et du port de Bordeaux.
    - immigration et habitats ouvriers pouvant laisser de quartiers nouveaux, disparus ou pas depuis

    3 - Avant 1850 :
    - constructions en architecture vernaculaire traditionnelle, dont certaines disparues depuis (fortifications notamment...)
    - arrivée des cultures américaines : patate, maïs, haricot, courge... = transformation des zones cultivées, des jardins et des cuisines
    - stabilisation de l’Adour et du trait de côte landais
    - surpopulation rurale XVIe, XVIIe et XVIIIe : émigration + modification du foncier (les casanaves, salanaves etc...), forte pression sur les marges forestières et semi-sauvages = disparition des dernières forêts naturelles en plaine, réduites en bois fragmentés, assèchement de zones humides, mise en culture des espaces type Pont-Long, travaux d’irrigation... Disparition de la mégafaune en plaine : ours, loup, cerfs, lynx...
    - effondrement du XIVe et guerres du XVe : arrivée de population extérieure en nord-gascogne : évolution architecturale et agricole...
    - essor démographique médiéval : mitage du terroir forestier en plaine, dont témoigne encore la toponymie des faget et cassagne au milieu des champs... Création ou renforcement de nombreux points de peuplement type bourg : castelnaus, bastides...
    - au cours du premier millénaire, entre la conquête romaine et l’éclatement de la vasconie : la mégafaune native disparaît (aurochs, bisons) ou est marginalisée (loup, ours, cerf, lynx) en plaine. Probable disparition progressive du nomadisme de clans entiers en Gascogne. Abandon des rites pré-chrétiens et sans doute de certains aménagements et paysages liés. Le système latifundiaire romain relayé par les abbayes et monastères restructure le terroir et réalise de nombreux aménagements de grande ampleur : terrassements, stabilisation de cours d’eau etc... Le trait de côte landais bouge fortement... la vigne arrive en Bordelais...
    - il y a 6000 ans : le modèle alimentaire levantin s’implante en Gascogne, s’appuyant sur l’élevage ovin/bovin/caprin et la culture des céréales de la famille du blé : le changement de paysage fut considérable, comme l’indique l’étude des pollens qui montre une réorganisation nette des végétaux présents.

    Bam ke m’arresti nu baw pas ha ü libe tapok ! Ja s’abetz lejüt dink asi bax ketz plaa balents... E n’estarè pas maw tabe sem futessi jo en lyeyt permu domâ bèi a lyebam !

    Buno nwèit

  • Merci Artiaque pour ce survol du paysage gascon en partant d’aujourd’hui en allant vers les temps anciens. Il est difficile de faire mieux en clarté, précision et concision. Je me serais cru dans une machine à remonter le temps !

  • <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>

    Guilhem Irlandes :
    On considère l’aire naturelle d’installation post-glaciation du Pin maritime comme le Marensin. Il s’est étendu naturellement autour, puis l’homme l’a ensuite planté sur des zones où il ne s’était naturellement pas installé pour cause de milieu qui lui était moins favorable.


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