Offre d’emploi de l’I.E.O. lafitte.yan [Forum Yahoo GVasconha-doman 2007-04-26 n° 8211]

- Jean Lafitte

Adixat moundë,

Je viens de me livrer à l¹analyse attentive du message du « Directeur
national de l¹I.E.O. » et de l¹offre d¹emploi qui l¹accompagne, tels que les
a retransmis Gasconha-doman. Car loin de toutes les déclarations du haut des
tribunes, ce sont là des textes ³ordinaires² qu¹il faut parfois lire entre
les lignes.
En voici le résumé. Ceux qui voudraient en savoir plus n¹ont qu¹à me
l¹écrire, je le leur enverrai en format .doc, ou s¹ils ont un Mac (à me
préciser) en format .awk.

Commentaire linguistique

Si l¹on fait abstraction de la graphie ³classique² selon l¹I.E.O. on
s¹aperçoit d¹emblée que ces deux textes sont en béarnais, et même en bon
béarnais. En particulier : au(s),coraument, culturaus, departamentaus, deu,
etc. ; même l¹adresse courriel est « ieonacionau », ce qui peut passer pour
un comble ! Alors que le languedocien, base de l¹« occitan standard »,
aurait voulu al(s, coralament, culturals, departamentals, del etc Š
Adishatz, est gascon, l’occitan standard dit adieu-siatz ; le verbe ³faire²
est har et non far occitan ; la préposition ³pour² est rendue par tà, inconnu
de l’occitan standard ; et ³avec², par dab au lieu de damb(e) de l’occitan
standard ; ³connaissance² est rendu par coneishença, ignoré l’occitan
standard qui veut coneissença ou conoissença.
Deux emplois du que énonciatif, inconnu de l’occitan standard : Que v’envii,
L’IEO nacionau que recruta.
À l’inverse, quelques traces d’occitan standard : requistas, contactes...
Quant au vocabulaire, ofèrta pour ³offre² me pose problème : pour Alibert,
ce mot signifie » offrande, oblation, offerte (religion) » ; pour Palay,
oufèrte est synonyme de aufèrte ou auhèrte, et signifie » Offrande,
présent ». Donc rien à voir avec une » offre d’emploi  », que le nouveau Dic.
de Narioo et autres traduit par » proposicion d’emplec ». Mais Mistral
donnait ofre (masc.) ou ofro (fém.) pour » Offre, action d’offrir », et
Palay de même, ofre (masc.). Vouloir s’écarter du français aboutit ici à
trahir la langue.

Commentaire juridico-politique

Je m’étonne de ce que l’I.E.O. ne propose qu’un contrat à durée déterminée
d’un an, alors que j’ai gardé de mes souvenirs de droit du travail qu’un
poste ne peut être pourvu par un contrat à durée déterminée que il s’agit
d’une tâche temporaire et limitée dans le temps, ou de remplacer un
titulaire en congé de longue durée (maladie, maternité, etc.). Or la
description du poste ne permet pas d’y voir une mission temporaireŠ
Et là, je m’étonne aussi qu’une institution dont les principaux dirigeants
ne cachent pas leur orientation politique à gauche veuille pourvoir un poste
durable par un contrat précaire.
À moins que l’I.E.O. ne doute de la pérennité de ses ressources.

Conclusion

Il n’est pas rare que les Gascons et Béarnais attachés à leur langue
authentique voient dans l’ » occitan standard » une menace pour la
conservation de celle-ci. Mais dans les faits, s’il est avéré que la graphie
classique occitane prospère dans les milieux ³dans le vent², malgré l’erreur
historique et pédagogique qu’elle représente, le dynamisme gascon et
spécialement béarnais est tel que les institutions centrales de
l’occitanisme sont en quelque sorte ³colonisées² par les Gascon et Béarnais.
Ainsi le président de l’I.E.O. David Grosclaude, qui semble user
principalement de son béarnais jusque dans les communications internes
del’I.E.O. dit ³national² ; et le directeur Jan Moreu, qui affiche sa
³béarnité² dans les textes ci-dessus.
Finalement, l’« occitan standard  » se dévoile dans sa nudité, faute de
combattants !
Mais cela montre aussi combien l’étiquette commune d’ » occitan  » peut être
source de confusion dans un monde où seuls quelques initiés s’y retrouvent.
Ainsi, que signifie concrètement la » pratica de l’occitan (orau, escriut) »
exigée du candidat à l’embauche ? Sera-ce celle d’un ³dialecte² bien possédé
comme l’est le béarnais de M. Moreu ? ou cette » fòrma d’occitan evolutiva »
dont le professeur d’occitan en collège Éric Astié constatait l’apparition
chez ses élèves, » qui descobrissen la lenga suus bancs de las escòlas, e
mesclan tot aquerò gaujosament. Lor escrit es frut d’ua union
gascon-lengadociana, descomplexada. Quitament se saben que lor terraire es
gascon, s’elabòran un occitan originau. »Â ? (Un exercici a tèma, Lenga e
Païs d’Oc, revue du Centre régional de documentation pédagogique (C.R.D.P.)
de Montpellier, n° 35, 1999, p. 43.).
Alors, on peut se faire plaisir en transcrivant des offres d’emploi pensées
en français en un » occitan » si transparent qu’on n’a pas besoin de l’avoir
appris pour le comprendre ; sans compter les » CDD d’1 an  »Â et surtout
 » 35h » qu’on retrouverait dans une annonce en français : le second serait
 » 35 ò » en béarnais et » 35 o » en languedocien, toujours en graphie de
l’I.E.O. Tout cela n’est plus qu’un jeu entre copains, et cela ne fera pas
vivre la langue !

Un gran de sau ?

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