Comparaison n’est pas raison lafitte.yan [Forum Yahoo GVasconha-doman 2007-11-04 n° 8467]

- Jean Lafitte

Bonsoir les amis,

J'ai trouvé intéressant l'article du Monde dont M. Merger rapportait la
teneur sur la façon dont la Flandre relève la tête et veut se séparer de la
Wallonie.

Mais s'il se montre facilement critique quant au pessimisme de Daniel Séré,
je crains qu'il pèche, lui, par excès d'optimisme.

Le même qui fit croire à Mistral que le réveil catalan profiterait à la
Provence étendue à l'ensemble d'oc, tout comme il fit croire la même chose
aux premiers occitanistes, au profit du Languedoc devenu locomotive d'une
Occitanie qui irait de Montluçon à Valence d'Espagne.

Mais qu'il s'agisse de la Catalogne ou de la Flandre, jamais la bourgeoisie
commerçante et industrielle n'a abandonné sa langue propre comme l'ont fait
toutes les élites des pays d'oc depuis le XIIIe s. en Languedoc, le XIVe en
Provence et le XVe en Gascogne.

N'oublions pas en outre que la Belgique n'est née qu'en 1830 d'une révolte
contre le pouvoir de La Haye, et que la Flandre belge a toujours pu
s'appuyer linguistiquement sur les Pays-Bas de même langue ou peu s'en faut.

M. Merger pense-t-il sérieusement que ce "modèle" puisse fonctionner au
profit d'une Gascogne dont les gasconophones sont de petites gens du mponde
rural et disparaissent tous les jours dans les rubriques nécrologiques de
nos journaux ?

Je crois pour ma part que nos efforts pour conserver quelque chose de notre
patrimoine culturel doivent tenir compte de ces réalités, faute de quoi ils
seront encore moins efficaces.

Hèt beroy.

J.L.

Grans de sau

  • Adishatz & kaixo !

    <lafitte.yan@...> a écrit :

    > Mais s'il se montre facilement critique quant au pessimisme de

    Daniel Séré,

    > je crains qu'il pèche, lui, par excès d'optimisme.

    Pour mener une action, dans quelque domaine que ce soit, il vaut mieux
    penser qu'elle n'est pas vouée à l'échec. Et pour moi, l'objectif de
    "reviscol de la fiertat gascona" (c'est bien de cela dont nous parlons
    dans ce fil de discussion "honte d'être gascon") n'est pas
    irréalisable. Et loin de là !

    Je prends bien sûr le mot "fierté/fiertat" au sens de "contraire de la
    honte" et, en positif, de sentiment d'apartenance à une communauté
    responsable d'un territoire, et non au sens de "sentiment de
    supériorité par rapport à d'autres peuples".

    > Mais qu'il s'agisse de la Catalogne ou de la Flandre, jamais la

    bourgeoisie

    > commerçante et industrielle n'a abandonné sa langue propre comme

    l'ont fait

    > toutes les élites des pays d'oc depuis le XIIIe s. en Languedoc, le

    XIVe en

    > Provence et le XVe en Gascogne.

    Pour ce qui est de la Flandre, ce n'est pas tout à fait exact : la
    bourgeoisie flamande avait bien adopté le français, et dans les villes
    flamandes, la classe supérieure était francophone.
    Les gens du peuple, eux, parlaient des dialectes flamands, et devaient
    apprendre le français pour pouvoir grimper dans l'échelle sociale. Un
    peu comme en Gascogne au même moment (mettons au 19e siècle, je ne
    sais pas les dates précises).

    Mès rai... j'ai cru bon de partager avec vous cette citation d'article
    sur le renouveau flamand pour montrer que l'histoire connait au fil
    des siècles des retournements complets.
    Cela nous ménage, sur un temps long, un certain espoir pour la Gascogne.

    Cette discussion est partie de la "honte d'être gascon" qui, parait-il
    (éditorial du n°8 de la revue "Vasconia-Gascogne"), a motivé le refus
    de certains élus landais d'une appellation incluant le mot "Gascogne"
    pour leur département.

    Le sens de mon message était de dire, en prenant l'exemple flamand de
    Belgique à l'appui, que cette "honte d'être gascon" n'était pas
    éternelle, pouvait disparaître et même, qui sait, se transformer un
    jour en fierté gasconne (ou mieux en "fiertat gascoune" !-)).


    > M. Merger pense-t-il sérieusement que ce "modèle" puisse fonctionner au
    > profit d'une Gascogne dont les gasconophones sont de petites gens du

    mponde

    > rural et disparaissent tous les jours dans les rubriques

    nécrologiques de

    > nos journaux ?

    Comme je le disais, la Flandre d'avant le renouveau ressemblait un peu
    à la Gascogne du 19e siècle, dont la langue était encore vivante.

    La Gascogne n'a hélas probablement pas réagi en temps utile pour
    sauver sa langue.
    Mais quant à la "fiertat gascoune", il est toujours temps d'agir.
    Et j'avais apprécié, dans le message du docteur Lafitte auquel je
    répondais, un embryon d'approche sociologique de cette question, quand
    il parlait de l'attitude de gascons qui sont puissants socialement
    (Lagardère etc.).

    Les questions de dénominations de départements, de mise en valeur du
    gascon dans la toponymie, de mémoire historique, restent d'actualité.
    Nous sommes tombés très bas, certes.
    Mais l'esprit des mousquetaires, qui sont censés être une quintessence
    de la Gascogne, ne peut-il pas nous aider à remonter la pente ?-)

    Pour ma part, la probable perte de la langue, que je ressens très
    douloureusement, me donne plus d'envie encore de défendre la mémoire
    et l'identité gasconne.


    > Je crois pour ma part que nos efforts pour conserver quelque chose

    de notre

    > patrimoine culturel doivent tenir compte de ces réalités, faute de

    quoi ils

    > seront encore moins efficaces.

    Que presigatz un convençut, Doctor !-)

    Siam hardits !


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