Ac, pronom neutre gascon - O, affirmation moderne Jean Lafitte [Forum Yahoo GVasconha-doman 2012-01-24 n° 10666]

Adixat amics,

Le lundi 23. Janvier 2012 20:56, Ronan Lattuga
<gatesquiro@free.fr> a écrit :
« ac pronom neutre qui n'existe qu'en Gasconha ? »

C'est ce qu'on dit, et je n'ai pas de raison d'en douter… sauf à
nuancer :

Le pronom démonstratif latin ‘hoc’, « cela », a donné plusieurs
mots des langues d'oc :
1 – d'abord, le fameux "oc" adverbe affirmatif, devenu très tôt
"o" dans de vastes étendues du domaine ; écrit "ho", il est déjà
dans les "Récits d'histoire sainte en béarnais" dont Lespy et
Raymond ont daté l'original perdu aux environs de 1325 ; et les
non moins fameuses "Leys d'amors" écrites vers 1340 et
promulguées en 1356 précisent que leur sont soumis les parlers
des régions ou l'on dit Oc ou O :

Mostra quals lengatges es estranhs.
Lengatges qu'es per estranh pres
A nostras Leys non es sosmes ;
[liste de langues étrangères]
Et de cascu lor quays semblan
Qu'en lor parlar Oc non han prest.
Los autres han en lor arrest
Nostras LEYS ques Oc oz O dizon,
[liste de villes ou régions où l'on dit oc ou o]
Pero de nostras LEYS s'aluenha
La parladura de Gascuenha.

Dans son Dictionnaire
languedocien (comme dans sa Grammaire) Alibert donne toute sa
préférence à "o", "oc" n'étant qu'en variante :

« ò òc, adv. affirmatif. Oui. Ex. : disi ò, disi d’ò, disi que
ò, je dis oui. La forme respectueuse est òi ou mieux ò-ben. Ex. :
vos disi ò-ben, je vous dis oui. Formes composées : ò-plan,
ò-ben-ò, ò-ben-plan, ò-ben-tant, ò-ben-aquò. Étym. L. hoc. »

Le « ò-ben », meilleure forme respectueuse, montre l'IGNORANCE des
enseignants qui, sous la direction de M. Salles-Loustau,
inspecteur général de l'éducation nationale chargé des langues
régionales, ont titré « OC-ben » leur manuel d'enseignent,
largement financé par le contribuable.

Par ailleurs, à voir qu'à la suite du 
Nîmois Jean
Nicot (1530-1600)
, de respectables érudits ont expliqué
le nom de la province de Languedoc par "Langue de Goths", puisque
cette province avait été un certain temps la Gothie, territoire
soumis aux Wisigoths,
il me vient à l'idée que l'on
avait depuis longtemps perdu conscience que oui s'y était dit
"oc", car tout le monde disait "o"…


2 – Et bien entendu, toutes les formes de pronom
neutre : "oc, o, ac" etc.
La forme "ac" ou "at" est effectivement gasconne, mais se prolonge
en pays de Foix, comme partie de ce que Pierre Bec a groupé
pertinemment sous le nom d'aquitano-pyrénéen, au sud de la Garonne
jusqu'à Toulouse, puis de la voie ferrée de Toulouse à Narbonne.
Voici les deux articles du dictionnaire languedocien d'Alibert :


ac, òc, pron. Le, cela, Fux. ac s’emploie devant le verbe comme
proclitique, òc après le verbe comme enclitique. Ac cresi, je le
crois ; cresetz-òc, croyez-le. Ce pronom subit dans la
prononciation l’assimilation à la consonne ou à la voyelle qui
suit : ab, ad, ap, am, an, ag, at. Ex. : ag auràs, ab veirem, at
tòqui. Étym. L. hoc. Cat. o. V. o.

o, pr. neutre. Cela, le, Toul., Alb. Ex. : o cresi, je le crois ;
mòstra—m’o, montre-le-moi ; pren-i-o, prends le-lui Offre de très
nombreuses variantes : au-òc, Toul. ; bò-bò, Aur., Quer. ; ba-bò,
Cent., Narb. ; o-ò, Cév., Mtp., Bit, Gév., Don. ; zo-zo, Rgt., 
Aur., Ag., Carcassonne ; ac-òc, Fux ; gò, Alb. ; ga-gó. Ben t’a val,
Dieus a vòl sont des formes familières représentant ben t’o val
Dieus o vòl. Sète, Montpellier, une partie du cévenol utilisent
lo, du latin illud. Étym. L. hoc.

On pourra dire tout le mal possible de Louis Alibert, c'est un
homme qui a énormément travaillé pour SA LANGUE, et il reste une
référence, comme Mistral pour le provençal rhodanien, voire pour
bien d'autres parlers d'oc.


Plân couraumén,

J.L.

Un gran de sau ?

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