Le 18 juillet dernier j’ai assisté à la fête annuelle réunissant depuis 1375 édiles du Roncal (Navarre) et du Barétous (Béarn) : moyennant trois belles génisses (ou de fait, depuis quelques années, leur contrevaleur en euros - tout fout le camp !- ) les bergers barétounais reçoivent le droit de pacage un mois durant sur les prairies frontalières côté espagnol.
Ambiance festive avec vaches béarnaises magnifiques (d’où sont « sélectionnées » les trois génisses en question), groupe folklorique roncalais (bergers vêtus de peaux de mouton et de rubans multicolores, dansant au son des sonailles attachées à leur coup, etc… un seul drapeau repéré, le navarrais. La foule, espagnole aux 4/5, rien de béarnais sauf la buvette à cent mètres de la borne côté français.
Auprès d’un élu français d’Arette (un des rares béarnais repérables), je me suis étonné de cette très faible représentation béarnaise (aux deux sens du terme : masse de gens et lisibilité des symboles) et n’en ai eu que des réponses un peu embarrassées voire contradictoires : caractère institutionnellement dominant des Roncalais dans cette histoire expliquant le profil bas béarnais (pourquoi donc, puisque la fête s’étendait des deux côtés de la frontière ?), journée non fériée en France (mais elle ne semblait pas l’être davantage en Espagne), et plus finement (on sait bien que les Béarnais ont la réputation de l’être !) caractère « patrimonial » mieux conservé en Navarre espagnole face aux Français qui « partagent » leur identité régionale ou locale plutôt que de l’affirmer (je dirais plutôt qu’ils la diluent, question de vocabulaire sans doute).
Bref, rien de bien satisfaisant là-dedans si ce n’est le renouvellement d’un traité de paix qui serait le plus ancien toujours en vigueur en Europe et qui mit fin il y a 642 ans à un conflit de relativement basse intensité mais qui fit quand même près de 250 morts en quelques années parait-il. Ce qui n’est déjà pas si mal après tout !