Bordeaux / Bordèu

Talence


 

Leysotte / Leissòta / Leÿssote


 

Grans de sau

  • Une "leyssote" pourrait être une petite leysse (laye, laie, chemin en forêt) ou, venir de "l’eyssotte", petite èysse (aisselle, dépression, creux dans le sol).

    Nous connaissons le nom de la "Croix de Leyssotte" à partir de 1760 (cartes de Cassini et de Belleyme).
    La voie actuelle, d’abord simple chemin, a porté le nom de chemin de Madère, du nom du lieu où elle aboutissait, puis nous trouvons "chemin vicinal de Bordeaux à Madère" en 1805 ; comme elle partait du carrefour de la Croix-de-Leyssotte, elle porte le nom de chemin de la Croix-de-Leyssotte en 1846, puis chemin de Leyssotte en 1898, à nouveau chemin de la Croix-de-Leyssotte en 1901, mais tantôt avec 2 s, tantôt avec un seul.
    En 1978, c’est le chemin de "Leysotte" et en 2002 : la rue Leysotte.

    Quelle soit une petite laie ou une petite aisselle, il est souhaitable de rétablir son orthographe original avec les 2 s, sinon tous les "Nouveaux Talençais" vont continuer à prononcer "leyzotte" !

    Nous aurions donc (avec la préposition) : rue de LEYSSOTTE.
    Dans le cas de rectification il est souhaitable de consulter la ville de Villenave-d’Ornon.

  • TRES intéressant, votre explication du nom "Leyssotte", mais je reste sur ma faim parce que je voudrais savoir pourquoi "Mission 1868" est gravé sur la croix elle-meme.
    De toutes facons, merci pour vos belles pages web.

    Réponse de Gasconha.com :
    Merci pour le compliment.
    Saluons aussi l’association "Mémoire et Patrimoine de Talence", dont le n° 5 de la revue est paru : articles sur la "Villa Raba", sur les Danguilhem, sécheurs de morue talençais, l’ancienne gendarmerie de Talence...

    En réponse à votre question, Alain Champ nous explique que les "croix de mission" étaient inaugurées, au 19e siècle, à l’issue de "missions" dans des paroisses, dont le but était de relancer la foi ; ces missions de prédication pouvaient aussi inclure une procession.
    Dans le cas de la croix de Leyssotte, la croix de mission a remplacé une "croix de carrefour", lors d’une mission qui a eu lieu en 1868.


  • Un complément sur "eysse" et "leysse" : aucun des deux n’est présent dans la toponymie locale ; "leysse" est plutôt savoyard, et "eysse" provençal ou languedocien.
    Eysses (Eyeisum ?) était le nom de la ville romaine qui a précédé Villeneuve-sur-Lot.
    Leyssotte reste donc mystérieux, mais j’ai tendance à privilégier "L’Eyssotte", parce que l’agglutination de l’article dans un nom est fréquente, et qu’on aurait plutôt "La leyssotte" sinon.
    De plus, je ne connais pas le mot "leissa" en gascon régional (mais j’ai aussi des lacunes)...

  • Adishatz !

    Sur LEYSSOTTE (mon gd-père talençais d’origine, dont les gds-parents habitaient à Leyssotte, prononce même Lé-ï-ssotte), quelques pistes :

    a) ma piste préférée : un diminutif du latin axis "axe", pourrait désigner le chemin de Leyssotte lui-même, embranchement de la route de Toulouse rejoignant Sarcignan via la Grande Ferrade (d’après ces 2 toponymes, le chemin devait être ancien).

    b) me plaît bien aussi : étant au niveau de l’estey d’Ars, un hydronyme rappelant le basque "leize" ? Séduisant, oui, mais que faire du ruisseau du Pont d’Eysson, non loin ? A moins que ce soit un Leysson compris "l’Eysson" !

    c) peu plausible : en rapport avec eissir/eishir mais il n’y a pas de mot "èis" qui signifie "source, sortie..."

    d) penser à d’autres hydronymes : l’Eysse (en Ardèche),...

    e) j’ai écarté évidement un bancal "lohitz-ote" ; un diminutif de "hèish" ; une variante du Léchout (car venant de *lisca qui donne "lesque".

  • Une carte postale ancienne titre "La Croix d’Eyssote".
    Nous avons ici une forme écrite relativement récente qui, si elle n’est pas elle-même erronée (peut être que "Croix de l’Eyssote" aurait été plus correct), nous confirme une racine "eiss*".
    Compte tenu de ce document, on pourrait proposer comme nom de rue, non plus "rue de LEYSSOTTE" (qui serait déjà une rectification appréciable) mais "rue de L’EYSSOTE" ; la suppression du double t (qui n’a pas de justification profonde en gascon) serait bonne à prendre au passage !
    Allez : rue de L’EŸSSOTE pour aider la prononciation !

  • Alors, bonjour à tous, j’habite le quartier de Birambits, à Bègles, des noms tels que celui-ci sonnent à mes oreilles, Leysotte, peut-être Pacaris, je suis ignorant, mais musicien, et ces mots chantent à mon oreille.... Amicales salutations à tous et Bona annada...
    [Imagette clicable ci-dessous :]

  • Leyzotte sonne furieusement comme un Gleyzotte( petite église)qui aurait perdu son G.Une autre hypothèse ?

  • Adishatz,

    Effectivement, cette croix qui est toujours en place, et sur le tracé exact de l’ancienne voie gallo-romaine , avait pour rôle d’aiguiller les pèlerins de saint Jacques de Compostelle, et peut-être y avait -il une église à proximité.
    Une chapelle subsiste néanmoins , ensemble, nous avançons ;)

  • Merci pour ces informations très intéressantes ! Est ce que quelqu’un aurait des infos sur une éventuelle délimitation du quartier ? On entend parler du quartier Croix de Leysotte Chanteloiseau Saint Bris mais je n’ai pas trouvé la carte détaillée des 3 lieux....merci d’avance !

    • Bonjour,
      Je suis en plein dans les cartes anciennes de Bègles, pour tenter d’expliquer des noms qui ont subsisté, parfois transformés - et je trouve aussi des noms qui ont disparu parce que les voies ou lieux qu’ils désignaient ont eux-même disparu, comme la Caminasse de Dupaty ou la Bacqueyre/Bacayère, recouverts par la zone de triage de Hourcade !

      "Leysotte" (avec un seul s, donc si c’est une erreur, elle vient de loin !) apparait bien sur les feuilles du Cadastre napoléonien de Bègles :
       Tableau d’Assemblage de 1812, qui indique "Croix de Leysotte" ; "Leysotte" en feuille D1 Birambis
       Tableau d’Assemblage de 1847, qui indique "Croix de Leysotte" ; "Croix de Leysotte" en feuille C6 Birambis.
      Dans les deux cas, Leysotte figure comme un ensemble bâti côté Bègles de la route de Toulouse, en face de la croix que nous connaissons.
      Ces plans cadastraux ne donnent pas clairement de limites de quartier mais situent à chaque fois Leysotte dans la Section cadastrale de Birambis, qui était à l’époque un vrai quartier de peuplement.
      Le quartier "Croix de Leysotte" semble avoir émergé progressivement dans le courant du 19e siècle par urbanisation le long de la route de Toulouse.
      Peut-être pouvez-vous tenter la même recherche du côté Villenave ou Talence de cette route, par le Cadastre napoléonien et les couches de cartes de Géoportail (ce sont des outils à la portée de tous, même à distance) ?

  • Adishatz,
    je ne veux pas dire de bêtises, mais il me semble avoir appris, que la croix de Leysotte, était là en partie pour guider les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle. Sur le même tracé, il y a un lieu dit de "plume la poule" à Talence (à Pacaris exactement). l’auberge de plume la poule existe toujours, c’est un pub à l’heure actuelle, "the Yorkshireman précedemment, mais il y a eu changement de propriétaires, alors...". C’était un lieu de péage, ou les fermiers qui venaient vendre leur volaille, devait payer une taxe, si elle n’était pas plumée et vidée, d’ou le nom.....

  • Cela ne nous fait pas avancer sur le nom "Leyssotte" (que je rattacherais volontiers à Eysson comme suggéré par Gaby plus haut), mais :
    je viens de trouver dans l’ouvrage de Mathias Koch "Siedlung und Landschaft vor den Toren von Bordeaux (...)", chapitre "Die Topographie von Villenave d’Ornon" des noms anciens du chemin devenu "rue de Leysotte" de nos jours :
     camyn deus ases
     camin per out [sic] los aynes van au molin de Maderas*
     camin au molin de Cazaux
     camin de Casaus

    *un peu long comme nom de chemin... signifie chemin par où les ânes vont au moulin de Madères

    Les noms ci-dessus ont pour source des "reconnaissances", document anciens.
    Le livre de Mathias Koch, que je déchiffre difficilement en allemand, est une mine de toponymes ainsi trouvés. Par exemple Méchives, à Villenave d’Ornon, qui était Misseuba (mi-forêt) et (par déduction d’un autre toponyme de Villenave), le Grand Joula (toponyme de Bègles) qui était pour moi mystérieux, et pourrait venir de jouale, via lo Joalar...


Un gran de sau ?

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