Le conseil général du Gers vendait le paysage (bien collectif par excellence) aux afficheurs ! Paysages de France

Voilà plus de 20 ans que le conseil général du Gers quadrille le département de gigantesque panneaux 4x3m scellés au sol, panneaux dont l’une des faces est exploitée commercialement (toujours la face la plus visible bien sûr !) par l’afficheur CBS OUTDOOR, déjà condamné à plusieurs reprises pour violation du Code de l’environnement.

Alors que l’urgence est de débarrasser les entrées de ville de la prolifération de panneaux publicitaires qui les transforment en cloaques visuels, le conseil général en a « remis une couche » en y implantant ses propres panneaux !

Mais le comble est que le conseil général a même réalisé l’exploit de polluer les entrée de certains petits villages en y faisant installer, souvent en pleine nature, des panneaux scellés au sol de grand format, ceux-là mêmes qui sont pourtant considérés comme le symbole de la pollution des entrées de ville (le philosophe et académicien Michel Serres parle de « coups de poing atroces » et d’ « abomination »).

Et pour ce faire, de passer outre aux dispositions du régime général du Code de l’environnement qui, pourtant, interdit les panneaux publicitaires scellés au sol dans les agglomérations de moins de 10 000 habitants !

Heureusement, grâce à Paysages de France, les monstrueux panneaux implantés illégalement aux entrées de Saint-Clar, dans le Gers, mais aussi à celles de Caussade, dans le Tarn-et-Garonne où le conseil général a suivi le même chemin, ont été récemment démontés.

Une opération qui a d’ailleurs été saluée par les nouveaux maires des communes concernées et qui devrait être prochainement suivie par la « libération » d’autres villages.

Espérons que le conseil général du Gers, plutôt que de s’en prendre à Paysages de France*, reconnaîtra enfin le bien fondé d’une démarche qui a pour seule ambition de l’aider à dépolluer les entrées de ville, d’améliorer l’image du département et de permettre aux habitants de se réapproprier leur paysage.

* Communiqué du Conseil Général du Gers (avril 2010) : « Depuis plus de 20 ans, le Conseil Général du Gers met à disposition des associations gersoises des panneaux d’affichage 4x3 afin de les aider à promouvoir leurs manifestations.
A compter du 1er mai 2010, le Conseil Général ne pourra plus exploiter ses panneaux 4x3, et ce en raison de l’action de l’association « Paysages de France » (5 place Bir-Hakeim - 38000 Grenoble) qui a dénoncé l’illégalité de ces panneaux et nous a mis en demeure de les supprimer en référence aux articles L.581-27 et L.581-32 du Code de l’Environnement.
Conscient de l’aide précieuse que représentait ce dispositif d’affichage pour les associations départementales, nous sommes sincèrement désolés que le recours à la rigueur des textes de cette association nous oblige à prendre cette décision.
Cette nouvelle contrainte, totalement indépendante de notre volonté, ne remet nullement en cause notre soutien au réseau associatif départemental et le Conseil Général restera un partenaire privilégié des manifestations. »

Paysages de France
Association agréée au plan national au titre du Code de l’environnement contact@paysagesdefrance.org
www.paysagesdefrance.org

Grans de sau

  • Je ne pense pas que les panneaux publicitaires soient un combat primordial dans le Gers et ailleurs.
    D’abord parce que je suis attaché à la dichotomie ville/campagne : à ce titre, la présence de la civilisation urbaine matérialisée par des panneaux publicitaires ne me choque pas, je dirais même qu’elle a un certain attrait.
    En venant de Fleurance par exemple, il y a quelque chose de rassurant, de familier à retrouver les codes de la vie urbaine en arrivant dans l’agglo d’Auch.

    Le reproche à faire à ces panneaux est sans-doute à l’échelle de la France leur manque de variété, on apprécierait des panneaux vantant un commerce local, une animation, ...
    En tout cas, je ne méprise pas l’art publicitaire, parfois même il peut être source d’identification régionale, via la typographie, via l’activité vantée (les pubs pour les férias, ça marque un paysage), via les noms même (c’est amusant les SARL Cazenave, les Etablissements Laborde, ...).

    A mon avis, l’identité paysagère du Gers est bien plus mise en danger par la mode des pavillons bas. Il n’y a plus un seul village gersois dont le centre-bourg autour de l’église n’est pas littéralement vitrifié par une horreur bâtie ces dernières années.
    Cela touche aussi les villes : du fait de la construction anarchique de pavillons sur les coteaux d’Auch, il est désormais impossible d’avoir une vue d’ensemble sur la ville, ce n’est plus que haies en plastique, balancelles, palmiers, teints rosâtres.

    Il est parfois un peu trop facile d’attaquer les institutions plutôt que le mauvais goût d’une population. C’est que d’une certaine manière, s’en prendre à la lubie du "tous propriétaires" qui est en train de faire des ravages esthétiques au Sud d’une ligne Nantes-Dijon, c’est s’aliéner des gens qui justement, en toute incohérence, souhaitent vivre en ville sans ses désagréments (civilisation du commerce, proximité, ...).
    Lutter contre les panneaux publicitaires, surtout dans les villes, c’est un peu snob et c’est au fond entériner le fantasme rurbain, des villes à la campagne. Non, la ville est son propre univers qui commande la campagne aux alentours, il faut respecter les codes de la ville.
    En tout état de cause, j’en suis à préférer une zone industrielle ou une bretelle d’autoroute à l’étalement urbain contemporain.

  • Je comprends ton objection, Vincent, et peut-être que sans panneaux publicitaires, Las Vegas ne serait pas las Vegas...
    Mais quand même, mon expérience visuelle des panneaux publicitaires, c’est que, le plus souvent, ça gâche le paysage, pour des raisons profondes, qu’il serait intéressant de tirer au clair.

    Je l’ai remarqué à Tonneins rive gauche à l’entrée du pont, dans les deux sens.
    Là, c’est en sortant de Tonneins.
    C’est même pire quand on rentre à Tonneins.

    Si je me rappelle bien, la route de Toulouse, à Villenave d’Ornon (Bordeaux) vers le Pont de la Maye, c’est un autre exemple.

    Bon, le problème des entrées de ville est connu et général. Ce n’est pas seulement qu’il y a des panneaux, c’est aussi les bâtiments récents en tôle, ou les bâtiments anciens (à Villenave, des échoppes en pierre) massacrés par des vitrines criardes...

    Donc, la lutte contre la débauche de panneaux fait bien partie, à mon avis, de la sauvegarde des paysages, et Gasconha.com doit y participer dans le cadre de son action, disons, "conservatrice".


Un gran de sau ?

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