mercés, païs, gredoû etc. lafitte.yan [Forum Yahoo GVasconha-doman 2006-12-13 n° 7736]

- Jean Lafitte

Adixat amics,

Répondant à la demande de Louìc pour des manuels de gascon, Bruno commence
par lui dire :

« Vous pourriez commencer par ne pas dire ou écrire "mercés" qui n'est
employé, en Gascogne, que par ceux qui ont appris "l'occitan" »

J'en aurais fait autant il y a quelques temps, jusqu'au jour où j'ai lu de
nombreux "mercés" sous la plume de Palay, qu'on ne peut soupçonner d'avoir
appris l'"occitan" dans les livres, même si, entre 1909 et 1921, il fit
nettement allégeance à la mode des futurs occitanistes de Toulouse.

Sans chercher davantage, sur les 59 fichiers modernes que j'ai numérisés, je
n'ai trouvé que 19 "merci" contre 37 "mercés". Dans Bite-bitante, Camélat
n'use que de "mercés" (7 occurrences).

La forme "merci" est un signe de plus de la francisation de notre langue,
sutout dans le domaine des politesses, et cela depuis longtemps.

De la même façon, on lit dans un billet de l’Éclair du 7 décembre dernier :
 » Même si une mélodie à succès le préconise, les Béarnais ne disent pas ³sei
un pais² mais ³Que sey û pèys² » ; il faut évidemment ajouter deux accents :
³Sèi un pais² (sic, graphie d’origine, 33 tours de Lous de Nadau, 1978) et
³Que sèy û pèys².

Voulant en savoir plus, une recherche en cours, qui donnera lieu à un
article de Ligam-DiGaM d’avril prochain, m’a montré (sous réserve
d’approfondissement) :
­ que "pays" ou "pais", puis "païs" (dans les 3 cas, en 2 syllabes, avec
voyelles en hiatus) est une forme française dont je n’ai trouvé trace en
béarnais qu’après 1350 ; jusque là, on n’usait que du mot "terre", ou "terra"
plus rarement ;
­ que le "país" espagnol lui-même est un emprunt au français attesté en 1597
(Coromines) ; il en est donc très vraisemblablement de même pour le catalan,
le languedocien etc.
­ que la forme "pèys" est celle des auteurs modernes de l’Ouest gascon, sauf
la Gironde qui reste à "païs" ;
­ que Palay use 34 fois de "païs" dans les exemples du Dic., et seulement 5
fois de "pèys" ;
­ que Camélat n’emploie que "pèys" dans Béline (2 occ.) ; mais ni l’un ni
l’autre dans Bite-bitante.

En revanche, si Palay mentionne "crayoû" et dérivés pour "crayon", je n’ai
jamais rencontré le mot dans mes textes numérisés, ni encore moins "gredoû"
ou "gredon" (textes récents des occitanistes mis à part).

Comme quoi il n’est pas simple de préconiser des formes plutôt que d’autres,
surtout quand on sait la vaste ignorance des locuteurs naturels eux-mêmes
pour tout le vocabulaire sortant de leur usage quotidien.

Au fait, qui, en français, use du mot "désuet" plutot que "obsolète",
récemment venu par l’anglais... qui l’a pris évidemment au latin ?

Enfin, pour ne pas faire un message rien que pour ça, je reviens sur
BARÈRE : je lis dans l’Écliar du 11 les remerciements après les obsèques
d’une dame BARÈRE, la famille étant localisée à Anglet, Pyrehorade et
Mont-de-Marsan.

Amistats a touts.

J.L.

Un gran de sau ?

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