Graphie « propre » ? Jean Lafitte [Forum Yahoo GVasconha-doman 2010-11-08 n° 10215]

- Jean Lafitte


Graphie "propre" ? - Complément Jean Lafitte [Forum Yahoo GVasconha-doman 2010-11-08 n° 10214]

Jean-François Blanc a écrit :

« N'est-ce pas mépriser sa langue que de lui refuser le droit à un système orthographique qui lui soit propre ?
« Sous prétexte que l'anglais est la langue universelle,
allez-vous écrire en français "we mah sir" au lieu de "oui ma soeur" ? »


J'ai accepté ce discours quand je suis entré à l'I.E.O. en 1982 et l'ai tenu pendant 21 ans.
Mais déjà, quand j'ai voulu appliquer au gascon, langue distincte de l'occitan (cf. notamment P. Bec, rapport de 1972 approuvé par l'A.G. de l'I.E.O., p. 47), tous les pontifes de l'I.E.O. l'ont refusé en maintenant la soumission du gascon aux normes 'écriture de l'occitan.

Par ailleurs, en enseignant le gascon bénévolement à la demande de l'I.E.O.-Paris, depuis 1989, j'ai pu constater combien il était difficile de faire adopter les règles occitanes, pratiquées au mieux deux heures par semaine pendant 30 semaines par an, quand l'expérience de tous les jours est celle des conventions françaises de lecture, « procediments als quals èm avesats despuèi l'escòla » (Louis Alibert, Gramatica, 2ème éd. p. 7). D'où notamment son rejet de "x" catalan pour "ch", car il ignorait tout de la tradition béarnaise et pyrénéenne présente encore à Foix ou Mirepoix dans son propre Languedoc.

Au demeurant, la graphie "propre" de l'occitan, c'est l'adaptation de la graphie latine, avec des arrangements pas du tout standardisés dans l'espace d'oc par le passé. Cf. les travaux de Ake Grafström (actes juridiques) et de François Zufferey (œuvres littéraires).

En l'état de déshérence de la langue parlée et écrite, le bon sens oblige à abandonner la chimère occitaniste, conçue par deux instituteurs d'il y a 100 ans à partir d'une erreur de lecture des textes anciens (je ne m'étendrai pas sur le sujet, j'ai des pages et des pages de preuves) et dans un monde où tous les paysans (bien plus nombreux qu'aujourd'hui) parlaient patois.
Aujourd'hui, même les militants occitanistes commettent d'énormes erreurs d'écriture (je les collectionne dans la presse) et l'oral des radios occitanes en comporte son hèix (fagot, puis fardeau en gascon).

D'autant que les bon textes des Félibres, qui avaient le gascon pour langue maternelle, ont été écrits dans une graphie propre, transmise continument depuis le moyen âge et qui comme au moyen âge a suivi l'évolution de la prononciation. Les transcrire en graphie occitane est non seulement un travail Shadok, mais y introduit de nombreuses erreurs de lecture de la part de transcripteurs qui ne connaissent pas vraiment la langue. J'ai des exemples là aussi. Sans parler de la défiguration des poésies, où en graphie occitane, « padena » rime avec « aviéner » (Fables de Daugé transcrites par P. Guilhemjoan, p. 11 ; Daugé : « padene » et « abiene »).

On connait le dicton latin « Quos vult perdere Jupiter, dementat prius », ceux que Jupiter veut perdre, il commence par leur ôter la raison. À croire que Dieu a voulu la mort de nos langues…

Avec mille regrets pour ces propos pessimistes, mais hélas
réalistes.

J.L.

Un gran de sau ?

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