Le maire d’Orthez contre l’ouverture de la classe bilingue Vincent.P

- Vincent P.

Grans de sau

  • Etonnant que personne ne réagisse à cet article du Maire d’Orthez. La capitale de l’occitan du Béarn et de la Setmana de la Lenga.
    Ville dans laquelle ne flotte même pas un drapeau béarnais au balcon de la Mairie !

  • Orthez est depuis longtemps une ville "SNEAP" ... Les Béarnais me comprendront ...

  • Pour la suite de l’affaire à lire cet article et observer la photographie d’une classe de Morlanne blasonnée d’un drapeau...

  • Je sais de source sûre que le cursus bilingue à Morlaàs est également menacé après défection de nombreux élèves - lire : parents - après 3 années car "ils parlent occitan mais ne savent pas dire triangle en français".

    On a vendu aux allogènes une pré-classe européenne, ils se retrouvent avec des gamins déphasés ...

  • Moi non plus, à cinq ans je ne savais sans doute pas dire triangle en français (ce qui me semble peu probable dans une école bilingue à parité horaire)... comme des centaines d’enfants basques, ça m’a pas empêché de l’apprendre par la suite.

  • La question n’est pas la vérité de l’affirmation, mais qu’elle émane de parents qui ont mis leurs gosses dans cette section bilingue, et qui aujourd’hui se plaignent que leurs enfants montreraient des manquements.

    Nous ne sommes pas face à des autochtones fiers que leurs enfants parlent la langue de leurs parents mais face à des implantés - que je respecte au demeurant mais la liste des patronymes est sans mystère - qui ont cru que la section bilingue était une classe d’élite dès le primaire (du CE1 au CM2) et qui aujourd’hui se demandent pour quelle raison tant d’efforts n’ont pas été fournis pour plutôt leur apprendre l’anglais.

    Bref, les occitanistes sont pris à leur piège, celui d’avoir vendu leur langue comme une ouverture pédagogique quand le seul argument qui tienne pour mettre ses enfants dans ces classes-là, c’est le patriotisme local, patriotisme dont la génération des années 70 est dépourvu, car complètement francisée, car pour partie d’extraction française d’ailleurs.

    Les occitanistes ne veulent pas voir ce problème, ils partent dans le mur.

  • L’argument des manquements est alors foireux, à partir du moment où on introduit une deuxième langue très tôt, il peut y avoir des confusions ou des lacunes pendant un laps de temps, que ce soit de l’anglais ou pas.
    Certains parents ont tendance à paniquer pour rien et mettent du coup une pression monstre aux gamins et aux enseignants sans laisser le temps au temps.
    La réalité, et on a maintenant suffisamment de recul pour le dire, c’est que ces enfants là ne parleront pas français moins bien que les autres à moyen et long terme, et auront de toutes façons une richesse supplémentaire ; c’est une ouverture pédagogique (entre autres), une fenêtre de plus sur le monde : une langue, une culture, une manière de voir la vie différente qui correspond à l’endroit où ils vivent.

    Après, je sais que certains enseignants vendent ça comme un facteur de super réussite (acquisition d’autres langues, réussite en maths), en s’appuyant sur des études mais ne prennent pas forcément toujours en compte tous les paramètres (le milieu social des élèves notamment), et ne sont de toutes façons pas une garantie de réussite scolaire.
    Dans ce cas là, les enseignants s’exposent effectivement à des vilains retours de manivelle.

  • Je ne pense pas qu’une langue induise une façon différente de voir la vie, ce n’est le cas que si celle-ci est liée à une civilisation bien précise.
    Une langue n’est qu’un système, on peut exprimer toutes les visions de la vie.

    Pour le reste, les gamins devenus adultes auront plus précisément oublié la langue d’un pays que statistiquement, ils n’habiteront plus de toute manière, car la jeunesse bouge, va faire son trou ailleurs, ...

  • Moi non plus, je ne pense pas qu’une langue induise une façon différente de voir la vie.

    A y réfléchir, je pense que connaitre une langue (de plus), c’est comme connaitre un paysage (de plus).
    La langue est comme un paysage (de sons, de mots, de structures grammaticales), ou un environnement physique, avec son organisation.
    On peut apprendre un nouvel environnement géographique, cela ne modifie pas, en général, substantiellement la manière de voir la vie, même si on peut s’attacher très fortement à tel ou tel paysage.

    Certes, la langue est un outil, pas seulement un environnement.
    Mais toutes les langues ayant la même capacité de faire communiquer les hommes, la connaissance d’une autre langue, c’est comme avoir un autre outil qui fait ce que fait la première langue. Il n’y a pas là non plus de quoi changer beaucoup "la manière de voir la vie".

    Appliqué au gascon, keske ça donne ?
    Je peux parler pour moi même :
    la connaissance, un peu tardive, et très incomplète, du gascon, m’a permis de sentir un monde qui était d’ailleurs en train de s’évanouir.

    Si le gascon avait été encore langue de grande communication, la connaissance du gascon m’aurait permis tout bonnement de communiquer avec les gasconophones ; de même que la connaissance du chinois permet de mieux se débrouiller dans le monde sinophone...
    Alors, l’apprentissage d’une autre langue permet peut-être, non pas de voir la vie autrement, mais de voir une autre facette du monde, facilite l’entrée dans un autre univers.
    L’anglais va faciliter l’entrée dans le monde anglophone, et dans le monde mondialisé...

    Je comprends que les occitanistes ou autres déplacent l’enjeu de la connaissance d’une langue vers un enrichissement personnel plus psychologique ou cérébral que pratique : l’occitan ou le gascon n’ouvrent plus les portes d’un monde "utile".

  • Si une langue permet de voir une autre facette du monde, elle modifie fatalement la façon de voir le monde, et donc la vie, mais peu importe on joue sur les mots.
    Vous remarquerez que dans ce qui modifie la façon de voir la vie dans mon premier message, j’inclus aussi la culture, et donc les gens.
    Une langue à elle seule peut contribuer à aborder les choses sous un angle différent, mais si elle est prise "hors-sol", elle perd en effet 90% de son intérêt. C’est un peu comme travailler des combinaisons à l’entrainement et ne jamais jouer un match.

    Pour ce qui est de l’utilité, il ne faut pas oublier la grosse composante affective de la langue (sinon plus personne ne parlerait basque par exemple).
    Parler gascon ne t’aurait pas servi à communiquer avec les gasconophones, il suffit de parler français pour ça.
    Mais la relation qu’on tisse avec les gens est forcément différente selon qu’on leur parle leur langue ou pas, surtout si c’est une langue minoritaire et c’est aussi en ça que c’est intéressant.
    Je ne connais pas la situation du gascon mais cette langue ne permet elle d’entrer dans aucun univers ?

  • Xuel a raison. Demandons-nous pourquoi les ethnies qui ont su préserver leur langue résistent mieux à l’effacement. Pourquoi Messieurs ?
    Pourquoi les paysages basques, l’architecture, l’esprit etc... survivent alors que la Gascogne est morte dans à peu près toutes ses composantes ?

    Quant à l’occitan, cette langue de culture hors-sol qu’une poignée de traitres nauséabonds essaient d’imposer en Gascogne c’est, pour paraphraser le bon Jean-Pierre Coffe, de la merde et ça ne véhicule strictement rien.

  • Je suis en désaccord quand on dit que la langue n’apporte pas un autre mode de vie.
    J’ai eu cette chance de vivre la période ou quasi tout le monde parlait encore gascon. Et incontestablement nous étions dans une autre planète.
    Certes la planète ne s’arrêtait pas à la langue, mais englobait l’économie, les échanges de tous ordres, l’affect.
    gComme qqun l’a très bien dit la langue aujourd’hui est "hors sol", et s’est perdu le "génie" de la langue même si celle-ci perdure.
    Nous y sommes revenus (au gascon) après un lavage de cerveau hexagonal, mais non sans laisser de traces.
    Je suis choqué de percevoir que le gascon est ressenti aujourd’hui comme une langue étrangère en Gascogne même. Je le ressent comme une trahison profonde.
    J’ai vécu un autre sentiment dont je me demande si d’autres on connu celà : étant parti très jeune, et longtemps, au fur et à mesure que j’ai perdu l’accent gascon, j’ai senti que ma perception de la vie changeait, sentiment qui complète "la perception de la langue".

  • Toute langue détermine une vision du monde, une façon d’en percevoir les ressorts et d’en organiser la maîtrise.
    Difficile certes de distinguer ce qui relève des stuctures et ce qui a trait au contenu. Mais le fait est là : la langue est aussi perception.

    L’existence d’une langue n’a pas à être justifiée.
    Si ses locuteurs lui reconnaissent une valeur, c’est parce qu’elle est inséparable de la culture qu’elle exprime (au sens plein : le sens de la vie par-delà les fonctions élémentaires).
    Ils la défendent parce qu’elle les défend.
    La résistance linguistique inclut l’ensemble des valeurs de la communauté, que la langue nomme et transmet.
    Quand un peuple veut se retrouver, voire se reconstituer, il s’y accroche : "es la clau".
    Quand un groupe n’a plus foi en lui-même, il abandonne sa langue avec toutes sortes de justifications (ne pas paraître arriéré, éviter les humiliations, complaire aux puissances du jour, être mieux instruit, etc.).
    Quand des idéocrates imposent une langue ils ont eux aussi leurs bons motifs.
    La mort d’une langue est aussi celle d’une société.

    Autre cas de figure : en s’universalisant une langue peut se vider de ses références nationales et affectives et ses locuteurs s’en détacher.

    Les argumentaires de promotion des langues dites régionales sont souvent faibles et prétentieux. Certes, il est des arguments de bonne guerre, mais à long terme il est dangereux de traiter les langues comme des marques pédagogiques et des options interchangeables, des produits de consommation.
    J’ai toujours trouvé mensongers les discours sur les bienfaifs du bilinguisme tenus par des spécialistes médiatiques qui jouent sur les ’bons sentiments’ à la mode.
    La réalité est dure : un individu peut être polyglotte, un peuple ne peut pas être ’bilingue’, c’est le stade qui précède le basculement.
    Nos ancêtres étaient généralement monolingues (avec un peu de latin pour les instruits et quelques mots de basque, d’espagnol ou de français à l’occasion).
    Etaient-ils plus "aliénés" ou "en retard" que les populations sans caratère qui leur ont succédé ?
    Derrière l’éloge du multilinguisme se cache le grand mépris pour les cultures autocentrées, pas encore digérées par le système, et la méfiance pour ce qui échappe encore à la normalisation.
    C’est aussi une façon d’effacer la mémoire de l’éradication, la façon dont on s’y est pris pour tuer l’identité des peuples.

    La thématique de la "récupération de la langue" qui prévaut au pays Basque et au pays de Galles est la seule justification à long terme des actions publiques qu’on y mène. En est-il vraiment question ici ?

    Eh bien, élever ses enfants en basque ou en breton, c’est un choix patriotique et un acte militant.
    L’école linguistique n’a de valeur que si elle porte le projet d’une société réelle, viable, fondée sur une conception non instrumentale de la culture.
    Si vous n’êtes pas poussé par l’amour du pays ou un désir certain de fidélité, si vous ne souhaitez pas, si vous ne voulez pas, servir le pays qui vous abrite, alors enseignez à vos enfants des langues utiles. L’anglais fera suffisamment l’affaire, ou le chinois pour les plus snobs.

    P. S. : Effectivement, le gascon ne sert à rien. A rien qu’ils puissent comprendre.

  • Entendu ce jour 17/06/12 au vide-grenier de Fauillet (près de Tonneins) par une femme déjà d’âge un peu mûr, avec une pointe d’accent "du sud-ouest", pour autant que cet accent puisse bien se manifester sur des mots venus d’un autre monde...

    On parlait de "langue "hors sol"... la langue parlée en Gascogne maintenant, elle vient du sol français, qui, lui, innove encore.

    Ma grand-mère aurait dit :
    "Oh, c’était vraiment réussi ! Nous nous sommes réellement amusés !" ["réelleument"]
    En gascon, elle aurait su le dire, mais je sais pas comment.
    Allez, j’essaye (mais il me manque les mots pour "génial") :
    "Bondiu quin(a) *** ! / Bondiu, qu’es estat un/ua *** [de las ***] ! Que’nse som vertaderament amusats (?), hé !"


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