Saint-Seurin-de-Cursac
Peylon

Quels sont les héritiers du latin podium en gascon du Bordelais ? C’est là une question complexe, qui n’a pas donné lieu à une étude suffisamment précise.
Il est assez clair qu’en Entre-deux-Mers, une forme puch (ici, ’ch’ note le même son qu’en français, qui serait logiquement ish en écriture alibertine) était connue : cf "Le Grand Puch" à Saint-Germain-du- ... Puch (33). Une évolution phonétique conforme à ce que l’on sait du gascon de Buch : boiu(m) > buch vraisemblablement via une étape *bouch.
En d’autres régions, nous savons que la forme pouch va se diphtonguer en pouech, qui va donner pech dans les parlers languedociens et ceux gascons proches de ce domaine.
Mais il semble que ces formes ont cohabité, un peu partout, avec une forme plus générale pey, qui doit être celle du village landais de même nom. La toponymie gasconne fossilisée du Blayais semble le confirmer.
Ainsi, ce toponyme Peylon ne me semble pas pouvoir être autre chose qu’un "puy long", pour décrire les lieux, qui sont bel et bien un puy, le caractère de long étant à l’appréciation de l’ancien monde.
A moins que pey, ici, ne soit que la forme en combinaison : en effet, outre la question de la forme vocalique des héritiers de podium (u, ou ou è), se pose celle de podiu(m) en combinaison avec un terme qui le suit : que reste-il de la mouillure ch ?
A ce propos, on sait que les occitanistes languedociens, dans leur grande folie, écrivent Puèglaurenç le nom occitan de la ville de Puylaurens, quand la prononciation locale est Pèllaurenç : restitution inutile de la diphtongue médiévale, et pas de prise en considération écrite de l’absorption de la mouillure finale par le l initial du terme qui suit.
Ainsi, il est possible qu’une forme en Bordelaius septentrional ait été quelque chose comme pèch, qui en composition se serait "yodisé" en pey : pèchlong > peylon.
Dans ce cas précis, l’on pourrait évidemment voir une forme bordelaise Pierre "Pey" + déterminant, mais je crois que la conjonction entre le toponyme et la disposition géographique du lieu est très évidente.
On trouve à Mios (33), un toponyme Peylon mais le terrain, sur carte, y semble fort plat. Cependant, aucun patronyme Peylon n’est attesté. "Pierre le long" tout de même ?
NB : En parler gabay et saintongeais, le latin podium a donné "peu".