Adishatz,

Je voudrai dire que le cas catalan "espagnol" est un cas très différent des
pays dits "d'oc". D'une part, la généralitat est incluse dans un état qui n'a pas réussi à terrasser les nationalités "minoritaires" comme l'a fait la France. D'autre part et à cause de cela, si n'importe quelle nationalité de l'Etat français avait été unis à l'Espagne, elle serait maintenant autonome, consciente de son identité et parlant couramment sa langue.

Mais finissons de rêver avec cette comparaison qui ne mène à rien. Il n'y a qu'à voir la conscience des Catalans "du Nord" (dép. Pyrénées Orientales) pour s'apercevoir que les Catalans mis dans le même contexte que les Gascons, les Languedociens ou les Provençaux ne sont guère plus brillants et ce malgré le voisinage de la généralitat. Certes, les Catalans parlent d'une seule voix... dans la généralitat. Mais cette voix s'éteint en Catalogne Nord et est difficilement audible en Pays Valencien...
Le miracle catalan est donc relatif...

Une autre chose : comparer les Pays catalans avec une "Occitanie" (remarquer le singulier...) est une grossière erreur. D'un côté il y a des pays unis pendant des siècles au sein d'un même Etat, certes plus ou moins "fédéral" (la couronne d'Aragon) ce qui explique qu'ils partagent (avec l'Aragon) le même drapeau tiré du blason des rois d'Aragon.

D'autre part il y a une série de pays qui ont plus ou moins des liens linguistiques mais qui n'ont jamais été unis politiquement... avant leur "union" par la France. Il n'y a jamais eut de royaume ou de république d'Occitanie allant de Nice à Bordeaux...
Les pays dits - à partir du XIXe siècle- "d'oc" par commodité ne se sont jamais ressentis comme étant une part de la même entité avant leur union avec
l'Etat français. Il n'y a jamais eut de conscience occitane.
Pas de quoi pleurer et me jeter des pierres :
il y a eut pendant des siècles une forte conscience gasconne et une forte
conscience nationale provençale. La conscience des Languedociens existaient
mais ils leur a manqué la longue existence d'un Etat distinct qui n'existait
plus depuis la croisade des Albigeois.
L'idée d'Occitanie est une pure invention de linguistes du XIXe siècles qui
ont utilisé le mot latin "lingua Occitaniae" qui s'est toujours traduit en français "Languedoc" et en languedocien "Lengadoc" avant le XIXe siècle.
Elle n'a jamais réussi à s'implanter au sein des populations concernées par manque total de réalisme historique et humain, les affinités linguistiques ne
pouvant suffire. Voilà pourquoi, entre autres, l'idée d'Occitanie est quelque peu remisée au placard actuellement pour ne plus parler que de la langue
occitane avec le discours stéréotypé sur les troubadours, la civilisation d'oc, etc...

Mais malgré tout, on essait toujours de diffuser le drapeau du Languedoc-Toulouse tiré du blason des comtes de Toulouse du XII-XIIIe siècles, en Auvergne, en
Gascogne, en Limousin et en Provence. Et on s'étonne par exemple que dans
cette dernière région la croix languedocienne est rejetée... Certes on me dira que des seigneurs provençaux (les comtes de Forcalquier) ont utilisé la croix clechée
au XIIIe siècle, mais cela s'explique aisément par une banale alliance familiale avec les comtes de Toulouse. Tout ce qu'il y a de plus courant dans les usages héraldiques de l'époque...

Non, il est salutaire d'arrêter de nous comparer aux Catalans de la généralitat. Leur histoire, leur situation actuelle est à mille lieux de la situation gasconne ou d'un autre pays dits "d'oc" (et l'on pourrait inclure
dedans la Catalogne dite du Nord). Certes, les régions administratives actuelles sont mal découpées. Mais le regroupement dans un même gros bloc de régions qui ont déjà du mal à retrouver leurs identités ne peut aboutir qu'à un "Benelux" appelé "Sud-Ouest". Ce n'est pas l'addition des faiblesses qui créé la force.

Au contraire, la création d'une identité "régionale" forte sur un territoire plus petit et plus pertinent humainement, historiquement, linguistiquement et même économiquement peut fonder une "voix" forte et audible.
Regardez en France les Corses (seulement 260 000 habitants !et je ne vous dis pas le nombre de nationalistes...) ou même les Bretons.

Il est vain de vouloir une Occitanie en réduction, c'est-à-dire l'union Aquitaine-Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon.
Il nous faut une Aquitaine-Gascogne aux limites encore à définir, mais je ne
pense pas y inclure Toulouse. Cette ville est la capitale naturelle d'une grande région Languedoc, ce qu'elle fut du XIIIe siècle à 1790.

Je finirais en utilisant le cri de guerre des combattants gascons du duc d'Aquitaine (ou de Guyenne, ce dernier nom étant une déformation populaire
d'Aquitaine. C'est passé par le stade "Aguiaine" puis le "A" initial est tombé au cours des XIIe-XIIIe siècle) :

Guienne ! Guienne ! Bibe Guienne !

Guilhem Pépin