Identité bretonne lafitte.yan [Forum Yahoo GVasconha-doman 2006-12-15 n° 7748]

- Jean Lafitte

Dans un message d'hier jeudi 14, Louìc écrit :

« Je me pose la question : quelle différence entre un Breton qui ignore le
breton ou le gallo, et un Français d'une autre région ? Pour moi, la
différence n'est pas énorme, et elle tend à se réduire. Les jeunes étudiants
bretons (puisque j'en côtoie plein) sont très semblables aux autres
étudiants français, je vois aucune différence et certainement pas
culturelle. Par contre, si je les compare aux anciens bretonnants, il y a
une différence énorme. Je crois aussi que sans la langue, la culture est
fichue. (Une poignée de jeunes apprend la langue avec les anciens,
heureusement). »

ì mon tour de me poser des questions :

Il ne me parait pas douteux que la longue scolarité "standard" et plus
encore les médias, avec tout spécialement la publicité qui fait miroiter aux
jeunes tout ce qui peut être vendu au bénèf. (pour écrire comme Daniel) des
Marchands du Temple de la Consommation, tendent à unifier les gouts, les
modes, les musiques et à supprimer toute différence entre les régions ; et
cela dépasse les frontières des états.

Voici ce que publiait hier "Métro", le journal gratuit qu'on trouve
justement dans le métro (p. 18, rubrique « C'est vous qui le dites », avec
photos des intéressés) :

« La question du jour : Quelle est la première chose que vous faites en
arrivant au bureau ?
« Charly, 27 ans, webmaster "Je réfléchis à une excuse pour mon retard et je
demande à mes collègues où on va déjeuner."
« Émilie, 24 ans, consultante "J’éteins mon iPod pour dire bonjour à la
standardiste sans hurler, puis j’allume mon ordi pour regarder mes mails."
 » Grégoire, 24 ans, chargé de mission "Je dis bonjour à tout l’open space et
j’allume mon PC. Ensuite,je vais me chercher un café et je fume ma première
clope. »

Bien sûr, cela ne représente pas toute la génération des 20-30 ans dans
toute la France. Mais cela "interpelle".

On est à des années lumières, me semble-t-il, de ce qu’auraient répondu au
même âge les vieux bretonnants d’aujourd’hui, paysans ou pêcheurs pour la
plupart.

Même dans une conversation en français de l’époque, on n’aurait évidemment
jamais entendu webmaster, consultante, iPod, ordi, mails, chargé de mission
[la quelle ?], open space et PC.

Dans un tel monde, qui est celui où sont immergés les jeunes, que peut venir
faire le breton ou le gascon, ou même le français qu’on enseignait il y a
plus de 50 ans ?

A lèu,

J.L.

|
7749|7749|2006-12-15 20:51:34|lafitte.yan|Eths Biarnés...|

Réagissant à la citation de l’Éclair incluse dans un message de moi, M.P. a
écrit hier jeudi 14 décembre :

1° » tà "pais".... perque diser qu’eths biarnes disen pèis... encòra hèr
arreferençia aths Biarnes o a un tròs deth Biarn... »

C’est très simple, pour 3 raisons :
­ l’Éclair est édité à Pau et couvre essentiellement le Béarn et la Soule ;
celle-ci est hors de cause, et les gens des alentours d’Arzacq qui n’étaient
pas Béarnais avant la création des départements en 1790 l’ont totalement
oublié et se disent Béarnais ;
­ l’auteur du billet est très probablement un Béarnais qui, comme beaucoup
d’autres Gascons (je dis bien » autres Gascons », même si cela étonne nombre
de Béarnais), juge de la langue en fonction de ce qu’il a entendu dans son
entourage ; encore celui-ci n’étend-il pas a priori la remarque à l’ensemble
du gascon ;
­ dans un Forum où l’on se préoccupe tant d’identité, peut-on reprocher aux
Béarnais d’afficher la leur, peut-être davantage que d’autres Gascons (bis
pour la parenthèse) ? Personnellement, je n’ai rien contre, mais en ouvrant
sans cesse la fenêtre vers le reste de la Gascogne.
À ce sujet, je n’ai toujours pas trouvé de réponse aux faits suivants :
* il y a des Dic. de gascon (dit occitan) faits à Orthez et un autre, petit,
à Tarbes, pas tellement coordonnés entre eux ;
* il y au un Institut occitan à Billère dont l’activité ne me parait pas
dépasser le département, contrairement à ce que laisserait entendre son
qualificatif ; ainsi, je crois me souvenir qu’une de ses premières mesures
fut de baliser en » occitan » le GR 10 de la limite du Pays basque à
l’entrée dans les Hautes-Pyrénées.

2° » "Eths de Nadau" (qui s’escriven "Los de Nadau" en arrespectar era
graphia qu’an causida) que son Gascons pas Biarnes... »

Écrire de quiconque qu’il est » Gascons pas Biarnes » peut laisser entendre
que ces qualificatifs sont exclusifs, et enlever toute force au reproche
qu’on peut faire à des Béarnais d’oublier qu’ils sont Gascons et que le mot
 » béarnais » couvre des parlers linguistiquement gascons ; j’aurais écrit
 » Gascons, mes pas per tant Biarnés  ».

Mais dans ce cas particulier je ne l’aurais pas écrit non plus : Los de
Nadau sont un groupe, et pour autant que je sache, la majorité sont des
Gascons du Béarn, donc des Béarnais ; en partiluclier, Ninou, chanteuse et
épouse de Michel Mafrfrand (Jan de Nadau) est née Geneviève Paloumet, de
Monein en Béarn. Le couple habite à Labastide-Cézeracq à mi-chemin entre
Orthez et Pau.

Je suggère donc à chacun de bien se relire avant d’envoyer un message, et
d’éviter tout ce qui pourrait, même par suite d’une simple ambigüité du
texte, donner raison à patrick.gw qui écrit dans un message de ce même
jour : » si l’expression "diviser pour régner" est vraie, nul besoin de
diviser les gascons pour les asservir à d’autres causes, c’est déjà fait. »

Ceci dit, sans vouloir en nulle manière chercher dispute à quiconque.

Plân amistouseméns a touts,

J.L.

Grans de sau

  • Adishatz & kaixo !

    Douctou(r) Yan qu'a escrit :

    > Il ne me parait pas douteux que la longue scolarité "standard" et plus
    > encore les médias, avec tout spécialement la publicité qui fait miroiter
    > aux jeunes tout ce qui peut être vendu au bénèf. (pour écrire comme Daniel)
    > des Marchands du Temple de la Consommation, tendent à unifier les gouts,
    > les modes, les musiques et à supprimer toute différence entre les régions ;
    > et cela dépasse les frontières des états.

    > [...]

    > Même dans une conversation en français de l'époque, on n'aurait évidemment
    > jamais entendu webmaster, consultante, iPod, ordi, mails, chargé de mission
    > [la quelle ?], open space et PC.
    >
    > Dans un tel monde, qui est celui où sont immergés les jeunes, que peut
    > venir faire le breton ou le gascon, ou même le français qu'on enseignait il
    > y a plus de 50 ans ?

    That is the question !-)

    Il se crée sous nos yeux une culture mondiale.
    Enfin, nous parlons ici plutôt de la catégorie "jeunes cadres ou assimilés".
    Des milliards de jeunes de notre planète n'en font pas encore pas partie.

    J'avais envie de rajouter le qualificatif "urbains". Mais grâce au
    télétravail, ils ne seront plus forcément urbains. Nous commençons à en
    récupérer dans nos campagnes gasconnes...
    Alors, sont-ce ces campagnes qui vont influencer leur culture (à nous de
    jouer ?), ou l'inverse (listaires pessimistas, que'vs enteni dejà arromegar,
    je vous entends déjà rouméguer...) ?

    Cette culture fait fi, comme le dit Yan, de la diversité régionale à
    l'intérieur des Etats, et, de plus en plus, de la diversité entre les
    différents pays du monde.
    Progressivement, sa langue devrait s'angliciser.
    En gros, "l'esprit de Simone" à l'échelle mondiale...

    Pour ceux qui, comme moi, se délectent des différences de langue, d'accent,
    d'architecture traditionnelle, etc. qu'on trouve en se déplaçant sur la
    planète, c'est troublant.

    Ne resteront bientôt plus que les différences de paysage naturel, sachant que
    les palmiers ne poussent pas encore à ciel ouvert dans la toundra, et que,
    contrairement à notre cher hymne, "las montanhas ne s'abaisheràn pas".
    Quelques traits physiques extérieurs aussi (couleur de la peau, yeux bridés ou
    non, cheveux frisés ou non...), mais là aussi, ça commence à se mélanger.

    Dans ce contexte, que proposer pour la "Gasconha (e la Bretanha) de doman" ?

    D'abord de ne pas s'affoler (rester "tranquilòts" pour ne pas dire "zen").
    Ne pas partir battu, réfléchir ensemble.
    Nous pourrons en parler, à "Lou magret", samedi 23...

    Je réfléchis "tout haut" et vous donne en vrac ce qui me passe par la tête,
    sachant que ce n'est pas dans le présent message que je vais faire une thèse
    cohérente :


     L'uniformisation s'est faite au niveau français avant de se faire au niveau
    mondial.
    Nous qui avons souffert de l'uniformisation française, pouvons-nous en tirer
    des enseignements pour l'uniformisation mondiale ?


     Nous savons (un peu) une histoire, l'histoire de la Gascogne, qui est une
    bribe de l'histoire universelle. Elle doit bien recéler des enseignements
    valables pour aujourd'hui et demain.


     Pour ce qui est de la langue, savoir qu'il n'y a pas de patois honteux peut
    nous aider à résister au "tout anglais".


     L'uniformisation en cours est due aux progrès en matière de transports de
    personnes et de marchandises, à la télévision, au développement des
    télécommunications.

    Or, sur le plan des transports, il y aura peut-être un jour des restrictions
    écologiques, liées aux nuisances qu'ils provoquent.

    D'où des relocalisations de la production, avec leurs effets culturels.
    Pour les produits alimentaires, il n'est pas à exclure qu'on revienne à des
    modèles locaux et régionaux, quand la "world food" (?) aura lassé les gens ou
    qu'on en connaîtra les inconvénients écologiques ou sanitaires.

    Et puis l'uniformisation des paysages peut provoquer un reflux de l'envie de
    voyager, qui laissera de nouveau une chance aux particularismes locaux.
    L'histoire humaine peut connaître de tels mouvement de balancier.

    Quant aux médias :
    Leur pluralisme (potentiel) est grand.
    Quand on peut avoir accès à des dizaines de télés différentes, on peut être
    optimistes pour la diversité culturelle.
    Mais avons-nous su, et saurons-nous, en tirer parti ?
    L'exemple des radios FM en France n'est pas super-encourageant (assez grande
    uniformité, à première vue, malgré le grand nombre de stations disponibles).

    Je note quand même qu'une radio comme Radio Pais est maintenant écoutable
    partout, par Internet, et je vous la conseille :
    http://www.radio-pais.com
    C'est infime comme auditoire, me direz-vous. Mais est-ce que les grands
    bouleversements ne commencent pas par des signes presque imperceptibles ?


     Trop de brassage tue le brassage.
    On communique, on échange, on se déplace, pour voir et avoir ce qu'on n'a pas
    chez soi. Mais si tout devient pareil partout, il n'y a plus de désir d'aller
    voir ailleurs. Donc, nouvelle chance pour des développements autocentrés, et
    ça repart pour un tour !


    Bon, que m'arresti...
    Connaissez-vous des penseurs qui traitent de ce dont nous parlons ? Peut-être
    que certains ont des pistes intéressantes que nous ne connaissons pas !-)

    Siam hardits !
    Tederic

  • Je te crois très pessimiste Tederic.
    Il existe dans chaque région, département, vallée, des associations qui
    entretiennent la mémoire des territoires.

    Je pense qu'au lieu de se lamenter sur des forums dans un exercice
    cybernétique virtuel, il est sans doute plus efficace d'aller vers ces
    associations et de leur apporter du sans neuf pour avancer et défendre
    certaines valeurs propres à chaque territoire

    Louis DOLLO
    http://www.pyrenees-pireneus.com

Un gran de sau ?

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