Adixat moundë,
Très pris par un travail de longue haleine, j'ai réagi comme Daniel Séré
en lisant ces mots de Didier :
>A txatti :
>entenut...que prométi de comença a "socialisa" lo meinh gascon en escriven tostem "hemna".
Par son message, il m'évite de passer du temps a dire la même chose :
Adishatz monde,
Didier fait comme il veut, mais je ne vois pas pour quelle raison il
devrait "socialiser" son gascon chalossais en écrivant "hemna" à la
place de "hembla" qui se dit aussi en Béarn dans la région de Salies.
Pas davantage que Bruno/Txatti n'aurait à faire de même avec son gascon
couseranais en écrivant "lo, la, los, las" à la place de "eth, era, es".
Quand on a la chance d'avoir une bonne connaissance d'un parler gascon
local, la meilleure façon de le socialiser c'est d'en respecter les
formes qui sont les siennes. A moins de tenter de "socialiser" un gascon
normé, standard qui reste à inventer sous une forme centro-méridionale
et non pas sous la forme "light" conçue par des occitanistes qui se
cassent la tête pour rien alors qu'en l'occurrence ils ont un
"prêt-à-porter" hyper-light avec le (mi-)gascon des marges garonnaises.
Mais là nous nous heurterions aux mêmes écueils que les félibres
lorsqu'ils ont caressé un temps l'espoir de faire de la langue
littéraire de Mistral à base de provençal rhodanien la langue de tout le
Midi des Alpes aux Pyrénées ou les occitanistes qui rêvèrent dans les
annés 70 du siècle dernier, et dont certains rêvent toujours, d'un
occitan dit "référentiel" à base de languedocien central. Adopter un
gascon proche de l'hypothétique norme centro-méridionale est acceptable
lorsqu'on n'a aucune raison de passer par un gascon local, à plus forte
raison si l'on ne possède pas la moindre base du moindre parler local,
d'où l'intérêt pédagogique d'un tel gascon proto-normé. Par contre
lorsqu'on possède de bonnes bases dans un parler local, il n'y a aucune
raison de "corriger" ou de "socialiser" son gascon en le farcissant de
formes centrales et méridionales même si selon certains témoignages les
jeunes s'approprieraient un tel langage mixte d'une façon ludique.
Hètz beròi.
DFS
Un seul bémol, qui va scandaliser quelques uns, mais tant pis, à se
cogner la tête contre les murs, ce ne sont pas les murs qui se fissurent.
Or c'est la forme béarnaise qui a une littérature et des milliers de
lignes d'écrits anciens publiées, donc accessibles, donc si l'on doit
enseigner un gascon « proto-normé » à ceux qui n'ont aucune raison
d'apprendre une forme locale, ce ne peut être que le béarnais. Michel
Grosclaude l'avait bien compris avec Lo Gascon lèu e plan, et aussi
Pierre Bec dans sa préface de cet ouvrage. Et il y a des manuels pour
apprendre le béarnais ; pour les autres formes du gascon, c'est bien plus
difficile.
Hèt beroy.
J.L.