Les "grans de sau" déclencheurs (Les Landes son drapeau, la Gironde le sien) :
« Je suis aussi d’accord pour dire que Bordeaux n’a rien d’une ville gasconne (j’y suis né) mis a part l’enorme apport dû aux gens de chez nous qui y ont émigré.
Bazas n’a rien a faire en Gironde, le mode de vie d’il y a quelques années tient a 70% de la lande, meme chose pour Captieux, Cudos, Beaulac etc...
Un "vrai" habitant de Giscos n’a rien de commun avec un de Pauillac ou de Blaye. »
Auteur : Bouilhet
27/12/10
http://www.gasconha.com/spip.php?article91#forum43557
« - Sur Bordeaux, il est clair que si l’on résume le fait gascon au seul fait rural, par définition même Bordeaux ne saurait être gasconne. Mais dès que l’on a une vision plus large de l’identité gasconne, on se rend alors compte que Bordeaux ne peut se comprendre sans tenir compte de la ribambelle de ports garonnais : Bordeaux, c’est Portets, Langon, La Réole, Marmande. Reste la Bordeaux moderne mais dans ce cas-là, je ne crois pas que Rennes ait grand chose de breton, pas plus que Marseille n’est vraiment provençale. Quant à Bazas, la ville porte sur elle les "stigmates" de son caractère bordelais : son architecture, ses couleurs, son ambiance. C’est la lande bordelaise. Je ne l’ai jamais trouvé moins gasconne qu’une autre.
Dans la force de l’imaginaire, la lande bordelaise dès Pessac gasconne plus que la Gascogne toulousaine qui, qu’on le veuille ou non, fait "toulousaine" avant d’être gasconne (le caractère gascon est un peu caché).
– Il faudra discuter ailleurs de qui est gascon, qui est basque. C’est un débat trop vaste. Je viens de lire dans un ouvrage qui vient de paraître consacré essentiellement au Gers (donc sous le titre de Gascogne ...) qu’être gascon était une affaire de volonté, d’identification personnelle. Tout le reste du bouquin fait au contraire l’éloge de la langue, des patronymes, des gueules du pays !
Il y a quand même contradiction entre un idéal et la réalité ethnographique.
Il va sans dire que l’avenir ne peut plus être fondé sur l’ancien monde, mais cela ne doit pas empêcher de vouloir en sauver des bribes. »
Auteur : Vincent.P
29/12/10
Ma réponse en ce 06/01/11 :
"gascon", c’est l’adjectif qui correspond à "Gascogne".
La Gascogne, c’est un territoire, entre océan, Garonne et Pyrénées, qui a connu une histoire particulière, reflétée par ses parlers populaires jusqu’à 1900 environ.
La Gascogne a existé comme division administrative (le Duché de Vasconie ou de Gascogne, jusque vers l’an 1000).
Depuis l’an 1000, selon moi, la Gascogne décline, perdant son unité et son autonomie. C’est surtout l’Etat uniformisateur français qui l’a peu à peu dissoute ces derniers siècles.
Mais sa résistance est remarquable jusque vers 1900. La survie des parlers gascons en est le signe le plus clair.
Dès lors que le territoire gascon est délimité par l’aire lingüistique du gascon en 1900, par définition, toute ville ou village qui est sur ce territoire est gascon(ne). Donc, Bordeaux et Pauillac aussi.
Blaye est légèrement hors limites : elle parlait probablement une langue d’oc avec des traits gascons au temps où Bordeaux était gasconne "à tous les étages", au moyen âge. Mais Blaye est passé à l’oïl très tôt.
Maintenant, parlons des individus : qui est gascon ?
S’il y avait un Etat gascon, ce serait simple : seraient gascons ceux qui auraient une carte d’identité gasconne.
Pendant longtemps, on aurait pu dire aussi que les gascons étaient ceux qui parlaient gascon.
La disparition du gascon comme langue courante incite à chercher d’autres marqueurs culturels.
A priori, toute personne qui a vécu ses années de formation (en gros sa jeunesse) en Gascogne peut logiquement être dite "gasconne". Elle a vécu dans un bain gascon.
Les personnes venues d’ailleurs sont alors "moins gasconnes", voire pas du tout.
Mais on peut accepter l’idée que plus elles résident en Gascogne, plus elles deviennent gasconnes !
Selon cette logique, il y a une culture gasconne, qu’on a plus ou moins.
Mais quand je cherche à donner de la chair à cette culture gasconne, je ne trouve rien...
On va me parler des paloumayres...
Mais si le mot "paloumayre" est gascon, et si un paloumayre est le plus souvent gascon (mais certains sont basques ou peut-être guyennais...), beaucoup de gascons ne sont pas paloumayres [1], soit qu’ils ne sont pas de la campagne, soit que leur campagne ne pratiquait pas cette chasse.
Chasser la palombe n’est donc pas un trait distinctif gascon !
Je sais, je peux choquer en disant ça, mais j’essaye d’être logique pour construire sur du solide !
La culture d’un gascon (donc de quelqu’un qui a vécu ses années de formation en Gascogne) ne diffère quasiment pas, ou plus, de la culture d’un non gascon.
Il y a peut-être eu jadis une culture commune gasconne, quand les gascons se reconnaissaient entre eux par leur langue. Au delà de leurs différences culturelles locales, ils avaient peut-être conscience d’appartenir à une communauté gasconne, à un espace d’échanges. Et peut-être qu’ils partageaient des traits culturels spécifiques à la Gascogne (lesquels ?).
Je suis donc en train de dire (et certains me trouveront iconoclaste sur le site Gasconha.com dont je suis fondateur) qu’il n’y a pas, ou plus, de culture gasconne.
Mais voilà :
S’il n’y a plus de culture gasconne, il peut y avoir une identité gasconne !
L’identité, on peut se la donner : c’est un nom ou un drapeau qu’on décide de porter.
Plusieurs fois, il m’est arrivé de parler avec des personnes qui voulaient arborer un drapeau gascon, soit l’ancien blason, soit le nouveau "drapeau de la Daune".
A chaque fois, elles m’ont dit : les bretons, les corses, les basques ont leur drapeau et ils le montrent, ils en sont fiers. Pourquoi pas nous, gascons ?.
Parfois, le "gascon" qui me parlait ainsi avait précisément un conjoint corse, ou breton... Ou alors, il vivait en Bretagne...
Je ne sais pas trop analyser ce besoin profond de se rattacher à une communauté historique ou géographique. Patriotisme, nationalisme... même ressort que la généalogie ?
Mais ce besoin existe, et j’ai l’intuition que la Gascogne est qualifiée pour y répondre.
La Gascogne peut être un bon support identitaire :
D’abord parce qu’elle s’appuie sur un territoire lisible : elle est bien délimitée, aussi bien que la Bretagne !
A l’Ouest, la Gascogne est bordée par le golfe du même nom ;
au nord, par l’estuaire de la Gironde.
La Garonne est de moins en moins une limite matérielle au fur et à mesure qu’on en remonte le cours ; on a construit beaucoup de ponts. Mais quand même, sur une carte et dans les esprits, la Garonne dessine une limite.
En amont de Toulouse, la limite de la Gascogne est peut-être moins claire. Encore qu’entre Couserans et Pays de Foix, j’ai lu qu’elle existait dans les esprits.
Au sud, c’est simple : les sommets Pyrénéens sont la limite.
Sauf le Pays basque nord : il partage le même espace que la Gascogne. Là, la délimitation devient lingüistique, tant que la langue basque résiste (et souhaitons qu’elle résiste !).
Le territoire de la Gascogne est partagé entre plusieurs sous-ensembles géographiques bien distincts :
– les Pyrénées et leur piémont,
– les côteaux de Gascogne qui sont traversés par un éventail de cours d’eau descendant des Pyrénées
– les plaines de l’Adour et de Garonne (les arribères)
– les Landes
On peut voir ça comme une division, un affaiblissement de l’unité gasconne. C’est à discuter.
Pour moi, promouvoir la Gascogne, c’est aussi illustrer ses composantes : les Landes (qui ne sont pas le département 40 !), les Pyrénées (dont toute la Gascogne est quasiment un piémont), la Gascogne des coustalats, tucs et tuquets, et enfin la Gascogne des arribères.
Si l’identité gasconne, sur cette base géographique solide, redevient forte, peut-être qu’une culture commune gasconne pourra renaître. Nous n’en sommes pas là du tout.
D’ailleurs, la géographie, c’est aussi les moyens de communication.
Routes, autoroutes, chemin de fer, mais aussi les médias... Et là, on ne peut pas dire que la Gascogne existe nettement, écartelée qu’elle est entre plusieurs métropoles (Bordeaux et Toulouse principalement).
Bref, ce n’est pas simple, ce n’est pas gagné d’avance. C’est pour ça qu’on est là !
Pour l’instant, je propose de faire connaître la Gascogne géographique et historique. Je propose de montrer ce qu’elle a de beau et d’intéressant, dans ses paysages et ce qui reste de ses traditions.
Quant aux paloumayres :
Ils sont (souvent) en Gascogne, mais ils ne sont pas la Gascogne !
Mais si on aime la Gascogne, il y a de forte chances qu’on aime la culture des paloumayres. Vous voyez la différence ? Elle est subtile...
"Aimer la Gascogne", s’en revendiquer, c’est maintenant ça qui est d"actualité. C’est volontariste, c’est un choix. Le choix de la mémoire et de l’enracinement.
Alors oui, on peut être gascon sans être paloumayre, on peut être gascon quand on habite à Bordeaux ou à Pauillac !