Le béret basque
Il y a une quinzaine d’années à Talence (banlieue de Bordeaux), un habitant me voit passer à vélo - je portais le béret ; il me lance :
– Euskalduna !
Je réponds au vol :
– Gascon !
Et je fais la même réponse à chaque fois qu’on étiquette mon béret - et peut-être moi-même - comme "basque", c’est à dire presque toujours, "gascon" presque jamais.
Toutûn... le béret emblème gascon !
La dernière action gasconne de Georges dou Cadet, qui nous a quitté en 2016, a été de monter une opération béret :
"Nosté bèrét Gascoun illustrat"
La chanson "Le béret" Merci à JC Caudéran qui nous en a envoyé le texte. Il voulait l’avoir en gascon. Ci-dessous, déjà une proposition pour la 1ère strophe.
« Qué dé més bèt qué dé pourtà suou cap l’émblèmo dé nosté pays : Lou bérét Gascoun dambé soun blasoun è l’inscriptioun én léttros d’or : je suis Gascon, je porte le béret. » (comme dit la chanson).
Quand un Chœur d’Hommes de Gascogne se met en tenue, il porte le béret.
Les oeufs gascons aussi, portent le béret.
Le "béret basque" fabriqué en Béarn
C’est à la Manufacture de bérets, d’Oloron, que Georges dou Cadet avait confié la fabrication de son béret-emblème. Celle-ci s’est proclamée un temps la Boneteria auloronesa (prononcer "Bounétérïe aoulourounéze"), grâce à son fondateur Denis Guédon qui écrivait ici en 2014 :
La manufacture de bérets - Boneteria auloronesa
« l’industrie du béret traverse une crise depuis les années 80 et en 2011, le dernier fabricant de bérets menace de délocaliser sa fabrication. Je veux que cette activité, que je considère comme un patrimoine, reste au pays. Alors je construis un atelier de fabrication artisanale de bérets.
Mon objectif de production est très modeste donc ma clientèle sera locale et j’espère quand même être compris [1] par une majorité de béarnais et autres gascons. Pour les locuteurs français qui croiseraient mon béret, ils auront une raison supplémentaire de faire l’effort d’apprendre la langue. »
Bravo à lui !
Depuis, il a transmis son entreprise à Sara, qui garde le même modèle de production, mais a changé la mention "Boneteria auloronesa" en "Atelier en Béarn".
Titre complet ce jour sur le site la Manufacture de bérets :
« Fabrication artisanale de bérets dans les Pyrénées Atlantiques, en plein coeur du Béarn. » Donc une identité plutôt géographique, mais qui ne mentionne pas la Gascogne.
L’artisane explique aussi, en réponse à une question souvent posée :
« Mes bérets sont-ils de véritables bérets basque ?
Et bien oui... et non !
Oui, ce sont de véritables bérets : je les fabrique un par un, en respectant le savoir faire qui nous vient du moyen âge.
Non, car le béret est né sur les terres béarnaises. Ce terme est une "appellation" qui trouve ses racines dans notre Histoire.
Le béret est l’alliance du savoir faire béarnais et et du savoir vendre basque... bref il est l’emblème d’une réussite basco béarnaise ;-) »
L’atelier est à Orthez et se visite !
Le béret français, mais quand même basque !
Le béret participe aussi à l’imagerie française à l’étranger, avec la baguette de pain, et peut-être le paquet de cigarettes Gauloises ou Gitanes et le camenbert.
Quand je tape "béret français" dans le moteur de recherche, un "Beret français" me sort côté images à 3€58 chez Cdiscount ; c’est un béret pour farce et attrapes qui se porte avec une moustache postiche :
« Vendu et expédié par Special Days + Gifts
Attention ! Ne convient pas aux enfants de moins de 36 mois / 3 ans… »
Plus sérieux, mais sans exclure la mode ni la fantaisie :
www.leberetfrancais.com
« Le véritable Béret français, créé dans notre fabrique à Bayonne, au coeur du pays basque français. »
« nous sommes le véritable, l’authentique béret français basque »
A noter l’offre d’un "béret écolo" (17 € adultes homme ou femme, 14 à 15 € pour les enfants), fait à partir de fibres recyclées (coton, lin, polyester, acrylique... pas de laine de mouton pour faire "végan" !).
Dans tous les cas, le béret est - maintenant - de toutes les couleurs, pour les hommes comme pour les femmes !
Le béret international
De Nouvelle-Zélande, un passionné promeut le béret de par le monde, en montrant sur son blog des femmes et des hommes qui portent ou ont porté le béret.
The Beret Project
Là on voit que le béret a eu un rayonnement mondial, garde des adeptes partout (les gauchos d’Argentine par exemple, sinon plutôt des gens un peu décalés, intellos, artistes, savants, une élite, quoi...), et se fabrique aussi un peu partout (Argentine, Japon, Tchéquie, Chine, Italie, en plus du Béarn et du Pays basque français ou espagnol...).
Le bonetaire néo-zélandais prospecte, sélectionne et revend ces bérets : c’est la
Boneteria Aotearoa (ça vous rappelle pas quelque chose ?)
Retour en Gascogne, gonflé à bloc après ce tour du monde, et avec deux idées-force de plus :
- Le béret de l’artiste ou du créateur : bon pour la Gascogne, qui doit être créative !
- Le béret porté aussi bien par les hommes que par les femmes... Vive la Daune au béret !