Therese Desqueyroux Bande Annonce Officielle

- Tederic Merger

Bazadais.
Il manque quelque chose ... L’accent des Desqueyroux !

Voir en ligne : Therese Desqueyroux Bande Annonce Officielle

Grans de sau

  • Il me semble évident qu’aussi bien la mère Desqueyroux que le fils, petits bourgeois du début du 20ème siècle en Bazadais, avaient l’accent ! Thérèse Larroque épouse Desqueyroux de même !

    Je me permets aussi une réflexion un peu étrange mais qui pour ma part m’obsède : le cinéma français ne sait pas rendre les gueules gasconnes, émaciées.
    Les deux personnages principaux sont assez crédibles cela dit pour cette adaptation de Thérèse Desqueyroux.

    J’ai par contre le souvenir d’un Clovic Cornillac en paysan béarnais dans "Vert Paradis" du fils Bourdieu, c’était juste impossible, ce pauvre Cornillac a tout sauf la gueule d’un vieux garçon reclus dans sa ferme des coteaux de l’Entre-deux-Gaves.
    Dans le drame du célibat dans la Gascogne paysanne, il y a aussi toute une dimension esthétique à côté de laquelle on peut passer.

    http://image.toutlecine.com/photos/v/e/r/vert-paradis-2003-02-g.jpg

  • Cette question physique est présente chez Mauriac : que Thérèse tombe amoureuse de Jean Azevedo, qui lui offre potentiellement une sensualité à laquelle son mari Desqueyroux est incapable, cela n’a rien anodin ...
    Azevedo incarne le cosmopolitisme de la ville, Bordeaux en l’espèce, d’ailleurs, Thérèse s’exile à Paris à la fin du roman.
    L’émancipation des femmes par la ville qui y fuyaient le matriarcat gascon et la vie sans plaisir.

  • Le film est excellent en tous cas bien qu’on ne retrouve pas dans l’interprétation d’Audrey Tautou, toute dans le sens de la dureté, la fragilité sensible de l’interprétation au moins également magnifique d’Emmanuelle Riva il y a pas mal d’années.
    Reste la question des physiques, en effet, des accents et même de certains lieux : le château des La Trave est en fait une demeure du Saint-emilionnais, pas une des grosses maisons bourgeoises des Graves, du Bazadais ou de la Haute Lande.
    Cela peut sembler un détail mais ça fausse quelque chose, au moins pour nous pour qui le sens de tout cela est mystérieusement inséparable d’un certain "esprit des lieux", gascon pour tout dire ...

  • En effet, ce pauvre Cornillac ressemble à un ouvrier parisien !

  • Vu Thérèse Desqueyroux nouvelle version. Décevant d’un bout à l’autre et surtout mauvaise lecture du roman. Bernard n’est pas le méchant monsieur qui est présenté ici. Il se contente d’être un peu rustre et mal dégrossi, pas très intéressant, dans le roman de Mauriac. Rajoutez Argelouse (Vous avez vu ce que c’est, Argelouse ?) à tout ça et on ne peut que comprendre Thérèse qui veut s’enfuir au plus vite. Riva (quelle beauté ! Encore aujourd’hui) et Noiret étaient bien mieux. Tautou et Lellouche sont à côté de la plaque et je peux vous assurer que les bourgeois de la Lande girondine avaient tout de même un fort accent gascon à cette époque (j’en ai connu), qu’ils arrivaient très mal à dissimuler en essayant de parler pointu, la bouche en cul-de-poule comme disait mon grand-père des Bordelais singeant les Parisiens. Ils ne parlaient sûrement pas comme Mauriac, lequel n’avait plus grand chose de gascon en fait et n’a même pas ressenti le besoin de se faire enterrer dans un pays qui n’était décidément plus le sien. Dans le roman, le seul à qui on pourrait (peut-être), prêter un accent quelque peu pointu, c’est Jean Azévédo. Mauriac disait qu’il était Thérèse Desqueyroux. Oui, il est aussi Jean dans une certaine mesure. Bref, l’anti hobereau gascon par excellence. Mauriac était un grand bourgeois bordelais typique, peut-être homosexuel refoulé à cause de son statut social, ayant renié son sang et sa race pour s’efforcer de devenir un parisien accepté par le bottin mondain de la capitale. Maintenant, l’homme était aussi un véritable humaniste, un véritable chrétien presque de gauche (ses engagements pendant la guerre d’Espagne, pendant l’occupation, pendant la guerre d’Algérie). Il me fait parfois penser à Daniel Cordier (Bordelais également, homosexuel parfaitement assumé, grand bourgeois d’extrême droite qui aurait parfaitement pu tomber dans la collaboration la plus acharnée à la Brasillach) ou même au Bernanos des "Grands Cimetières sous la lune". Mais ne nous hasardons pas trop...
    Ce qu’on peut affirmer, c’est qu’il n’aurait pas été le même si son père avait vécu. Peut-être serait-il resté gascon et son oeuvre aurait-elle été différente à ce sujet. Ce sont souvent les femmes qui ont joué le rôle de dégasconnisation de la progéniture dans ces milieux. Les hommes étaient plus "bruts de décoffrage".
    Pagnol, lui, n’a pas renié ses origines et n’a pas cherché à passer sous silence l’essence du peuple provençal, son accent, sa langue (même s’il n’a jamais tourné en provençal pour des raisons évidentes. Mais on voit bien que la plupart de ses acteurs fétiches en auraient parfaitement étés capables), la dureté des rapports sociaux sous l’apparence de bluettes qui n’en sont pas. Quand les occitanistes parlent avec mépris des "pagnolades" je ne peux pas m’empêcher de penser qu’ils sont véritablement des cons, en plus de tout le reste.
    J’ai récemment vu Landes, de François-Xavier Vives et, autant Miller a des excuses, autant Vives n’en a aucunes pour être un enfant du pays, un Landais pur sucre. Un acteur est un acteur et doit être capable de prendre l’accent, de rouler les R et même, s’il le faut, de dire quelques phrases en gascon. Son documentaire sur Félix Arnaudin était tellement bon, sa fiction est d’autant plus décevante.
    Ceci dit, je vous conseille la visite de Malagar à Saint-Maixent (le château Malagar rouge est très correct), vous pourrez ensuite en profiter pour aller à Verdelais voir les incroyables ex-votos de la basilique, le calvaire, la tombe de Toulouse-Lautrec (Henri de) le moulin de Cussol et ensuite les falaises d’huîtres de Sainte-Croix-du-Mont.


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs