Monès et Sagazan Le Moniès de Sagazan

Sagazan je suis... mais qui (ou que) suis-je ?
Un professeur de Français au collège m’avait signifié l’étymologie
"marécage".
Cela ne me gène pas d’avoir les deux pieds dedans mais est-ce plausible ?
Mon patronyme complet (bretonisé à la fin du XVIII en "Le Moniès de Sagazan") serait issu du mariage de deux familles du canton de Rieumes (de) Mones et (de) Sagazan.
Les archives nous manquent. Mais là n’est pas la question... quelle serait l’étymologie de ces deux patronymes qui forment aujourd’hui le mien ?

Grans de sau

  • Sagazan est un patronyme gascon fréquent en Comminges ("haut-garonnais" comme "gersois" ie Savès) ainsi qu’à Tardets en Soule (Pays Basque).
    Pour le dernier cas, il doit s’agir d’une migration, ou ancienne du temps de la bastide romanisante de "Villeneuve de Tardets", ou bien plus récemment.

    Deux lieux-dits "En Sagazan" à Plagnole (31) et Durban (32).
    Difficile de savoir avec la particule honorifique "en" s’il s’agit d’un patronyme pur devenu toponyme ou d’un toponyme qui était aussi le patronyme des habitants du lieu.
    C’est assez obscur : disons, est-ce qu’il s’agit d’un lieu-dit Sagazan ou de la maison des Sagazan ? De toute façon, ce n’est intéressant que pour savoir la souche.

    Pour Sagazan, aucune racine gasconne ne convient véritablement. Il s’agit probablement d’un toponyme latin en -anum indiquant un fundum. Sagatius est un patronyme latin attesté aussi bien en Italie qu’en Gaule (même famille que "sagace" ?).
    Sagazan est donc fundum sagatianum, autrement dit, la demeure de Sagatius.
    Il s’agit d’une formation classique dans cette région gasconne en contact avec Auch et Toulouse, fortement romanisée : Samatan, Noilhan, Sabaillan, Frontignan, ... Avec l’équivalent -ac : Bragayrac, Lautignac, ...

    La Carte archéologique de la Gaule n’indique pas de découvertes archéologiques aux lieux-dits "En Sagazan", mais cela ne signifie rien de définitif, étant donné comme je l’ai indiqué qu’il peut s’agir de transferts patronymiques, et que de toute façon, il faut bien du hasard pour qu’il reste quelque chose d’établissements souvent précaires et agricoles.

    Monès est également un patronyme gascon du Comminges qui indique tout simplement l’origine : le village de Monès entre Lombez et Rieumes.
    Je n’en connais pas l’étymologie, il faut des formes anciennes, ce peut être un nombre incalculable de choses.

  • Cher Monsieur, grand merci pour ces lumières très intéressantes.

    Pour Monès, je connais effectivement le site éponyme. Un Salomon de Monès était connu comme seigneur de Plagnole, site où se trouve en effet "En Sagazan".

    Encore merci par avance à tous ceux qui pourront m’aider à creuser la question.

    Adishatz.

  • Cher Monsieur, voici les différentes formes anciennes de "Moniès" trouvées dans la documentation des archives de Toulouse : Mounès, Mouniès, Monès, Monniès.

    Cela en fait beaucoup non ?
    Si cela peut aider à trouver une racine étymologique, ce serait merveille.

    Adishatz

  • Les formes toulousaines anciennes "Moniès" indiquent sans nul doute que le suffixe est tiré du latin -arium, qui donne -ier en français, -iè en languedocien et -è en gascon.
    L’alternance des suffixes fait la preuve de l’hésitation entre la forme gasconne locale Mo(u)nès (qui s’écrira Monèrs en graphie classique) et la forme languedocienne de l’administration toulousaine Mo(u)niès (qui s’écrira Monièrs).
    Comme dans presque tous les cas, in fine, c’est la forme locale gasconne qui s’est imposée dans l’usage administratif français.
    Labastide-Paumès non loin confirme l’usage de ce suffixe (Paumès est Paumèrs, probablement une variante de pomèrs=pommiers).

    Il reste à identifier la base.
    Il ne peut pas s’agir de mont. Si "mont" se prononce bien "moun", les dérivés conservent toujours le t.
    On aurait Montès.
    Il ne peut s’agir d’une base quelconque *mond. En effet, si la simplification du groupe nd en n est typiquement gasconne, elle n’est pas languedocienne.
    Les textes toulousains indiqueraient Mondiès.

    On pourrait penser à monièr qui signifie "meunier" en languedocien, "monèr" en serait alors la forme gasconne. Mais une telle forme n’existe pas, c’est toujours molièr en gascon (du latin molinarium).
    De plus, une forme plurielle n’aurait aucun sens.
    On voit bien que l’on ne sait comment interpréter cette base *mon, d’autant plus que l’on a éliminé les dérivés de *mond : on envisagerait avec bonheur une aphérèse d’anciens prénoms comme Ramon(d) ou Miramonde, suffixés afin d’indiquer une quelconque propriété. A tout hasard, il y aurait bien l’ancien nom gascon Muno qui correspondrait mais c’est peu probable.

    Tout cela pose de toute façon une autre question qui n’est pas résolue : le suffixe -arium a-t-il servi à former des noms de domaines sur des bases patronymiques ?
    Bref, Corbère signifie-t-il "propriété de Corb" ou "endroit où il y a des corbeaux" ?
    Boisgontier s’opposait fermement à l’idée de bases patronymiques.
    Dans les environs, il faut dire que Paumès comme Sabonnères (sur la forme féminine -aria) semblent confirmer Boisgontier. Je vais chercher un peu plus.

  • Cher Monsieur,

    Pour abonder dans la véracité et la sagacité de votre étude sur l’origine étymologique de "Sagazan" et En Sagazan, je viens de découvrir ceci :
    Centre national de la recherche scientifique (France) - 1974 - Extraits
    Plagnole. — En 1972 et 1973, un groupe de jeunes gens de Rieumes animé par M. Alain Costes a identifié, sur le territoire de la commune, trois emplacements d’ habitats gallo-romains.

    Réponse de Gasconha.com :
    Il faut en effet de la sagazité pour analyser Sagazan ! Ah ah ah...
    Gasconha.com qu’aima d’arríder un shinhau...

  • Je n’en attends pas moins de Gasconha.com...
    Amistats

    Et puis cela change un peu des guerres de chapelles plus ou moins occitanisantes, gasconisantes.
    Parfois à la lecture de certains articles on pourrait se croire à la chair de tribunaux inquisitoires pro ou contre réformistes... ceci n’a conduit qu’à des guerres stériles affaiblissant la Gascogne toute entière au lieu d’en faire une grande nation unie dans ses diversités.
    Signé, un "néo-gascon" fortement bretonisé qui repart à la conquête de ses racines gasconnes perdues depuis 3 siècles.
    Parfois certains échanges font plus fuir qu’aspirer à apprendre davantage... Mais rassurez-vous, ma curiosité et ma motivation resterons plus fortes.


Un gran de sau ?

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