Adishatz !
Pau ne peut pas avoir de nom basque traditionnel, antérieur à la romanisation de la vallée du Gave. La raison est simple : le développement de Pau est récent* même si les capitales béarnaises successives ont tourné autour de ce lieu (Morlaàs comme Lescar), à l'exception d'Orthez. Lescar d'ailleurs a un nom parfaitement basque que l'on déduit facilement des textes latins ("Lascurris" au Xème siècle) : c'est le terme basque laskorr**, sur lats=cours d'eau et probablement l'ancêtre du basque gorri "rouge, sec, nu", pour un sens final à déduire, soit "ruisseau à sec", soit "ruisseau rouge" comme Ribarrouy.
* : Auch a gardé son nom d'Auski (cf Augusta Auscorum). Dax est Akiz(e) (directement du latin aquis). Il semble que Tarbes soit Aturbe, ce qui correspond à la première attestation de la ville ("civitas Turba ubi castrum Bigorra") et ne manque pas de nous questionner sur un possible lien avec l'Adour, Aturri en basque. Toulouse est Tolosa, Bordeaux est Bordale. Pour ce qui est de Lescar, les Basques disent Leskarr(e), le passage de u à a dès le XIIème siècle est étrange. Bref, les grandes villes historiques ont eu un nom basque.
** : L'assourdissement de l'initiale de gorr* après le groupe apico-alvéolaire ne semble pas une règle intangible. Cf Lesgor dans les Landes.
Revenons à Pau. Pau en basque, c'est "Paue". La finale -e est analogique et récente. Elle a été généralisée en basque à date récente du fait des dérivés qui la comporte. Pau-eko par exemple. La forme de base est bien : Pau. Bref, le basque a repris la forme gasconne vocalisée, la seule qui pouvait leur parvenir, dont on s'accorde à penser qu'elle est issue d'un oronyme pré-indo-européen *pal/bal.
Mais il existe une variante de "Paue" : "Pabe". Cette forme surprend de prime abord. Jouerait-elle sur l'étymologie populaire du paon (pavo en latin) ? Elle s'explique assez facilement grâce à la toponymie souletine.
Aroue, en Soule, à quelques encablures des premiers villages béarnais, sur cette route si belle qui fait passer de Soule en Basse-Navarre, la fin du monde pyrénéen. Les maisons sont d'architecture souletine, c'est-à-dire béarnaise, mais les teintes se font bas-navarraises : on a dans ces confins de la Soule l'exemple du syncrétisme le plus abouti.
Passons. Pas d'étymologie connue de Aroue, qui est "aroa" en 1385, puis "aroue" en 1690. On sait juste qu'il existe un homonyme landais du côté de Sarbazan : Arue. Aujourd'hui, le nom du village en basque est Arue, probablement repris du nom officiel gascon, les attestations anciennes étant claires que la forme de base qui aurait dû être conservée est Aroa. Seulement, le village est également dit : Aibe.
Orpustan éclaire cette forme : classiquement en souletin, les r intervocaliques, autrefois aspirés, tombent (ainsi s'explique le nom du village béarnais d'Ance, encore parfois dit Arhantza en basque). De plus, en souletin, il y a passage de u à ü.
aroué > a(h)oué > aüé > aibé
Pabe s'explique de même :
paoué > paüé > pabe
Pour des phénomènes similaires, rajoutons à ces exemples deux villages souletins : Abense de Bas (ohense en 1377, abenssa en 1460, oense en 1690) et Abense de Haut, respectivement Onizepea et Onizegañia en souletin.
La signification est obscure : probablement un lien avec une base
supposée oronyique ona- (+ suffixe locatif). Les noms romans sont
issus régulièrement des noms basques en supposant une forme initiale
Oniza (article basque).
Le passage à la forme romane selon Orpustan :
*oniza > onise > oénse > auénse > abense
On voit que toutes les grandes caractéristiques du sud-gascon expliquent le nom d'Abense : tendance nasalisante, passage de w intervocalique à b, ...
SErait-ce un tel phénomène de labialisation qui explique certaines formes bayonnaises ?
luna > loue > lüe > libe
Faut-il postuler une étape lüwe/liwe ? Je pense que tous ces phénomènes pré-cités sont liés : les formes souletines de toponymes, le passage de w intervocalique à b en gascon béarno-chalossais, les formes bayonnaises dans un contexte bilabial, ... Il reste à agencer tout cela pour donner de la cohérence. Avis aux linguistes. C'est à creuser.
Pau ne peut pas avoir de nom basque traditionnel, antérieur à la romanisation de la vallée du Gave. La raison est simple : le développement de Pau est récent* même si les capitales béarnaises successives ont tourné autour de ce lieu (Morlaàs comme Lescar), à l'exception d'Orthez. Lescar d'ailleurs a un nom parfaitement basque que l'on déduit facilement des textes latins ("Lascurris" au Xème siècle) : c'est le terme basque laskorr**, sur lats=cours d'eau et probablement l'ancêtre du basque gorri "rouge, sec, nu", pour un sens final à déduire, soit "ruisseau à sec", soit "ruisseau rouge" comme Ribarrouy.
* : Auch a gardé son nom d'Auski (cf Augusta Auscorum). Dax est Akiz(e) (directement du latin aquis). Il semble que Tarbes soit Aturbe, ce qui correspond à la première attestation de la ville ("civitas Turba ubi castrum Bigorra") et ne manque pas de nous questionner sur un possible lien avec l'Adour, Aturri en basque. Toulouse est Tolosa, Bordeaux est Bordale. Pour ce qui est de Lescar, les Basques disent Leskarr(e), le passage de u à a dès le XIIème siècle est étrange. Bref, les grandes villes historiques ont eu un nom basque.
** : L'assourdissement de l'initiale de gorr* après le groupe apico-alvéolaire ne semble pas une règle intangible. Cf Lesgor dans les Landes.
Revenons à Pau. Pau en basque, c'est "Paue". La finale -e est analogique et récente. Elle a été généralisée en basque à date récente du fait des dérivés qui la comporte. Pau-eko par exemple. La forme de base est bien : Pau. Bref, le basque a repris la forme gasconne vocalisée, la seule qui pouvait leur parvenir, dont on s'accorde à penser qu'elle est issue d'un oronyme pré-indo-européen *pal/bal.
Mais il existe une variante de "Paue" : "Pabe". Cette forme surprend de prime abord. Jouerait-elle sur l'étymologie populaire du paon (pavo en latin) ? Elle s'explique assez facilement grâce à la toponymie souletine.
Aroue, en Soule, à quelques encablures des premiers villages béarnais, sur cette route si belle qui fait passer de Soule en Basse-Navarre, la fin du monde pyrénéen. Les maisons sont d'architecture souletine, c'est-à-dire béarnaise, mais les teintes se font bas-navarraises : on a dans ces confins de la Soule l'exemple du syncrétisme le plus abouti.
Passons. Pas d'étymologie connue de Aroue, qui est "aroa" en 1385, puis "aroue" en 1690. On sait juste qu'il existe un homonyme landais du côté de Sarbazan : Arue. Aujourd'hui, le nom du village en basque est Arue, probablement repris du nom officiel gascon, les attestations anciennes étant claires que la forme de base qui aurait dû être conservée est Aroa. Seulement, le village est également dit : Aibe.
Orpustan éclaire cette forme : classiquement en souletin, les r intervocaliques, autrefois aspirés, tombent (ainsi s'explique le nom du village béarnais d'Ance, encore parfois dit Arhantza en basque). De plus, en souletin, il y a passage de u à ü.
aroué > a(h)oué > aüé > aibé
Pabe s'explique de même :
paoué > paüé > pabe
Pour des phénomènes similaires, rajoutons à ces exemples deux villages souletins : Abense de Bas (ohense en 1377, abenssa en 1460, oense en 1690) et Abense de Haut, respectivement Onizepea et Onizegañia en souletin.
La signification est obscure : probablement un lien avec une base
supposée oronyique ona- (+ suffixe locatif). Les noms romans sont
issus régulièrement des noms basques en supposant une forme initiale
Oniza (article basque).
Le passage à la forme romane selon Orpustan :
*oniza > onise > oénse > auénse > abense
On voit que toutes les grandes caractéristiques du sud-gascon expliquent le nom d'Abense : tendance nasalisante, passage de w intervocalique à b, ...
SErait-ce un tel phénomène de labialisation qui explique certaines formes bayonnaises ?
luna > loue > lüe > libe
Faut-il postuler une étape lüwe/liwe ? Je pense que tous ces phénomènes pré-cités sont liés : les formes souletines de toponymes, le passage de w intervocalique à b en gascon béarno-chalossais, les formes bayonnaises dans un contexte bilabial, ... Il reste à agencer tout cela pour donner de la cohérence. Avis aux linguistes. C'est à creuser.