Le site des noms gascons qu’est Gasconha.com doit s’intéresser au chamboulement toponymique dans nos campagnes, entrainé par le nouvel adressage mis en place récemment par de nombreuses communes de Gascogne :
– attributions de noms aux voies de bourgs ou villages qui n’en avaient pas,
– attribution de noms aux routes, avec numérotation métrique qui rend les anciens lieux-dits (souvent gascons) obsolètes,
– francisation (mais qui n’est peut-être pas obligatoire - lire ci-dessous) de noms de voies qui étaient restés en gascon : l’exemple de Lascazères et de ses camîs traduits en chemins a été évoqué sur ce site...
(Lascazères)
Camî de las Lanes dou Bosc
Cette fièvre de normalisation de l’adressage a des raisons qui sont parfaitement recevables.
Cet intéressant document de La fibre 64 les expose :
L’adresse normée est la base de la navigation de nombreux organismes remplissant des missions de service public comme l’acheminement des courriers et des colis, mais également les interventions de secours.
Créer des adresses normées permet à l’ensemble de vos administrés de bénéficier du même service et des mêmes conditions de sécurité sur l’ensemble de votre commune.
L’installation de l’accès haut débit par la fibre est au nombre de ces raisons, et cela explique que le syndicat qui en est chargé dans le département 64 tienne à jour ce document.
Le "département 64" étant basco-gasco-béarnais, l’adressage en basque ou en gascon y fait l’objet de ce paragraphe encourageant :
Il est tout à fait possible de nommer les voies uniquement en langue locale (Basque, Béarnais, Corse, Breton…). Nommer les voies uniquement en langue locale permet d’encourager l’usage de ces langues au quotidien, car ils seront, de fait, présents au niveau des cartes géographiques, GPS, service de cartographie en ligne (Google maps, Mappy…) et des bases de données d’adresses qui sont utilisées par les services publics ou commerciaux (sélection des adresses dans des menus défaillants). Aussi, par exemple, le cadastre ne prend en compte qu’une seule dénomination.
Dans la partie informatique du document, qui propose un modèle de tableau d’adressage à fournir par les communes aux différentes administrations, on trouve aussi ceci :
voie_nom_eu Champ facultatif
Nom de la voie en Basque (si la commune souhaite un adressage bilingue)
Exemple : Elizako karrika voie_nom_oc Champ facultatif
Nom de la voie en Gascon (si la commune souhaite un adressage bilingue)
Exemple :
Hélas, l’exemple de nom de voie en gascon n’est pas renseigné...
En tout cas, il y a une zone pour le basque et une pour le gascon !
A approfondir... curieusement, il ne semble pas y avoir dans les bases réglementaires du nouvel adressage de texte récents - en tout cas le document ci-dessus n’en donne pas de récent.
Et le devoir des municipalités est très général (et pas nouveau !) :
L’adressage est-il obligatoire ?
Bien qu’aucune disposition réglementaire n’impose aux communes de procéder à la dénomination des voies (à l’exception des communes de plus de 2000 habitants et de la ville de Paris), l’adressage des communes est primordial et, de la responsabilité du Maire. Conformément à l’article L212-2 du CGCT, le Maire veille au titre de son pouvoir de police générale à la « commodité de passage dans les rues, quais, places et voies publiques ».
L’auteur de cet article voudrait retrouver, cependant, des directives récentes qu’il n’a pas "cauchemardées" : émanant de notre gouvernement, elles sont hélas restrictives sur l’utilisation des langues régionales dans le nouvel adressage...
(Mise à jour en octobre 2023 : l’association ReGasPros fait un vadémécum sur ce sujet ; à ce jour, la loi ne restreint pas l’utilisation des langues régionales dans le nouvel adressage, et les communes peuvent certifier leurs adresses en toute liberté !
Mise à jour juin 2024 : Vadémécum de Région Gascogne Prospective sur le nouvel adressage)