A l’origine, une idée séduisante pour la Gascogne/Vasconie : la construction d’un axe ferroviaire rapide Dax-Vitoria/Gasteiz.
C’est transnational, l’Europe soutient...
Pour la Gascogne, ça rouvre l’horizon sud. Ouf, on va respirer autre chose que l’air parisien... Et une promotion pour Dax, qui est déjà un maillon de l’anneau gascon.
Les réalités de la vie, le tropisme parisien, technophile et pro-automobile de nos décideurs, la puissance des groupes de pression industriels, rendent le tableau moins rose.
D’abord, pour Bordeaux-Dax, c’est le tracé est qui a été choisi : au lieu de desservir le Pays de Buch (Bassin d’Arcachon, plus de 100 000 habitants hors saison, beaucoup plus en saison), on veut desservir "lou Moun" (Mont de Marsan, environ 50 000 habitants), et surtout ménager un tronc commun (Bordeaux-Captieux ?) avec la LGV Bordeaux-Toulouse.
"Pau-Béarn" (la CCI, les politiques...) a aussi favorisé le tracé est, espérant depuis le début obtenir un "barreau" ferroviaire branché sur la LGV (mais où ? et à un prix sans doute exorbitant !).
L’idée du tronc commun entre les deux LGV n’est pas absurde. Mais Bordeaux-Dax devient courbe... Donc, plus de km...
Mais passons... Le problème qui surgit de suite, c’est l’emplacement de la gare du Moun, compte tenu du fait que Dax est déjà desservie par le TGV, et qu’on ne peut pas trop la déshabiller au profit du Moun, surtout qu’elle reçoit beaucoup de curistes par le train, et qu’il est très commode d’arriver par le train directement en ville.
L’homme politique landais Emmanuelli préconise une gare à mi-chemin de Dax et du Moun. Au mieux, elle serait donc à 25-30 km de chacune des villes. Donc loin !
En plus, sauf à la faire à Mugron (j’ai regardé !), avec réouverture de la ligne Dax-Mont-de-Marsan, il faudrait, soit construire une nouvelle ligne de TER pour accéder à cette gare, soit accepter qu’elle ne soit accessible qu’en voiture et en bus, ce qui sans doute ne gêne guère nos politiques, restés très automobilistes malgré le Grenelle de l’environnement.
On parle aussi de faire une gare propre à Mont de Marsan, au nord-ouest de cette ville.
Cela préserverait au moins la possibilité de la faire sur la ligne Mont-de-Marsan-Morcenx, avec, donc, correspondance TER vers lou Moun (mais aussi un jour vers Aire et Tarbes, sous réserve de rouvrir une ligne...) et vers Morcenx, Pays de Buch et Bordeaux.
Si lou Moun a sa gare (hélas elle risque fort de ne pas être en centre ville), Dax gardera la sienne. Mais là aussi, problème : faut-il que le TGV s’arrête à Dax-ville, ou créer une gare nouvelle ? On peut lire déjà sur certains forums que la gare de Dax-ville est "obsolète"...
L’idéal serait que les TGV (ou au moins une bonne partie d’entre eux) s’arrête à Dax-ville, avec correspondance TER (notamment vers les gares de la ligne Dax-Bayonne, mais aussi vers Puyoo, Orthez et Pau).
Le pire serait une "gare des genêts" (à Dax comme au Moun) qui ne serait pas connectée au réseau ferré existant.
Hélas, l’exemple de la LGV Paris-Marseille nous montre que c’est souvent la solution qui a été choisie, avec des gares TGV soit sous-utilisées, soit sises au milieu d’immenses parkings, comme à Avignon-TGV ou Aix-en-Provence-TGV.
Là-dessus, "Pau-Béarn" continue à se manifester. La correspondance ferrée à Dax ne les satisfait absolument pas ! Ils n’en parlent même pas.
Ils veulent, comme dit plus haut, leur "barreau". On voit des propositions de gare à Hagetmau (!), avec construction de toutes pièces d’une ligne partant de Hagetmau cap au sud (vers Oloron, vers l’aéroport d’Uzein...).
Curieusement, le CRELOC, qui demande la réouverture ferroviaire du Somport-Canfranc, est appelé à la rescousse.
En fait, le CRELOC, avance des propositions intéressantes, fondées sur des correspondances LGV avec des lignes classiques existantes, à réouvrir au trafic voyageurs pour Mont-de-Marsan-Aire-Tarbes.
Mais il demande aussi la construction d’une ligne Hagetmau-Pau pour compléter Mont-de-Marsan-Hagetmau, à réouvrir au trafic voyageurs.
Dans cette foire d’empoigne, Gascogne-débat avance les idées suivantes :
– une gare à une dizaine de km au nord-ouest de Mont-de-Marsan, avec correspondance avec la ligne existante Mont-de-Marsan-Morcenx ;
– la réouverture de la ligne Mont-de-Marsan-Tarbes, qui constituerait une ligne Tarbes-Aire-Mont-de-Marsan-Morcenx-Pays-de-Buch-Bordeaux ;
– l’arrêt des TGV à la gare de Dax-ville ;
– l’entretien et la modernisation des lignes classiques Bordeaux-Dax-Pau-Lourdes-Tarbes-Toulouse.
La construction d’une ligne nouvelle traversant la Chalosse parait bien coûteuse. Mieux vaut déjà optimiser le réseau existant !
Ce qui est à éviter au maximum :
la construction de gares en rase campagne non connectées au réseau ferré classique, où s’arrêteront bien peu de TGV.
Pour ce genre de gares, qui entrainerait en fait une dégradation ou au mieux une stagnation du service rendu, l’Etat français risque de demander à Dax et au Moun des sommes colossales, en faisant miroiter une "irrigation du territoire" qui n’aura en fait pas lieu...